Le 20 avril, 2016
Vice-président à l’Assemblée nationale et responsable politique du parti au pouvoir, Abdou Mbow tire, dans cet entretien, les enseignements du référendum. Il n’a pas manqué de s’exprimer aussi sur l’affaire Panama-papers, sur les emplois promis par le chef de l’État, sur les soupçons de corruption et d’achat de conscience durant la période référendaire, etc. Interview.
- Mbow quels enseignements tirez-vous du référendum ?
D’abord, je voudrais remercier les Sénégalais qui ont bien voulu participer à cette consultation. Remercier surtout ceux qui ont voté pour le « oui », mais aussi ceux qui ont voté pour le « non ». Parce que c’est un acte citoyen qu’ils ont accompli. Féliciter le Président pour la victoire du « Oui » parce que c’est lui qui est à l’origine du projet de réforme constitutionnelle approuvé à 63 %. Ceci montre que le Président de la République reste populaire et reste dans le cœur des Sénégalais. Maintenant, le Président doit ouvrir des consultations avec les politiques et les citoyens qui ne sont pas affiliés aux partis politiques pour expliquer davantage son projet qui n’avait pas été compris par certains Sénégalais. Car je demeure convaincu que ceux qui ont voté « non » ont été manipulés par une opposition qui n’avait pas d’arguments, mais qui a profité de cette consultation pour faire de la calomnie et de la manipulation.
Aujourd’hui, l’opposition et la société civile politique ont montré leurs limites et devraient en tirer toutes les conséquences. Car les Sénégalais et les Sénégalaises leur ont montré qu’ils ne sont pas une alternative crédible à ce régime. Nous ne sommes pas dans un Sénégal qu’ils décrivent. Nous sommes dans un Sénégal où l’éducation, malgré la crise, est en train d’être réformée, où le Président a pris une batterie de mesures sur le plan social pour régler les problèmes des Sénégalais.
Nous sommes dans un Sénégal où ceux qui n’avaient pas accès aux ressources publiques, c’est-à-dire ceux du monde rural, en ont aujourd’hui, à travers les Bourses de sécurité sociale, bénéficient de la couverture maladie universelle, des pistes de production, de l’électrification rurale, de forages ; en somme de tout ce que le Pudc réaliser à l’intérieur du pays. Nous sommes dans un Sénégal qui va vers l’émergence.
L’opposition qui récuse le ministre de l’Intérieur a décrié une « mauvaise organisation » du scrutin. Qu’en pensez-vous ?
C’est Sada Ndiaye qui en était le porte-parole. Je pense que Sada Ndiaye est mal placé pour parler d’éthique et de déontologie dans l’organisation d’élections ou en matière de politique. On se souvient de la loi Sada Ndiaye. C’est lui qui a participé à faire régresser la démocratie en faisant la proposition de loi qui ramène le mandat du président de l’Assemblée nationale de 5 ans à 1 an. Le ministre de l’Intérieur a organisé une élection en 20 jours et je pense que dans l’histoire personne n’a organisé des élections comme ça. Il n’y a eu aucune faille dans l’organisation des élections.
Maintenant, comme ils ont été tous défaits dans leurs localités, particulièrement les principaux prétendants au fauteuil présidentiel : Gakou a été battu chez lui, Idrissa Seck a été battu, Baldé, battu dans son département, Aissata Tall Sall a été battue, Khalifa Sall, battu dans son département. Donc je pense que c’est cette déconvenue qu’ils veulent retourner en se lançant dans des critiques faciles. Ils parlent de taux de participation, mais ceux qui ont voté au référendum sont plus nombreux que ceux qui ont voté aux législatives. Est-ce qu’on peut dire donc que les députés sont illégitimes alors qu’eux, en tant qu’opposants, ils siègent à l’Assemblée nationale ? Quand même c’est un faux débat. Et dans le fichier, il y a un stock mort de 1.5 million.
Mais, est-ce que le fait de soustraire la réduction du mandat présidentiel actuel du projet de révision n’a pas fait perdre à la réforme sa substance ?
Le président est allé jusqu’au bout de sa logique. Il avait dit qu’il allait réduire son mandat. Il a écrit au Conseil constitutionnel pour lui dire qu’il veut réduire son mandat et l’appliquer au mandat en cours. Le Conseil a dit que ce n’est pas possible. Le président ne pouvait pas passer outre la décision du Conseil constitutionnel. Maintenant ceux qui voulaient que le président passe outre la décision du Conseil constitutionnel ne sont pas des républicains ou n’ont pas de culture républicaine. Le peuple a tranché ce débat qui est maintenant derrière nous. Le Président a même fait une révolution. Car il n’y aura plus que deux mandats de 5 ans et personne ne pourra plus changer cela.
Il a aussi été reproché au camp du « oui » des achats de consciences massifs lors du référendum
C’est une information fausse de dire qu’il y a eu des achats de conscience et que du riz avait été distribué. Je défie quiconque. Il n’y a jamais eu d’achat de conscience, il n’y a jamais eu de riz distribué. C’est quand même manquer de respect aux Sénégalais que de dire qu’il y a eu achat de conscience. On ne peut plus acheter la conscience des Sénégalais. Si l’argent pouvait élire un président, Wade ne serait pas parti. On ne peut plus gagner des élections avec de l’argent, c’est inacceptable et impensable.
On ne vous entend pas trop évoquer la question de l’emploi. Où en est le gouvernement ?
Pourtant on en parle. Lors de son discours du 3 avril, le président en a parlé. La problématique de l’emploi des jeunes n’est pas spécifique au Sénégal, c’est mondial. Et le président depuis 2012 est en train de tout faire pour régler ce problème. D’abord régler le problème de la formation. On est en train d’orienter la formation dans divers secteurs et régler en même temps l’employabilité des jeunes.
Au moment où je vous parle, un forum est ouvert sur l’emploi et l’employabilité des jeunes à Thiès. Le ministère de la Jeunesse ne cesse de mettre en place des programmes pour régler la question. Le problème de l’emploi des jeunes va être réglé par l’agriculture et d’autres secteurs. Aujourd’hui dans le secteur agricole, énormément d’emplois sont en train d’être créés. De plus, la question de l’emploi est transversale et tous les ministères travaillent en synergie pour régler le problème de l’emploi des jeunes.
Vous aviez promis 500. 000 emplois…
Moi je ne suis pas le ministre de la Jeunesse ni le ministre de l’Emploi. Mais je peux dire qu’il y a énormément d’emplois qui ont été créés. Aussi, le président a pris à bras le corps le problème de l’emploi des jeunes et le gouvernement est en train de travailler pour que cet objectif soit atteint. Et ça se voit sur le terrain. J’en profite aussi pour dire qu’à partir de janvier 2017, nous serons dans le cadre du budget programme.
À l’Assemblée nationale, on va organiser à la commission des finances un séminaire pour préparer cela. L’Uemoa va prendre des mesures pour qu’à partir de 2017 qu’on puisse travailler sur la base d’un budget programme et sur l’évaluation des finances publiques. Le Président est sur sa logique, celle d’aller vers l’émergence.
Que pensez-vous de l’affaire Panama-papers qui a fait ressortir le nom de Sénégalais déjà condamnés dans le cadre de la traque des biens mal acquis ?
Avec l’affaire Panama Papers, l’histoire est en train de donner raison au gouvernement du Président Macky Sall. Parce que quand on a commencé à instruire les dossiers au niveau de la Crei, on a critiqué le gouvernement, on l’a traité de tous les noms d’oiseau. On a parlé d’une justice à deux vitesses, une justice des vainqueurs. Ils disaient qu’on s’acharnait sur un régime déchu.
Aujourd’hui, ce qui est révélé ne vient pas du Sénégal et montre que le Président de la République a bel et bien eu raison d’avoir mis en place la Crei pour se battre contre l’enrichissement illicite. Des pays plus développés que le Sénégal sont touchés par l’affaire Panama Papers. Même le Premier ministre chilien a démissionné. Des Sénégalais ont été cités comme Pape Mamadou Pouye qui a été principalement condamné parce qu’on dit qu’il est un complice de M. Karim Wade.
Si ces cas d’évasion fiscale sont avérés, il se posera aussi la question du rapatriement des biens…
Les autorités en charge de cela ont commencé ce travail depuis très longtemps. Le gouvernement est dans l’optique de rapatrier tout bien qui revient au Sénégal et qui serait planqué dans des paradis fiscaux. Maintenant, nous allons continuer à sensibiliser les autorités judiciaires chargées de ce dossier à accélérer pour que les biens qui reviennent aux Sénégalais puissent être rapatriés et investis dans la santé, dans l’éducation, etc.
On parle beaucoup de retrouvailles avec Wade. Êtes-vous pour ?
Je n’ai jamais été contre quelques retrouvailles que ce soit. Parce que le président n’est pas un homme sectaire, un homme de clans ou un homme haineux. C’est le président de tous les Sénégalais. S’il n’y a pas de paix sociale, on ne peut travailler dans un environnement propice pour avoir des résultats. Donc je pense que s’il y a des retrouvailles avec quelques hommes politiques que ce soit, moi je pense que c’est salutaire pour l’intérêt du Sénégal. Parce que le Président a toujours été dans cette logique-là. Je ne cracherai pas sur des retrouvailles, même avec Wade ou d’autres personnes, parce que ce ne serait que bénéfique pour le pays.
En tout cas, tout se fera sur la place publique. Le président ne va jamais négocier sur le dos des Sénégalais comme certains l’ont fait auparavant. Le président ne se mêle pas du travail de la justice.
Auteur: Youssouf SANE