Me Assane Dioma Ndiaye : « Au Sénégal, il y a un problème de systématisation de la détention… »

 

Me Assane Dioma NDIAYE - © Malick MBOW
Me Assane Dioma NDIAYE – © Malick MBOW

Le 31 mars, 2016

Les faits pour lesquels l’avocat intervient se sont déroulés en 2011 à Bambey Sérère. Son client, Pape Djiby Yade, accusé d’avoir ôté la vie à Moustapha Thiaw à la suite d’une bagarre, a été arrêté et mis en prison depuis 5 ans. Le jeune Djiby Yade était, ce jeudi, présenté devant le juge pour les besoins de son procès. Il devra néanmoins prendre son mal en patience du fait de l’absence de la partie civile, le procès ayant été reporté. Une décision qui n’a pas manqué d’irriter Me Assane Dioma Ndiaye, son avocat, dont la demande de liberté déposée en faveur de son client a été refusée.

Face à la presse, Me Ndiaye a dénoncé la longue détention dont plusieurs Sénégalais font l’objet dans les prisons surpeuplées du pays. «Il y a un an que mon client a été renvoyé devant la Cour d’assises de Thiès. Entre temps, la réforme sur la carte judiciaire est intervenue. Les cours d’assises avaient été supprimées et il n’avait pas été jugé. Il subit aujourd’hui deux renvois. Nous avons estimé que cela violait fondamentalement ses droits. Et surtout le droit d’être jugé dans un délai raisonnable. Nous avions estimé qu’il a fait 5 ans de détention provisoire, qu’il est présumé innocent, qu’il présente toutes les garanties de représentation en justice, et que sa mise en liberté provisoire ne pouvait poser aucun problème surtout qu’il n’y a aucun risque de réitération des faits ou de trouble à l’ordre public.

Vous avez entendu la motivation de la chambre, mais ceci pose la question du systématisation de la détention au Sénégal. Vous avez entendu le ministre de la justice dire qu’il va se réunir avec les parquetiers du Sénégal pour demander qu’on délivre moins de mandats de dépôt. Aujourd’hui, les prisons sont surpeuplées et avec la prolifération des mandats de dépôt, avec la systématisation de la détention comme principe et de la liberté comme exception, ce qui est contraire à la philosophie du code de procédure pénale, la situation carcérale du Sénégal est explosive. La constitution dit que la personne doit être jugée dans les délais raisonnables», peste l’avocat, par ailleurs défenseur des droits de l’homme. L’avocat espère que son client va bientôt bénéficier d’une liberté provisoire.

 

Auteur: Seydina Mouhamed Diouf – Seneweb.com

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