La présidentielle de 2017 sans François Hollande…

François HOLLANDE - © Malick MBOW
François HOLLANDE – © Malick MBOW

Par Christophe Barbier

Sur le plan de l’emploi, François Hollande laissera le pays en pire état qu’il ne l’a trouvé. C’est pourquoi, dans la logique de sa promesse sur le chômage, il ne doit pas solliciter un second mandat. 

« Mes chers compatriotes, En mai 2012, vous m’avez confié la plus haute charge de l’Etat, avec une mission principale: lutter contre le chômage. A plusieurs reprises, j’ai pris devant vous l’engagement, solennel et naturel à la fois, de ne pas solliciter un second mandat si cette bataille n’était pas gagnée. Il y a quelques jours, les chiffres de novembre ont été publiés: ils sont mauvais, à l’image des mois précédents. Je ne me présenterai donc pas à l’élection présidentielle du printemps prochain… »

Ainsi François Hollande pourrait-il ouvrir ses voeux télévisés du 31 décembre 2016, consacrant l’échec majeur de son quinquennat et magnifiant néanmoins, par la parole tenue, sa dignité dans l’exercice de la fonction. Ce serait une sortie par le haut, plus honorable qu’une élimination au premier tour de ladite présidentielle, moins honteuse surtout qu’une candidature justifiée par un embrouillamini d’explications – du risque d’attentats aux troubles géopolitiques.

Le président de la République n’a aucune chance d’inverser la courbe du chômage. Quand bien même un peu de croissance, beaucoup d’aides publiques et un coup de balai statistique apporteraient une amélioration de l’emploi en France, celle-ci ne saurait effacer cinq ans de destruction de l’activité, avec au moins 600000 inscrits supplémentaires à Pôle emploi depuis 2012. Sur ce plan, François Hollande laissera le pays en pire état qu’il ne l’a trouvé. C’est pourquoi, dans la logique de sa promesse et en toute justice, il ne doit pas solliciter un second mandat.

Mission suicide au PS

Si François Hollande renonce à se présenter, le Parti socialiste organisera une primaire en catastrophe, tandis qu’écologistes et communistes, libérés de toute discipline, aligneront leur propre champion. Le « suppléant » de Hollande se dirigera alors, selon toute vraisemblance, vers une défaite cuisante, sans doute une élimination au premier tour de la présidentielle. La gauche connaîtra donc le chaos, puis le KO. Bien sûr, les candidats pour cette mission suicide ne manqueront pas, attirés par un tour de piste extraordinaire, persuadés que cette aventure les érigera en maîtres de l’opposition pour cinq ans et, au fond d’eux, prompts à croire au miracle électoral, c’est-à-dire à leur arrivée à l’Elysée.

Cette hypothèse d’un candidat kamikaze, ne servant qu’à représenter symboliquement le PS dans une élection perdue d’avance, n’est pas certaine – 2017 ne sera pas 1969. Sans François Hollande, les socialistes pourront organiser une primaire d’avenir, vouée à vider leur querelle idéologique, pas seulement à trouver un chef, provisoire ou durable. Un scrutin qui opposerait Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Emmanuel Macron, à savoir un post-keynésien, un post-mendésiste et un post-schumpétérien, serait passionnant.

Tournés vers l’avenir, ils cisèleraient chacun un corpus nouveau pour le PS: Montebourg signerait un manifeste de l’Etat interventionniste, Valls rédigerait le bréviaire de l’Etat protecteur et Macron composerait la charte de l’Etat garant. Premier ministre en poste, Valls aurait l’avantage du statut; imaginatif et populaire, Macron serait le favori de l’opinion; bateleur enfiévré, Montebourg obtiendrait le soutien d’une bonne part de l’appareil.

La modernité audacieuse de Macron

Avant même son issue, une telle compétition aurait des conséquences sur l’ensemble de l’élection présidentielle. Ravie, d’abord, du désarroi socialiste, la droite pourrait vite déchanter, quel que soit son candidat: la modernité audacieuse de Macron donnerait un coup de vieux au paternalisme prudent d’Alain Juppé, la fermeté précise de Valls gênerait l’autoritarisme tonitruant de Nicolas Sarkozy.

Seul Bruno Le Maire pourrait rivaliser dans le registre du renouveau. Au cas, probable, où il apparaîtrait au fil des prochains mois que François Hollande peine à justifier une seconde candidature, les Républicains devront donc bien réfléchir avant de désigner leur propre champion: un vieux guerrier peut bousculer un président sortant, mais, face à une gauche chamboulée, réincarnée, un jeune voltigeur aura plus de chances…

Les Français ne veulent plus de François Hollande, pas plus qu’ils ne désirent un retour de Nicolas Sarkozy ni ne souhaitent la victoire de Marine Le Pen. Seul un renouvellement général de l’offre peut leur rendre le goût de la politique: cela commence par le renoncement du président sortant.

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