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Le 11 juillet, 2016
Mamadou Ndoye, secrétaire général de la Ld: « Les politicienssont devenus des commerçants politiques»
La Ligue démocratique s’inquiète de la «financiarisation» de la société sénégalaise. Son secrétaire général, Mamadou Ndoye, regrettant la montée du pouvoir de l’argent, de l’individualisme et de la corruption, fustige l’existence d’un «commerce politique» où «les politiciens sont devenus des commerçants politiques».
Son franc-parler est connu de tous. A l’occasion de la commémoration des 35 ans de la Ligue démocratique samedi, le secrétaire général de cette formation, Mamadou Ndoye, a peint un tableau sombre de la société sénégalaise. Face à une foule de militants «jallarbistes», majoritairement vêtus en rose, dans un chapiteau dressé devant le siège du parti à Grand Yoff, le successeur de Abdoulaye Bathily à la tête de la Ld n’a pas épargné la classe politique. «Notre parti s’interroge sur la financiarisation de la société sénégalaise. C’est-à-dire une société où l’atout principal des êtres humains est devenu l’argent. Notre parti s’interroge sur la montée de l’individualisme dans notre pays où chacun s’occupe de ce qu’il peut avoir ou de ce qu’il peut être, mais jamais du devenir collectif. Notre parti s’interroge sur la montée du commerce politique où lespoliticiens deviennent des commerçants politiques», dénonce-t-il sous le regard de Cheikh Tidiane Gadio, Landing Savané, Pape Demba Sy, Madièye Mbodj, Khoudia Mbaye… Il poursuit : «Nous refusons la ruine pour notre pays. Dans un pays où chacun ne s’intéresse qu’à lui-même, ne court qu’après ses propres intérêts, le devenir collectif va sombrer.»
Afin de changer la donne par des luttes victorieuses, prône-t-il, «nous devons les implanter dans le soutien de l’opinion publique et du Peuple» car, dit M. Ndoye, «si nous n’obtenons pas le soutien de l’opinion publique et du Peuple, nous n’assurerons pas la victoire». De plus, La Ld doit, d’après son secrétaire général, se repositionner «dans le contexte actuel dans la lutte contre le pouvoir de l’argent, de la corruption, de l’individualisme» et «reconstruire» son propre correctif qui repose sur le respect de l’être humain. «Un être humain doit être respecté en profondeur. Cela signifie qu’il n’existe pas d’être humain inférieur ou supérieur. Tous sont égaux. Nul ne doit être méprisé à cause de sa religion, de sa race ou de son ethnie. Celui qui le fait ne respecte pas la dignité humaine. Celui qui a un comportement ou une pensée raciste ou ségrégationniste ne respecte pas l’être humain», souligne-t-il sous les vivats de ses camarades. Rappelant que la Ld reconnaît des valeurs de progrès et de justice sociale, il précise cependant : «Toute politique gouvernementale qui n’épouse pas ces principes ne rencontre pas notre adhésion.»
Auteur: Babacar Guèye DIOP – Lequotidien