afp.com/Jack GUEZ
Sur le chemin du retour de Rio, le chef de l’Etat a redit qu’il annoncerait en décembre s’il briguera ou non un second mandat. Ce qui ne l’a pas empêché de poser les bases de ce qui serait sa campagne. Loin de son bilan.
Le moment est sans doute soigneusement choisi. Samedi, dans l’avion qui le ramenait de Rio où il a notamment assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, François Hollande a évoqué avec des journalistes la fin de son mandat… et ce qui se passera après.
Le chef de l’Etat a d’abord rappelé qu’il annoncerait vraisemblablement en fin d’année s’il briguera ou non un second mandat à la tête du pays. « Ce n’est pas au coeur de l’été que je vais prendre ma décision », a-t-il déclaré selon Le Monde, soulignant qu’il devait incarner sa fonction présidentielle jusqu’à la fin de l’année.
Au coeur de sa réflexion se trouve une question: qu’est-ce qui justifierait une candidature à sa réélection? « Il faut fonder son choix sur d’autres arguments que la simple continuité, ou même la réussite de l’action », a-t-il expliqué.
Défendre la démocratie face « la tentation autoritaire »
Impopulaire dans les sondages, sévèrement tancé sur la question des réformes économiques (les dossiers loi Travail et la loi Macron, le recours répété de l’article 49.3 de la Constitution), critiqué par les oppositions sur la question de la sécurité avec la multiplication des attentats, François Hollande va devoir composer avec un bilan compliqué. Même s’il lui reste cinq mois pour redresser la barre, notamment sur le front de l’emploi.
Il esquisse donc les contours d’une autre stratégie. Et se pose en garant de la démocratie face à « la tentation autoritaire qui est un phénomène mondial ». « La politique s’affaiblit, la démocratie se réduit », estime-t-il.
Tout en précisant: « Il faut réinventer beaucoup de choses. Ce n’est pas la politique qu’il faut changer, c’est le rapport à la démocratie, les modes d’expression. »
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Pointant une « déconnexion entre le temps parlementaire, exagérément long, et le temps participatif citoyen, exagérément court », François Hollande considère qu’il faut « changer la démocratie, pas la restreindre ».
Petit tacle à la primaire à gauche
Serait-il, dans ce cas, l’homme de la situation? La perspective d’uneprimaire à gauche ou d’une candidature d’Emmanuel Macron ne l’enchante guère, en tout cas. « Toute initiative pour qu’il y ait le moins de candidats possibles est bonne », confie-t-il en allusion à peine voilée à ce sujet. Avant de préciser que « l’électorat de gauche est dispersé par définition. Il n’y a pas une sensibilité qui doit prendre le dessus sur une autre. Il faut faire une synthèse! ». Le président défend tout de même la nécessité de « descendre », « redevenir citoyen » pour faire campagne. « Il n’y a pas de candidat de droit divin, lâche-t-il encore, selon Le Figaro. A chaque fois q’un candidat à vouu faire le président, il n’a jamais été président. »
S’il ne se représente pas ou s’il est battu, François Hollande assurait en tout cas samedi qu’il ne succomberait pas à la tentation du retour. « Ça me paraît impossible de repartir, de se présenter à telle élection législative. Je ne me vois pas briguer un mandat. Ce qui ne vaut pas dire ne plus s’intéresser à la politique ou même parler politique, intervenir dans le débat politique. Mais briguer un nouveau mandat ou redevenir premier secrétaire du PS, ça non… ». Tout cela avec un petit sourire. Evidemment.