A Cambérène, l’émotion ne retombe pas après l’assassinat de Racine Diène, casque bleu sénégalais, à Bangui. Ses deux épouses pleurent un mari aimant et attentionné. Elles se contentent désormais des souvenirs qui ont rythmé leur vie.
le Mercredi 29 Juin 2016 à 20:07
Le drame a eu lieu à Bangui, mais la douleur est rudement ressentie à Cambérène où réside la famille du policier Racine Diène, abattu froidement dans la matinée du 24 juin dernier par des miliciens Anti-Balaka alors qu’il faisait ses emplettes dans la capitale centrafricaine. Depuis ce jour, la famille du casque bleu est figée dans la douleur et attend le corps de son enfant pour l’enterrer. «Le corps a été transféré en Ouganda pour les besoins de l’autopsie. C’est de l’Ouganda qu’il sera acheminé à Dakar», informe un des frères du policier disparu.
Il règne une ambiance de deuil à Cambérène.
Etreintes par la perte de leur époux, ces deux dames tentent de faire dignement avec la tragédie. Mine triste, trémolo dans la voix, elles n’ont jamais imaginé ce scénario funeste au moment où embarquait Racine Diène pour la Rca. «Lorsque j’ai su la nouvelle, j’ai eu la peur de ma vie. Je tremblais comme une feuille morte», témoigne la première épouse de l’ex-flic. Informée par les autorités policières, Khady Diaw avait pensé à «une fausse information», car il avait reçu un coup de fil de son époux le jour du drame.
Elle dit : «Racine Diène m’a appelée le 24 juin. J’ai communiqué avec lui à 7 heures 53 minutes», se souvient la dame. Il est abattu ce jour-là vers 11h. Elle explique le contenu de leur conversation : «Il était très content en apprenant l’élargissement de prison de Wade-fils. Cela constitue les derniers propos que j’ai eu à échanger avec lui au téléphone. Après m’avoir dit qu’il n’était au courant de cette nouvelle avant que je ne lui demande de suivreTfm où l’affaire est en train d’être relatée par les journalistes, il m’avait promis de rappeler après. Mais la grande faucheuse en a décidé autrement.»
Aujourd’hui, Khady Diaw pleure un époux aimant et attentionné. «C’était un bon mari. Un homme sans problème, qui vouait un amour sa faille à ses proches. Racine Diène se battait toujours pour sa famille et sa progéniture», témoigne Khady Diaw, coiffée d’un foulard blanc à l’image de sa coépouse. Ils se sont mariés en 1986. A l’époque, Racine Diène était radié de la police. Porte-bonheur de son mari, il est réintégré dans les rangs de la Police nationale trois mois après leur lien. Après 22 ans de mariage, ils ont eu 4 enfants. Désormais, ses nuits seront meublées par son fantôme.
Un mari aimant et attentionné
En écho, sa coépouse Khadidja Diao, qui a quitté Kolda où elle sert comme enseignante, tremble dans le domicile conjugal. «Les conditions de son décès me font mal», se lamente la dame. Contrairement à sa coépouse, Khadidja Diao n’a vécu que deux ans avec son mari avant que la grande faucheuse ne brise ce lien sentimental. A jamais ! «Cela a eu l’effet d’une éruption de volcan chez moi en apprenant cette triste nouvelle. C’était comme si une boule de feu s’était abattue sur ma tête. C’était vraiment dur à encaisser. Cela m’a vraiment perturbée», avoue Mme Diène.
«Les derniers propos que j’ai échangés avec lui ? Il m’a dit de garder patience. Et qu’à son retour, il allait m’acheter une maison à Kolda. Vous n’allez plus connaître les affres de la location», explique Khadidja Diao qui a connu son mari à Kolda où il était affecté. Ils ont eu un enfant. «C’est quelqu’un qui m’aimait beaucoup. Il était l’esclave de mes désirs. C’est quelqu’un qui me respectait», insiste-t-elle.
Frère du défunt, El Hadji Libasse Diène a du mal à transcender sa douleur. «Ce fut comme un coup de poignard dans le dos», souligne-t-il. Vantant ses qualités, El Hadji Libasse Diène embraie : «C’était quelqu’un d’enthousiaste, d’alerte et vif.» Désormais, il ne reste que des souvenirs après cet acte barbare.
Le Quotidien