La Direction de la protection civile a recensé, dans son rapport 2014, en tout 168 bâtiments menaçant ruine dont seulement 25 ont été évacués. La cause principale est, en dehors de la qualité du matériel décrié, le non recours à un architecte dans la conception. Interpellé sur cet état de fait, le chargé de la formation au niveau du conseil de l’Ordre des architectes et de la promotion de l’architecture au Sénégal, Malick MBOW, dénonce le fait que même dans l’attribution des permis de construire, les architectes sont contournés.
Au Sénégal, chantier de construction d’immeuble et autres bâtiment à usage d’habitation pullulent de partout. Dans tous les quartiers de la capitale et dans les régions, les maisons poussent comme des champignons. Seulement rares sont des promoteurs et propriétaires immobiliers qui ont recours à l’expertise d’un architecte dans la conception de leur maison. Conséquence, ces bâtissent qui poussent déjà avec «des malformations» deviennent, au bout de quelques mois ou années, de véritables dangers pour leurs occupants et les riverains, s’elles ne s’écroulent pas tout bonne bonnement avant réception.
En atteste, la Direction de la protection civile a recensé, dans son rapport 2014, en tout 168 bâtiments menaçant ruines dont 25 ont été évacués. La cause principale relevée est, en dehors de la qualité du matériel décrié, le non recours à un architecte dans la conception. Selon le chargé de la formation au niveau du conseil de l’Ordre des architectes et de la promotion de l’architecture au Sénégal, Malick Mbow, le mal est plus profond. En effet, déplore-t-il, ceux désirant avoir des permis de construire trouvent souvent des moyens à contourner les architectes chargés d’élaborer le plan.
A son avis, nombreux sont ceux qui font recours à des personnes inhabilités et, ce sont les plans faits par ces derniers, des plans incompatibles avec des constructions qui s’écroulent la plupart du temps, qui sont présentés. A l’en croire, «il y’a beaucoup de bâtiments qui ont été construits par des gens qui ne sont même pas des techniciens. Ils sont directement gérés, dit-il, par des marchands». Malick Mbow renchérit, par ailleurs, en affirmant qu’aucun bâtiment construit avec l’attache et un architecte n’est dans le lot des immeubles menacés de ruine.
Le responsable de la formation au sein de l’Ordre des architectes réfute l’argument avancé selon lequel «un architecte coûte cher». A l’en croire, le non recours au service des architectes par des Sénégalais, dans leur construction, n’est pas du à la cherté du service. Car, trouve-t-il, la somme demandée par les architectes est insignifiant par rapport au résultat, la sécurité, la garantie et la longévité de la construction. En guise d’exemple, soutient-il, «si un projet est à 1 million de F Cfa, l’architecte ne prend que les 10%». Mieux poursuit-il, «plus le pourcentage est bas, moins le montant est élevé». Ainsi «pour un projet de milliard, le pourcentage pour l’architecte n’est que de 2%», explique-t-il.
Concernant toujours, les facteurs qui sont à l’origine de l’effondrement des immeubles, Malick Mbow déplore l’inadéquation des matériels de construction. Selon, lui, le matériel utilisé dans la construction de bâtiments au Sénégal contribue aussi à accroitre les risques d’effondrement. Le fer local, et les poteaux écoulés dans le marché ne sont pas pour garantir une solidité des bâtiments note-t-il. Il est aussi nécessaire qu’il y ait un contrôle dans la fabrication des briques, conclut-il.
DE L’URGENCE DE ROUVRIR L’ECOLE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME DE DAKAR
S’agissant toujours de l’importance des architectes dans la construction, le chargé de la formation au niveau du conseil de l’Ordre des architectes et de la promotion de l’architecture au Sénégal déplore la qualité de la formation. Pour lui, il n’y plus d’école qualifiée dans la formation dans cette discipline au Sénégal. La seule école existante est, dit-il, fermée depuis plusieurs années. Ce qui fait que les enseignements dispensés actuellement dans des écoles privées ne sont pas adéquates avec les exigences du métier, relève-t-il.
Il juge que pour une bonne formation, l’étudiant devra au moins faire sept (7) années d’études. Ce temps est même une exigence de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (Uemoa), formulée dans les directives régissant la profession dans l’espace Uemoa et entérinées le 26 septembre 2013. Malheureusement, se désole-t-il, à ce jour, l’Ordre des architectes déclare n’avoir reçu d’aucune école un programme académique du 2éme cycle ou de master pouvant conduire conformément à la dite directive et par conséquent à l’obtention d’un diplôme d’architecte. L’Ordre des architectes estime ainsi qu’il urge de rouvrir l’école d’architecture et d’urbanisme de Dakar.
Source : SudOnLine