EN PRELUDE DU DIALOGUE NATIONAL: Les acteurs de la société civile pour la transparence des élections font un réquisitoire implacable de la gestion du pays

APPELS 26 mai 2016

Mouhamadou MBODJI - © Malick MBOW
Mouhamadou MBODJI – © Malick MBOW

Le dialogue national est devenu le principal sujet des débats dans le pays. Depuis que le président de la République a lancé les cartons d’invitation aux acteurs de la vie politique, les réactions ne cessent de tomber. La dernière en date est celle de la Plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections (PACTE). Regroupant  sept organisations notamment l’Association des Juristes Sénégalaises, le Forum Civil, le Groupe de Recherche pour la Démocratie Participative et la Bonne Gouvernance, la Ligue Sénégalaise pour les Droits Humains, la RADDHO,

le Réseau Africain pour le Développement Intégré et le réseau Siggil Jiggeen, la PACTE a pondu un mémorandum qui résume le mal du pays tout en proposant des solutions.

D’abord la PACTE rappelle que l’appel du président de la République intervient dans «un contexte marqué par la persistance et la cristallisation des divergences et oppositions entre les acteurs sur la plupart des questions  qui agitent les différents secteurs de la vie nationale».

Sur le plan social, la Pacte se désole que le système éducatif est en proie à «une instabilité chronique et une baisse générale du niveau et de la qualité des enseignements en dépit de la tenue des assises sur l’éducation et des décisions prises à cet effet  par le conseil présidentiel». Même chose pour le système sanitaire «confronté à un sous-équipement aigu et un déficit criard de personnel qui hypothèque
lourdement l’accessibilité des populations aux soins de santé». A cela s’ajoute, «le coût de la vie, la gestion du foncier, l’agriculture, sans compter le résultat nettement insuffisant de la politique d’emploi face à une demande toujours croissante de milliers de jeunes qui arrivent sur le marché».


APE, ARMP, Corruption, un secteur économique malade…

 

 

Ensuite sur le plan économique, les acteurs de la société civile dépeignent un environnement pas du tout favorable, dans les domaines financier, fiscal et juridique. «La persistance des pratiques de non transparence, de conflits d’intérêts et d’iniquité dans l’attribution des marchés publics; des accords de partenariat économique dont la signature en l’état actuel, aura des conséquences destructrices sur  notre économie en augmentant la pauvreté déjà si importante dans le pays», lit-on dans le mémorandum.

Sans compter «la forte prégnance de la corruption dans de larges  secteurs de l’administration et des institutions malgré le renforcement des instruments d’audit,  de contrôle et de sanction».

Enfin sur le plan politique qui est sans doute le secteur le plus sensible surtout dans «l’affaiblissement du régime des libertés publiques avec les interdictions répétées des demandes de manifestation des acteurs politiques et le déséquilibre dans l’accès aux médias du service public». Déjà décriée par les opposants lors de la campagne référendaire, la Pacte déplore aussi «l’absence de concertation entre le Ministère de l’Intérieur, les partis politiques et la société civile sur la conduite du processus électoral».

«L’absence de mécanismes de contrôle, de régulation et d’encadrement des partis politiques et la désaffection des citoyens vis-à-vis de la politique avec une
récurrente et forte tendance de l’électorat à l’abstention» ont aussi été dénoncées par la Pacte.
LES RECOMMANDATIONS DES ACTEURS

La PACTE, en ce qui la concerne, appelle le président de la République à noter les recommandations suivantes. D’abord «de mettre en place une commission composée de personnalités indépendantes pour accompagner  la gestion du processus de Dialogue National et assurer le suivi de la mise en œuvre». Les acteurs de la société civile appellent aussi Macky Sall à procéder sans tarder à la réforme du code électoral de manière concertée avec tous les acteurs en prenant soin d’intégrer l’organisation du référendum et de réaliser l’audit du fichier électoral  afin d’en corriger les imperfections. Ils n’oublient pas de noter «la fusion de la carte d’identité et de la carte d’électeur de manière à simplifier les procédures de vote et d’instituer le bulletin unique de vote». Ainsi ils demandent d’encadrer les candidatures indépendantes par des critères  pertinents de représentativité et de promouvoir le financement public des partis politiques, le contrôle et le plafonnement des dépenses électorales afin de moraliser et d’assainir la vie politique.

Pour finir, ils demandent la baisse le nombre de membres du Haut Conseil des Collectivités Territoriales désignés par le président de la République, le respect de la loi sur la parité dans les instances électives en plus d’accélérer le dialogue pour la paix en Casamance.  Pour ce qui est des questions économiques et sociales, la Pacte demande  la mise en place des cadres de concertation thématiques dont les travaux seront coordonnés et supervisés par une commission ad hoc indépendante.
Samba THIAM (Jotay.net)

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