Maladie infectieuse transmise par l’intermédiaire d’une piqûre de tique, la borréliose de Lyme est mal diagnostiquée, estime le codécouvreur du virus du sida, qui suggère une autre approche.
Le Prix Nobel de médecine Luc Montagnier tire la sonnette d’alarme sur la maladie de Lyme, transmise par les morsures de tiques, très mal diagnostiquée et peu soignée en France. En cause, une « grande ignorance sur son caractère chronique », a dénoncé le codécouvreur du virus du sida, ce dimanche, lors d’un colloque à Strasbourg,
« Il est lamentable que les pouvoirs publics et les autorités de santé n’aient pas une politique cohérente sur la maladie de Lyme », a-t-il insisté lors d’une journée d’étude consacrée à cette pathologie, organisée par « Lyme sans frontières« , une association regroupant des malades en colère contre l’approche officielle de la maladie.
« Baladés » de médecin en médecin faute de diagnostic adéquat
La maladie de Lyme ou borréliose de Lyme est une maladie infectieuse transmise par l’intermédiaire d’une piqûre de tique infectée. Difficile à diagnostiquer et mal recensée, elle peut avoir de graves conséquences si elle n’est pas traitée à temps, provoquant des troubles invalidants et douloureux. Notamment neurologiques, articulaires et musculaires, comme des méningites ou des paralysies faciales.
Selon les membres de l’association, de nombreux patients, parfois cloués dans un fauteuil roulant, sont « baladés » de médecin en médecin et parfois traités d’hypocondriaques, faute de diagnostic adéquat.
27 000 nouveaux cas de maladie de Lyme sont officiellement déclarés chaque année en France, mais selon « Lyme sans frontières », ce chiffre serait en réalité beaucoup plus important, de l’ordre de « dix fois plus ».
Trop de « faux négatifs » avec les tests utilisés aujourd’hui
Pour le Pr Montagnier, 83 ans, les tests utilisés aujourd’hui pour détecter la bactérie de Lyme donnent de trop nombreux « faux négatifs », car ils sont basés sur la détection d’anticorps, alors que certains patients infectés n’en développent pas.
Le scientifique, qui travaille à Paris au sein d’un institut de recherche qui porte son nom, cherche à mettre au point une méthode de diagnostic consistant à détecter dans le plasma sanguin des traces de l’ADN de la bactérie, en captant des ondes électromagnétiques émises par l’échantillon étudié.
« A mon avis, ce test est plus fiable » que ceux actuellement en vigueur, a affirmé le Prix Nobel, tout en convenant que cette approche électromagnétique n’était « pas reconnue par un certain nombre de scientifiques, si bien qu’on a du mal à la faire valider ».
Procédure civile contre les laboratoires pharmaceutiques
Une procédure civile devrait être déposée dans les prochains jours devant les tribunaux de grande instance de Paris et de Lyoncontre les laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent les tests utilisés à ce jour. Ils sont plus de 200 malades à qui on avait annoncé qu’ils n’étaient pas porteurs de la maladie – alors qu’ils disent l’être et sont désormais soignés par antibiotiques pour cela, selon l’un des avocats en charge de cette action, Me Julien Fouray. « Dans un second temps, il y aura des responsabilités à chercher contre l’Etat, qui a validé et imposé un protocole de test dont on sait qu’il n’est pas fiable », a-t-il ajouté.
Basés sur un prélèvement sanguin, les tests incriminés de type « Elisa » sont produits par une demi-douzaine de laboratoires, notamment BioMérieux et Diasorin.