Brexit – Bernard Tapie : « Je vous annonce une véritable catastrophe ! »

 

 Bernard TAPIE - © Malick MBOW

Bernard TAPIE – © Malick MBOW

Brexit  Bernard Tapie : « Je vous annonce une véritable catastrophe ! »

Pour l’ancien ministre, la décision des Anglais de quitter l’Europe est une très mauvaise nouvelle, mais peut être le ferment d’une prise de conscience…

PAR JÉRÔME BÉGLÉ

Modifié le 24/06/2016 à 20:02 – Publié le 24/06/2016 à 16:16 | Le Point.fr

 

Bernard Tapie : « On aurait dû réformer l’Europe il y a 4 ans. » © FRED DUFOUR

 

Tête de liste des radicaux de gauche aux élections européennes de 1994, Bernard Tapie avait obtenu un peu plus de 12 % des voix et 13 sièges au Parlement de Strasbourg. L’homme d’affaires avait alors prôné une Europe sans complexe, poussée, mais non envahissante et respectueuse des États nations. Vingt-deux ans plus tard, il commente en expert le Brexit qui secoue le continent.

Le Point.fr : Que pensez-vous du Brexit ?

Bernard Tapie : C’est à la fois une très mauvaise et une très bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que cela va redonner du tonus et de la voix aux populistes de tout poil. « Puisque les Anglais l’ont fait, à notre tour maintenant », vont-ils dire. La bonne nouvelle, c’est que nous allons enfin avoir la démonstration sous nos yeux de ce qui va se passer quand un pays quitte l’Union européenne. On nous annonce des lendemains douloureux, je vous annonce une véritable catastrophe ! La Grande-Bretagne vit avec l’illusion de ce qu’elle était il y a deux siècles, quand la Chine, l’Inde ou l’Amérique latine n’avaient pas encore émergé. Seuls, les pays européens sont incapables de s’en sortir. Je prédis des drames sociaux, et des errements dramatiques. Je redoute même, à moyenne échéance, des heurts intérieurs d’une grande violence. Les autres pays auront ce contre-exemple sous les yeux et s’apercevront vite de son non-sens. C’est peut-être la seconde bonne nouvelle de ceBrexit !

Vous y allez un peu fort, car le processus de sortie va être très long et maîtrisé.

Non. La pression pour que l’Europe se reforme sera très forte et on voudra traiter le plus vite possible le cas anglais. Les pro-européens voudront faire sortir le pays des institutions, les anti-européens réclameront que les termes du référendum soient respectés et le gouvernement anglais s’y emploiera… Vous verrez que l’article 50 sera mis en œuvre dès septembre-octobre.

L’Europe est-elle réformable ?

C’est ce qu’on aurait dû faire depuis 10 ans ! L’Union européenne doit être une harmonie qui respecte l’identité et la personnalité de chacun. Elle doit s’attacher aux questions essentielles, notamment celles qui portent sur les problèmes monétaires, fiscaux, la sécurité et la défense, ou aux réponses concrètes mais humaines sur l’immigration. Autant de sujets qui auraient permis aux peuples de se rapprocher et non de s’éloigner ou de se haïr sous la pression de fonctionnaires et d’oukases incompréhensibles venus de Bruxelles. C’est tout cela que nous payons aujourd’hui, et l’addition est lourde.

Consultez notre dossier : Un Brexit pour l’Histoire

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