Paris Match|Publié le 25/03/2016
Le frère de Najim Laachraoui condamne les actes de l’artificier de Daech.
«On ne choisit pas sa famille» : voilà, en substance, le message que le champion de taekwondo Mourad Laachraoui voulait passer à la centaine de journalistes internationaux l’interrogeant jeudi soir sur ses liens avec son frère Najim. Considéré comme un membre clef de la cellule de Daech qui a endeuillé la France et la Belgique ces derniers mois, Najim, 24 ans, s’est fait exploser à l’aéroport de Bruxelles lors des attentats de mardi. Il était parti en Syrie en 2013, et faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis le mois de décembre. Il avait été contrôlé sous une fausse identité début septembre à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et de Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans, autre probable «cerveau» du groupe, tué par la police 15 mars dans le quartier bruxellois de Forest.
L’avis de recherche de Najim Laachraoui© DR
Des traces ADN et des empreintes digitales indiquent que Najim Laachraoui serait le principal fabriquant des explosifs TAPT employés par les kamikazes de 13 novembre au Stade de France et dans le XIeme arrondissement, ainsi que par ceux du 22 mars à Bruxelles. «Je suis effondré … Toute ma famille condamne absolument ces actes… je compatis avec les victimes» déclarait Mourad, son frère cadet de 20 ans, qui représentait la Belgique aux derniers Championnats du monde disputés en mai 2015 en Russie, dans la catégorie des moins de 54 kilos.
Mourad Laachraoui condamne les actes de son frère© Baptiste Giroudon
La voix tremblante, comme écrasé dans son siège, l’athlète déclarait n’avoir aucune explication sur la radicalisation de son frère, que personne dans la famille n’avait détectée.
Plus de contact avec son frère depuis son départ en Syrie
Issu d’une famille nombreuse, musulmane pratiquante, Najim avait fait sa scolarité dans une école catholique réputée du quartier bruxellois de Schaerbeek, où la police a trouvé quelque 150 litres de glycérine lors d’une descente mardi après les attentats. Mourad affirmait n’avoir jamais eu de contact avec Najim depuis son brusque départ en Syrie en février 2013. «Il nous a juste appelé une fois, pour nous dire qu’il était parti, et on n’a plus jamais eu de nouvelles depuis» indiquait Mourad au nom de sa famille.
Le frère du terroriste a donné une conférence de presse jeudi© Baptiste Giroudon
La police belge a perquisitionné le logement familial peu de temps après les attentats de Paris, poursuivait-il, mais sans inquiéter aucun autre membre de la fratrie. Maigre, coiffé à la Pierre Niney et les yeux sombres enfoncés dans les orbites par manque de sommeil, l’athlète assurait vouloir «tourner la page» au plus vite. «Ca fait depuis longtemps que je me bats, et je continuerai de me battre, pour porter les couleurs de la Belgique, dont je suis fier, que je considère comme mon pays et que j’aime».
Par Alfred de Montesquiou