M6info 5 août 2016
AFP
Tournant difficile pour le candidat républicain. Donald Trump sort plus qu’affaibli d’une séquence politique durant laquelle il a terni la mémoire d’un soldat américain de confession musulmane mort en Irak en 2004. L’objectif de Trump hier soir lors d’un meeting était de faire oublier cette semaine désastreuse qui lui a valu plusieurs condamnations au sein même de son parti et des sondages inquiétants. Quoi de mieux pour rassembler de nouveau autour de sa candidature que de reprendre un de ses thèmes de prédilection : l’insécurité face à l’immigration.
Il s’en est donc longuement pris jeudi aux immigrés qui représentent à ses yeux une menace terroriste sur le territoire américain.
“L’invasion” selon Trump
Jouer sur les peurs, agiter l’épouvantail du terrorisme et proposer des solutions impensables… C’est la recette de Donald Trump qui jusqu’à présent lui a permis d’engranger de nombreux votes durant les primaires de son parti. Il continue donc sur sa lancée et tant pis s’il enchaîne les approximations et les propos déplacés. “Des centaines de milliers de réfugiés, qui viennent des territoires et des pays les plus dangereux de la terre, n’est-ce pas ? Il faut mettre fin à cette pratique”, a-t-il déclaré hier dans le Maine.
“Nous ne savons rien d’eux”
“Nous laissons entrer des gens qui viennent de pays terroristes et qui ne devraient pas en avoir le droit, car nous ne pouvons pas les contrôler”, a-t-il ajouté. “Nous ne savons rien d’eux, cela pourrait être le plus grand cheval de Troie de tous les temps”.
Pour convaincre les électeurs, Donald Trump n’a pas été avare en exemples. Il a cité l’affaire d’un étudiant marocain arrêté aux Etats-Unis pour un projet d’attentat, puis le cas d’un réfugié ouzbek poursuivi pour avoir cherché à former des recrues à la fabrication de bombes. “Nous avons affaire à des animaux”, a lâché Donald Trump. Le candidat a également parlé des arrestations ou de condamnations de personnes originaires de Syrie, de Somalie, d’Afghanistan, des Philippines, d’Irak, du Pakistan et du Yémen. Il a rappelé l’existence d’une filière djihadiste au sein de la communauté somalienne du Minnesota. Il a enfin, pour enfoncer le clou, regretté que les Etats-Unis aient accueilli comme réfugiés les frères Tsarnaev, responsables de l’attentat de Boston en 2013.
“Vous avez le choix entre être intelligent, rusé et dur ou être très, très bête et aveugle”, a déclaré Donald Trump. “Hillary Clinton veut en accueillir par centaines de milliers”, a-t-il conclu.
Les républicains s’inquiètent des derniers dérapages de Trump
Chez les républicains, le tabou du vote en faveur de la démocrate Hillary Clinton à l’élection présidentielle américaine est brisé, plusieurs personnalités de droite rejetant publiquement Donald Trump, plongé dans l’une des plus graves controverses de sa campagne à ce jour.
Le sénateur républicain John McCain, candidat à la présidentielle en 2008, a fait savoir par exemple qu’il “ne pouvait pas dire assez fort combien [il] était en désaccord avec les propos de M. Trump” concernant le soldat américain de confession musulmane tué en Irak. Un peu plus tard, ce fut au tour de sa petite-fille, Caroline McCain, républicaine, d’expliquer qu’elle voterait pour la démocrate Hillary Clinton, qualifiant d’”impardonnables” les propos de M. Trump. Quant à la puissante association d’anciens combattants américains à l’étranger (VFW), elle a condamné des propos qui “dépassent les limites”.
Une élection “truquée”
Attaqué dans toutes parts, Donald Trump affirme de plus en plus que l’élection présidentielle de novembre contre Hillary Clinton pourrait être “truquée”, une attaque préventive qui coïncide avec de mauvais sondages pour le candidat républicain et risque de saper la légitimité du scrutin. Cette sortie lui a attiré l’admonestation du président Barack Obama.