Le dernier livre du journaliste, « Un quinquennat pour rien », est une charge au vitriol contre l’actuel président, qui, à ses yeux, n’a rien réussi.
PAR JÉRÔME BÉGLÉ
Publié le 02/09/2016
Les auditeurs d’Éric Zemmour ne seront pas surpris de retrouver dans Un quinquennat pour rien (éditions Albin Michel, en librairie le 8 septembre) les textes de la chronique bihebdomadaire que le journaliste-pamphlétaire tient sur RTL. Du 8 janvier 2013 (Neutralité laïque) au 6 juillet 2016 (France–Allemagne), il s’est fait le contempteur inlassable de la France et de notre société, le mémorialiste de notre déclassement, parfois le prophète de la catastrophe annoncée et souvent le Cassandre des désastres en cours… Ses fans ne découvriront rien de plus dans la relecture de ses billets de mauvaise santé, si ce n’est que l’auteur préfère céder aux sarcasmes plutôt qu’être pris la main dans le sac de la malhonnêteté en modifiant des propos depuis démentis… Ainsi nous assurait-il le 6 juillet 2016 au matin que la France serait défaite par l’Allemagne en demi-finale de l’Euro de football, que c’était inévitable et bien fait pour nous…
Mais le sel du livre et son originalité sont ailleurs. Ils se nichent entre les pages 11 et 48. Zemmour veut mettre un peu de ciment entre les briques disparates de son livre et ajoute ce que certains prendront comme un chapitre supplémentaire au Suicide français. Les ténèbres ont commencé à recouvrir la France en 1992 lors de l’adoption du traité de Maastricht. De la droite à la gauche, des chefs d’entreprise aux hauts fonctionnaires, tous ont glissé sous les fourches caudines de Bruxelles et de l’OMC. Seul Zemmour veille au grain pour nous expliquer que la France se meurt, à moins qu’elle ne soit déjà morte.
Un état d’urgence culturel
Notre aveuglement ne s’arrêta pas là. Extrait : « Ils voudront tous acheter des Nike : tel était le credo consumériste, matérialiste, progressiste de nos gouvernants. Ce mépris des cultures, des racines, des religions du passé qui a constitué le bain commun de nos élites politiques, technocratiques, patronales, médiatiques et culturelles depuis quarante ans a fait le malheur de la France. Le peuple, d’instinct, n’y croyait pas, mais il n’a pas été écouté. Pour lui, comme disait le général de Gaulle, essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se séparereont de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français ; mais le peuple a été réduit au silence. Nos élites lui ont imposé la tenaille mortelle du droits-de-l’hommisme et de l’économisme. »
À chaque fois que la France a été blessée dans sa chair (attentats de Charlie Hebdoou du Bataclan), dans sa souveraineté politique (abandons et compromis européens), dans sa puissance économique, dans son magistère culturel, elle s’est imposé un remède plus néfaste que le mal dont elle a souffert. Pour Zemmour, le quinquennat de François Hollande est le climax de cette descente aux enfers, la confirmation que ces prédictions étaient justes : nos gouvernants ignorent l’histoire du pays qu’ils prétendent conduire, ne savent pas se projeter et tremblent dès qu’il faut faire preuve d’autorité. Ce « quinquennat pour rien » a accentué les abandons. Et d’insister sur l’aveuglement des autorités face à la montée du salafisme. Le mal est si profond qu’il n’est plus temps de le combattre avec des armes conventionnelles. Et de conclure au terme de sa préface d’un pessimisme noir : « Le droit doit se soumettre à la sauvegarde de la nation en péril. Ce n’est qu’à ce prix que nous desserrerons l’étreinte de notre triangle islamique invasion, colonisation, conflagration. La gauche n’a pas hésité à établir l’état d’urgence pour lutter contre les djihadistes qui frappaient sur notre sol, au détriment des compétences habituelles du pouvoir judiciaire. Nous devons également décréter l’état d’urgence culturel qui rendrait inopérante toute la jurisprudence érigée au nom des droits de l’homme, pour arrêter, s’il en est encore temps, l’invasion et la colonisation de notre sol. »