S’il ne tenait qu’à Mimi Touré, ex-ministre de la justice du Sénégal, la traque des biens mal acquis suivrait son cours jusqu’à terme. C’est du moins ce qui ressort de ses déclarations de ce dimanche. Invitée du Grand Jury, elle s’est voulue sans ambiguïté. « La traque des biens mal acquis va se poursuivre. La CREI va continuer à travailler. Les autres dossiers vont suivre et devront suivre ».
Interpellée sur la manie de certains hommes politiques à rejoindre le camp présidentiel pour s’extirper des « griffes de Dame Justice », Aminata Touré n’y ira pas avec le dos de la cuillère même s’il pourrait s’agir, par ailleurs, d’un homme de la trempe de Me Ousmane N’gom. Pour elle : « venir à l’APR ce n’est pas un vaccin contre la poursuite …ce n’est pas un vaccin à aller répondre à des convocations de la Crei… C’est des questions différentes! ». Elle ajoute : « chacun est libre de faire ses choix politiques, mais la justice est indépendante et les différents procureurs continueront à faire leur travail ».
Une belle transition pour atterrir sur le cas Karim Wade et sa retentissante plainte déposée sur la table du juge français et déclarée recevable par celui-ci. Mimi Touré minimise la portée d’une telle initiative car dit-elle, « cette affaire a l’autorité de la chose jugée… Pour ce qui concerne la justice Sénégalaise, l’affaire a été définitivement jugée ». Par rapport aux différentes injonctions faites par divers organismes dont le « Groupe du Travail des Nations Unies » qui parle de détention arbitraire de Wade-fils, elle estime qu’il ne s’agit que d’avis consultatif » étant entendu que ces organismes n’ont pas de vocation judiciaire, car n’étant pas des tribunaux.
MIMI TOURÉ SUR LA BONNE GOUVERNANCE DE MACKY
Abordant toujours cette question de traque des biens et de bonne gouvernance, Aminata Touré a rappelé « les énormes efforts » du Président Macky Sall. « Depuis 1960, il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts. Le budget était de 19 milliards en 1960. En 1981 avec Abdou Diouf il était de 80 milliards et aujourd’hui, il est de 3 022 milliards. En 2012 il y avait un déficit de 6,7%. Aujourd’hui, ce déficit est réduit de 4,2%. Le plafond d’endettement est relevé par le Fmi. Les comptes publics ont été assainis…Le taux de croissance et 6,5% ». Pour l’ancien Premier ministre, ces résultats sont obtenus grâce à divers facteurs. Parmi ceux-ci, elle citera la lutte contre le gaspillage, la mise en place d’une bonne gouvernance, la suppression de « 59 agences créées de manière folklorique » qui servaient de recasement du personnel politique, la création de structures comme l’OFNAC, la réduction du train de vie de l’Etat avec notamment l’épargne de 61, 2 milliards jadis dépensés dans des futilités comme les voyages en première classe des émissaires de l’Etat, la réduction de factures téléphoniques, d’électricité…
MIMI TOURÉ SUR LA REDYNAMISATION DE L’ÉCONOMIE
L’ancien Premier Ministre du Sénégal, à ce propos, jette son dévolu, quant à la voie à suivre pour donner un nouveau coup de fouet à l’économie Sénégalaise sur les petites et moyennes entreprises. Pour elle, « bâtir l’économie à partir des petites et moyennes entreprises » est bien possible et plus efficace. Elle dira compter sur l’apport non négligeable des structures comme le Fongip qui a pour vocation d’assurer une certaine garantie de vie aux PME. « Les économies ne se bâtissent pas seulement, précise-t-elle, par des grandes entreprises ». Mais faudrait-il que ces entreprises soient fonctionnelles et qu’elles aient accès aux financements, a substantiellement conclu Mimi Touré pour ce chapitre.
Interpellée sur la marche du Pse, Aminata Touré applaudit et aligne les chiffres. « 260 000 hectares de terre déjà irriguées. 48 000 tonnes de semences livrées, de réels efforts faits dans le domaine de l’emploi avec 135 629 contrats recensés par l’inspection du travail, 300 000 emplois qui seront créés par le Prodac… » Mimi Touré de se déclarer rassurée que la barre des 500 000 emplois promis par le Président Macky Sall sera atteint en 2019.
MIMI SUR LE RÉFÉRENDUM
Aminata Touré est d’avis que les résultats engrangés par le « Oui » lors du référendum sont élogieux avant de déplorer la politisation à outrance de ces consultations citoyennes. Par rapport à la défaite cinglante enregistrée à Touba, elle se refusera d’accuser quelqu’un. « On prend acte. On s’en désole. Nous allons revisiter nos approches, nos discours. Je ne jette la pierre à personne. Nous allons faire une introspection. Le message n’a pas été compris… Il faut voir ce qui n’a pas marché, ce (ou ceux ) qu’il faut changer. »
Pour ce qui concerne la décision de l’opposition de saisir la Banque Mondiale et le Fmi pour dénoncer les fraudes notées le 20 mars, elle se voudra ironique. « On peut saisir le tribunal… de Katmandou! » Elle termine par souhaiter un audit du fichier électoral afin de se séparer du stock mort.