e Samedi 24 Septembre 2016
Dans une déclaration à la presse cet après-midi, Jean Ping a déploré la décision de la Cour constitutionnelle validant la victoire d’Ali Bongo, prise selon lui « envers et contre tous, foulant au pied la souveraineté du peuple ». Le calme régnait ce samedi à Libreville où un important dispositif sécuritaire restait en place.
Lors d’une déclaration à la presse prononcée dans l’après-midi, Jean Ping a dénoncé le « parti pris » de la Cour. « Je ne reculerai pas. Président clairement élu des Gabonais, je demeure à votre côté pour défendre votre vote et votre souveraineté », a-t-il lancé à l’intention de ses partisans, en dénonçant une décision « inique ».
« Le 27 août le peuple gabonais a exprimé son choix dans les urnes. Aucune décision d’aucune instance ne pourra jamais changer cette réalité », a proclamé l’opposant, qui a promis à ses partisans de s’assurer « que le choix du peuple gabonais est respecté ». En référence à la précédente élection, entachée de soupçons, qui avait conduit Ali Bongo au pouvoir, Jean Ping a martelé que « 2016 ne sera pas 2009 ». Prenant la communauté internationale à témoin, Jean Ping l’a invité « à prendre toute la mesure de la situation du Gabon aujourd’hui ».
Arrestation de Léon-Paul Ngoulakia
Jean Ping a par ailleurs exigé la libération de Léon-Paul Ngoulakia. L’ancien candidat à l’élection présidentielle est retenu depuis vendredi par la gendarmerie nationale, arrêté après que les forces de l’ordre ont trouvé dans sa voiture des photographies de victimes des violences de ces dernières semaines qui circulent sur Internet.
Son épouse Karine Ngoulakia dénonce « une arrestation arbitraire ». Elle rappelle que cet ancien président des services de renseignement gabonais s’était rallié à Jean Ping après avoir été longtemps membre du parti présidentiel. Pas de commentaire à ce propos pour l’instant de la part des autorités gabonaises contactées par RFI.
La peur de manifester
L’ambiance était très calme ce matin dans la capitale alors que ce n’était pas tout à fait un samedi ordinaire. Une bonne partie des boutiques restaient fermées, d’autres avaient quand même ouvert leur porte. Les taxis avaient repris du service mais la circulation tournait encore au ralenti. Quant au dispositif sécuritaire, il était encore visible mais il n’avait rien à voir avec la présence policière renforcée de la nuit précédente. Dans la nuit de vendredi à samedi de très nombreux barrages de police et de gendarmerie avaient en effet été dressés et des patrouilles mobiles circulaient dans une capitale qui avait alors des allures de ville morte avec ses rues et ses avenues désertées.
Ce samedi matin, certains habitants affirmaient ne plus vouloir vivre de nouvelles émeutes. « Le match est joué, game over, on passe à autre chose. Ali est notre président », lançait par exemple un jeune. D’autres, en revanche, manifestaient leur mécontentement, affirmant que la décision de la Cour « ne les surprenait pas », qu’ils n’avaient « aucune confiance en cette institution ». Mais ils s’empressaient d’ajouter aussi qu’ils avaient « peur de manifester » : « Ils ont les armes, nous on a rien », une phrase souvent entendue à Libreville.
11 700 voix séparent Ali Bongo et Jean Ping
Par rapport aux résultats provisoires, c’est un score légèrement en hausse pour Ali Bongo qui ressort, après le rejet du recours de Jean Ping par la Cour constitutionnelle. S’il y avait un peu moins de 6 000 voix d’écart selon les résultats de la commission électorale, désormais, au regard de ces résultats définitifs, ce sont 11 700 voix qui séparent les deux hommes, Ali Bongo étant crédité de 50,66% des votes contre 47,24% à Jean Ping.
D’après la décision lue par l’un des juges, la Cour – qui a passé en revue l’ensemble des procès-verbaux – a rectifié les résultats de la province du Haut-Ogooué et annulé ceux de 21 bureaux de vote du 2ème arrondissement de Libreville, ceux où Jean Ping était en tête.
Ali Bongo a déclaré ce samedi que le nouveau gouvernement comprendrait très vraisemblablement des personnalités de l’opposition, sans exclure la participation de Jean Ping qui pourrait être convié à faire partie de ce futur gouvernement.
Le président en exercice de l’Union africaine, le Tchadien Idriss Déby Itno et l’ambassade des Etats-Unis au Gabon ont pris acte ce samedi de la victoire d’Ali Bongo Ondimba. L’ambassade des Etats-Unis s’est aussi dite « préoccupée par ce qui paraît être des arrestations arbitraires de supporters de l’opposition » et a exhorté les forces de l’ordre « à la retenue ».
SOURCE RFI.FR