Loi travail, Nuit debout, 2017… Ce qu’il faut retenir de François Hollande à « Dialogues citoyens » LE MONDE | 14.04.2016 à 21h50

 François HOLLANDE - © Malick MBOW
François HOLLANDE – © Malick MBOW

François Hollande était l’invité de l’émission « Dialogues citoyens », surFrance 2, jeudi 14 avril. Le président de la République a notamment répondu aux questions de quatre Français : une patronne de PME ; la mère d’un djihadiste mort en Syrie ; un électeur du Front national ; un étudiant participant à Nuit debout. Voici les principaux points à en retenir.

  • François Hollande se prononcera sur son éventuelle candidature « à la fin de l’année »

François Hollande a annoncé qu’il se prononcerait sur une éventuelle nouvelle candidature à la présidence de la République à la fin de l’année 2016. Interrogé sur sa déclaration qui lie sa candidature en 2017 à « l’inversion de la courbe du chômage », le président de la République a déclaré qu’il la maintenait.

A un an de l’échéance, le chef de l’Etat a toutefois jugé qu’il était trop tôt pourdresser un bilan. « Si un quinquennat ne durait que quatre ans, ce ne serait pas un quinquennat. »

Lire :   Hollande annoncera « à la fin de l’année » sa décision quant à une candidature en 2017

  • La loi El Khomri « ne sera pas retirée »

François Hollande a assuré que la réforme du code du travail, qui a provoqué plusieurs journées de mobilisation, « ne sera pas retirée ». Il s’est toutefois dit prêt à des « corrections » au Parlement.

« Le problème, c’est de ne pas pouvoir trouver de CDI. Quatre-vingt-dix pour cent des embauches se font aujourd’hui en CDD. Ce que je veux avec le projet de loi El Khomri, c’est qu’on puisse embaucher avec un CDI, et clarifier les règles pour les salariés et les employeurs. »

D’une manière générale, le président de la République a soutenu qu’il mènerait les réformes en cours « jusqu’au bout », en décalage avec son ministre de l’économie, Emmanuel Macron, qui avait déclaré quelques heures plus tôt à Londres que l’exécutif avait décidé d’« arrêter une partie des réformes », sanspréciser lesquelles.

Décryptage :   Dans le détail, ce que contient la nouvelle version du projet de « loi travail »

  • Nuit debout, un mouvement « légitime », selon François Hollande

A propos du mouvement citoyen Nuit debout, lancé le 31 mars après une journée de mobilisation contre la loi travailFrançois Hollande a jugé « légitime que la jeunesse veuille s’exprimer ». Il a ajouté : « Je ne vais pas me plaindrequ’une partie de la jeunesse veuille inventer le monde de demain. »

Le président de la République s’est dit favorable à la démocratie participative, prenant l’exemple des pétitions, de la collaboration à des textes ou de la possibilité de se présenter aux élections.

« C’est bien […] que le débat s’organise et que l’on veuille aussi faire de la politique en dehors des partis, en dehors des institutions, en dehors de la représentation, même si, à la fin, le meilleur des systèmes, c’est le suffrage universel. »

  • La France « va mieux »

Le chef de l’Etat a assuré que la situation du pays s’améliorait, avec « plus de croissance, moins de déficits, moins d’impôts et plus de compétitivité ».

« En 2015, nous avons créé cent mille emplois net de plus. Pour la première fois depuis cinq ans, l’économie française a créé davantage d’emplois qu’elle n’en a supprimé. Je pense que c’est lié à cette politique-là. En 2016, nous tablons sur cent cinquante ou cent soixante mille créations d’emploi net. »

Sur le chômage, qui n’a jamais été aussi haut, François Hollande a affirmé que« le taux de chômage en France [était] dans la moyenne européenne et celui des jeunes sous la moyenne européenne ». Or, comme l’a aussitôt souligné la journaliste Léa Salamé, le taux de chômage des moins de 25 ans était, en février 2016, de 24,6 % en France, contre une moyenne de 19,4 % dans l’Union européenneselon les chiffres d’Eurostat.

  • Déchéance de nationalité : « Les calculs politiques s’en sont mêlés »

Interrogé par Mme Salamé sur la déchéance de nationalité, François Hollande a répondu ne pas regretter d’avoir ouvert ce débat après les attentats de novembre, finalement clos le 30 mars face aux dissensions entre l’Assemblée nationale (à majorité de gauche) et le Sénat (à majorité de droite).

Il a rappelé que lorsqu’il avait évoqué la question de la déchéance de nationalité au Congrès à Versailles, juste après les attentats de novembre, « tout le mondes’était levé ». La loi aurait pu passer à ce moment-là, assure-t-il, mais ensuite« les calculs politiques s’en sont mêlés ».

Synthèse :   Des attentats de novembre au renoncement : comment le débat sur la déchéance de nationalité s’est enlisé

  • « Il n’y aura pas d’interdiction du voileà l’université »

François Hollande a contredit son premier ministre, Manuel Valls, qui déclarait vouloir une loi sur l’interdiction du voile à l’université : « Il n’y aura pas d’interdiction du voile à l’université. »

Le chef de l’Etat a rappelé que l’université « est un lieu de liberté politique, liberté syndicale et liberté religieuse ». « En revanche, on ne peut avoir du prosélytisme, de l’intrusion dans les cours, de la pression sur certains enseignants. »

  • Djihad : « Nous devons luttercontre les prêcheurs de haine »

Interpellé par Véronique Roy, mère d’un jeune Français mort en Syrie, François Hollande a rappelé que cent soixante-dix Français partis pour le djihad avaient trouvé la mort et que six cents autres étaient encore en Syrie, dont un tiers de filles.

Pour traiter les racines, « nous devons lutter contre ces prêcheurs, ces partisans de la haine qui induisent la radicalisation », a-t-il martelé. « Nous avons expulsé quatre-vingts prêcheurs de haine. »

A propos de la modération insuffisante des contenus djihadistes sur YouTube,Facebook ou Twitter, François Hollande a rappelé que cette lutte devait êtreinternationale et que la France y veillait de très près.

  • « La France a été exemplaire dans le dossier syrien »

Pour François Hollande, « la France a été exemplaire dans le dossier syrien »,car en n’intervenant pas militairement après l’utilisation d’armes chimiques par Bachar Al-Assad, elle a permis « qu’il y ait aujourd’hui une négociation politique » avec Damas. « Ce que nous faisons avec la Russie, c’est dechercher une solution politique. » « On devrait tous considérer que c’est la France qui a eu raison de 2012 jusqu’à aujourd’hui », ajoute-t-il.

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