Selon Le Guardian, les employés d’une crèche britannique ont menacé d’envoyer un garçonnet de quatre ans dans un centre de déradicalisation. Ils ont cru qu’il avait dessiné un « cooker bomb », une bombe artisanale, alors qu’il s’agissait d’un « cucumber », un concombre.
A gauche, un monsieur patate tient un couteau. Au milieu, une tâche verte représente un concombre sur le point d’être découpé en tranches. A droite, un griboulli jaune semble incarner un mixeur. En apparence, ce dessin d’une scène de la vie ordinaire est enfantin. Il a pourtant été à l’origine d’un grave malentendu en Grande Bretagne, où l’on a cru que son auteur, un garçonnet de quatre ans, était radicalisé, rapporte ce samedi Le Guardian.
L’histoire se déroule dans une crèche britannique de Luton, au Nord-Ouest de Londres. C’est la mère de l’enfant qui relate les faits au journal. Selon elle, les employés de l’établissement ont cru que le dessin représentait un terroriste en train de préparer une bombe. Si bien qu’ils ont menacé de signaler le bambin aux autorités pour qu’ils le transfèrent dans un centre de déradicalisation.
Nursery ‘raised fears of radicalisation’ over boy’s cucumber drawing https://t.co/ySGTl9B6Dn
— The Guardian (@guardian) March 11, 2016
« Quand vous me regardez, est-ce que j’ai l’air d’une terroriste? », se serait alors plaint la mère. Persistant dans son analyse erronée, le personnel aurait répondu par une question rhétorique: « Jimmy Savile avait-il l’air d’un pédophile? » Une allusion au présentateur vedette britannique, accusé de centaines d’agressions sexuelles sur des adolescents après sa mort.
« C’était un jour horrible »
D’après le récit de la mère, les employés auraient insisté pour qu’elle prouve « son innocence ». Ils l’auraient prévenue qu’elle risquait de perdre la garde de son fils. La jeune femme finit par découvrir l’origine de la confusion. Son fils n’arrive pas à prononcer correctement le mot « cucumber » [concombre en anglais, NDLR], disant « cuker-bum », à la place. Le personnel a interprété ce bafouillement comme un « cooker bomb », soit bombe artisanale… Pour prouver sa bonne foi, la mère a montré au Guardian une vidéo de son fils en train de s’emmêler dans la prononciation.
Auprès de la BBC, qui a aussi relayé son témoignage, la jeune femme s’est dite « déconcertée » par le malentendu. « Je n’avais rien fait de mal. C’était un jour horrible », a-t-elle déploré. La mère assure que la crèche ne lui a présentée aucune excuse.
Un cas similaire en janvier
Selon la chaîne britannique, les employés du service public et les professeurs ont l’obligation, depuis juillet dernier, de signaler tout comportement extrémiste. Une pression qui peut entraîner des erreurs d’analyse. « Les professeurs ont la frousse de mal faire », commente auprès de la BBC, Alex Kenny, président du syndicat national des enseignants.
Le Telegraph rapporte de son côté un cas similaire: en janvier, un enfant de confession musulmane de 10 ans aurait reçu la visite de la police après avoir écrit « terrorist house » [la maison terroriste, NDLR] à la place de « terraced house » [la maison de ville, mitoyenne, NDLR].