Une enquête exclusive du Bureau of Investigative Journalism, une organisation non gouvernementale basée à Londres, a révélé qu’un cabinet de relations publiques britannique a été payé des millions de dollars par le Pentagone pour créer de fausses vidéos terroristes et pister ceux qui les regardaient.
Propagande
Publié le 4 Octobre 2016 – Mis à jour le 7 Octobre 2016
The Daily Beast- Crofton Black & Abigail Fielding-Smith, Bureau of Investigative Journalism
Le Pentagone a versé plus d’un demi-milliard de dollars à l’agence britannique de communication Bell Pottinger pour réaliser un programme de propagande top secret, pendant la guerre en Irak, entre 2007 et 2011, révèle le Bureau of Investigative Journalism.
La production de Bell Pottinger comprenait des séquences réalisées dans le style des chaînes d’information arabes et de fausses vidéos d’insurgés islamistes qui pouvaient être utilisés pour localiser les internautes qui les regardaient, selon un ancien employé.
Le personnel de l’agence a travaillé avec des officiers militaires américains de haut rang dans leur QG de Camp Victory, à Bagdad, pendant que l’insurrection faisait rage à l’extérieur.
Lord Tim Bell, ancien président de Bell Pottinger, a confirmé au Sunday Times, que son entreprise avait travaillé pour une opération militaire « secrète« .
Selon son patron, Bell Pottinger rendait des comptes au Pentagone, à la CIA et au Conseil national de sécurité pour son travail en Irak.
Bell Pottinger, l’une des sociétés de relations publiques les plus en vue de Grande-Bretagne, est connue pour avoir amélioré l’image de Margaret Thatcher et pour avoir aidé le parti conservateur à remporter trois élections. L’agence que M. Bell a co-fondé a eu des gouvernements répressifs et Asma al-Assad, l’épouse du président syrien, dans sa liste de clients.
Dans la première entrevue qui ait jamais été donnée à des médias par un employé de Bell Pottinger à propos de son travail pour l’armée américaine en Irak, le monteur-vidéo Martin Wells a déclaré que le temps qu’il avait passé à Camp Victory l’avait »choqué, lui avait ouvert les yeux, et avait changé sa vie. »
La production vidéo de l’agence a été validée par le général David Petraeus, alors commandant des forces de la coalition en Irak et à différentes reprises par la Maison Blanche, selon Martin Wells.
L’agence Bell Pottinger a produit beaucoup de matériel pour le Pentagone, et dans certains cas, les productions allaient bien au-delà d’un contrat de communication standard.
Le Bureau of Investigative Journalism a reconstitué le fonctionnement de l’entreprise à travers le recensement des passations de marchés de l’armée américaine, à travers les rapports de l’inspecteur général du département de la Défense américain, et les contrats d’approvisionnement fédéraux, ainsi que via les rapports annuels de l’agence Bell Pottinger et les publications spécialisées dans la propagande militaire. Ont été interviewés une demi-douzaine d’anciens officiels et de personnes sous contrat impliquées dans les opérations de communication en Irak.
Il y avait trois types d’opérations de communication couramment mises en oeuvre en Irak à l’époque, selon un conseiller sous contrat militaire, familier du travail de l’agence Bell Pottinger : les blanches, les grises, les noires.. » ‘Blanche‘ pour une production sourcée, dont le producteur est identifié » dit le conseiller. »Grise qui est non sourcée, et noire qui sera faussement attribuée à une autre source. Ce type d’opération ‘noire’ permettait de savoir qui regardait quoi, et c’était un outil couramment utilisé à l’époque. »