AFP PHOTO / GABRIEL LUNA-SANDOVAL / HO
Gabriel Luna-Sandoval travaille sur la transformation de l’urine depuis
neuf ans. A quoi pourrait servir l’invention de ce chercheur mexicain? A chauffer l’eau de la salle de bain ou à « cuire des haricots ».
En 2007, aux toilettes, Gabriel Luna-Sandoval a une révélation: neuf ans plus tard, ce scientifique mexicain de 41 ans en a tiré une technologie qui permet de chauffer de l’eau, de cuisiner et même de faciliter les voyages dans l’espace pour un coût réduit et . Il suffit d’utiliser son… urine.
Comment ça fonctionne?
A l’aide d’une électrolyse effectuée sur son urine, Gabriel Luna-Sandoval est parvenu à séparer les molécules d’hydrogène et d’oxygène contenues dans le liquide et à utiliser l’hydrogène pour produire du biogaz.
L’oxygène produit pourrait servir à respirer en cas d’urgence, notamment pour les astronautes lors de longs voyages spatiaux, estime l’inventeur. En 2012, un article de Space Safty Magazineassurait que si cette technologie avait existé à l’époque des péripéties de la mission Apollo 13, les membres d’équipage auraient pu se servir de cet oxygène. L’Agence spatiale mexicaine confirme que cette découverte est « une grande innovation », « de haute viabilité ».
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Mais, pour le scientifique de l’Université de Sonora, le principal intérêt de ce travail est de pouvoir utiliser une substance alternative au gaz de pétrole liquéfié (GPL), qui contribue au réchauffement climatique et pollue l’intérieur même des habitations.
70 millilitres de pipi pour cuire des haricots
« Combien d’urine se perd au cours des années? »: telle est la question qui a poussé ce docteur en ingénierie mécanique sur la voie de sa recherche. Réponse: « Un adulte produit 1,4 litre d’urine par jour », soit 25 550 litres en 50 ans.
Photo du dispositif expérimental de Gabriel Luna-Sandova.
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Gabriel Luna-Sandoval a finalement fabriqué un prototype: une petite cuve en acrylique équipée d’électrodes métalliques, où est stockée et transformée l’urine produite quotidiennement.
Pour chauffer l’eau de la salle de bain et prendre une douche de 15 minutes, il faut seulement 13 à 21 millilitres « de ce liquide vital », précise-t-il. Et pour faire cuire des haricots dans une cocotte-minute pendant une heure? 70 à 130 millilitres seulement.
Et le problème des odeurs?
Le biogaz n’a pas d’odeur. « Ni les haricots, ni l’eau de la douche » ne rappelleront à leur utilisateur l’origine du combustible, assure Gabriel Luna-Sandovalen souriant. Pour réduire les odeurs de la cuve générées par la concentration d’ammoniaque au fil des jours, l’urine passe « par un filtre spécial, qui pourrait être branché à un tuyau d’arrosage pour être constamment nettoyé ».
L’hydrogène produit dans le réservoir peut aussi être utilisé pour faire fonctionner des moteurs à combustion interne. « Nous avons même fait des tests pour mettre en route des petits générateurs d’électricité », explique le chercheur.
Pour recueillir l’urine directement dans les toilettes sans avoir à la transvaser manuellement, le scientifique propose d’installer des urinoirs reliés au réservoir de transformation par un système de tuyauterie.
Sa technologie a été brevetée il y a un mois et, selon Ulises Cano, membre du Système national des chercheurs du Mexique et expert en électrochimie, l’invention « n’est pas insensée ». Avant de crier… hipipi hourra, reste à déterminer son degré de « viabilité économique ».