Même Zidane n’est plus intouchable

Zinédine ZIDANE - © Malick MBOW
Zinédine ZIDANE – © Malick MBOW

On vit une époque un peu dingue, déraisonnable et absurde. Quatre matches nuls consécutifs, dont trois en championnat, à la tête du Real Madrid suffisent donc à déboulonner une statue, fut-elle de Zinedine Zidane. Même Zizou envisage la fin.

Par Karim Nedjari

Le prestigieux club de Madrid demeure co-leader de la Liga. La Maison Banche est seulement devancée par l’Atletico à la différence de buts. Déjà envolée la victoire en Ligue des championsau printemps dernier. Déjà évaporée la série de seize victoires de rang en Liga, record du Barcelone version Guardiola. Enfin, pour mémoire, le Real Madrid n’a plus perdu en championnat depuis février dernier.

Cette semaine, les deux quotidiens de sport madrilènes ont pourtant planté leur plume dans l’acide. Le puissant AS a titré : « Zidane est perdu dans son labyrinthe », lui reprochant notamment de titulariser le Français Karim Benzema au détriment de l’Espagnol Alvaro Morata. Son incontournable concurrent Marca a douté des capacités de Zizou à être un vrai manager. Quant à la très influente radio Cadena Cope, elle s’est montrée définitive : « le Real Madrid ne joue pas au football cette saison. Zidane est un entraîneur médiocre.»

Pour son show radio quotidien sur RMC Sport, Christophe Dugarry s’est donc rendu à Madrid afin de prendre des nouvelles de son ami. Ne pensez pas que la complicité entre les deux hommes ait débouché sur un entretien mièvre et sans intérêt. Christophe Dugarry montre trop de respect à son ancien partenaire pour offrir un échange vide de sincérité. De plus, avec le temps, Zinedine Zidane a appris à faire passer des messages dans ses interviews. Les deux hommes ont offert un vrai moment de radio, un instant de vérité qui dépasse le terrain du sport.

A la question, qui hante Madrid, posée par Christiophe Dugarry : « Zizou as-tu peur d’être viré ? », l’idole de 1998 ne s’est pas dérobée: «Aucunement, ça va arriver, dans six mois, et si ce n’est pas dans six mois, c’est dans un an… Ça arrivera quoi qu’il arrive donc je profite à fond de ce que je fais, c’est ça qui est bon. Tous les jours, de ma voiture jusqu’au vestiaire, je profite… Je contemple même les arbres qui sont là. Je me dis que j’ai une chance inouïe, et je me régale.»

Cette réponse marquera un moment fort de la carrière de Zidane qui a toujours été un intouchable, un immortel depuis un soir de juillet, en 1998. En acceptant de revêtir un survêtement sur un banc de touche, il savait qu’il allait redevenir un entraîneur comme un autre, dont la survie dépend des résultats. En débutant sa carrière au Real Madrid, il a commencé par le sommet du football mondial, tout autre club sera moins prestigieux. En remportant la Ligue des champions lors de sa première saison, il ne pourra jamais plus faire mieux en club.

Lorsqu’il évoque la contemplation des arbres, il donne une vision poétique voire philosophique de son existence. Comme Icare, à vouloir trop s’approcher du soleil, il va mourir brûlé. Depuis toujours, Zinedine Zidane a eu privilège d’écrire son destin. Cette fois, il ne le choisira pas. Il est donc humain.

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