François Hollande (YOAN VALAT / POOL / AFP)
Du port du voile à l’équipe de France, en passant par Nicolas Sarkozy et Julie Gayet… Deux journalistes du « Monde » retracent dans un livre cinq ans de confidences sans filtre.
L’ObsPublié le 12 octobre 2016 à 08h40
Son père l’avait pourtant prévenu le soir de son élection : « Tu vas avoir des ennuis. »
Dans « Un président ne devrait pas dire ça… » (Stock), les journalistes du « Monde » Gérard Davet et Fabrice Lhomme livrent cinq ans de confidences de François Hollande sur tous les sujets : de l’islam à Julie Gayet, en passant par Nicolas Sarkozy.
Des propos sans filtre de celui qui se baptise lui-même « le spectre de l’Elysée », qui espère qu’on retiendra quelque chose de lui. « J’aimerais que l’on dise de moi, puisque c’est la vérité, que j’ai été courageux. » Morceaux choisis.
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Le port du voile
« La femme voilée d’aujourd’hui sera la Marianne de demain. »
François Hollande explicite : « D’une certaine façon, si on arrive à offrir [à la femme voilée] les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l’être, capable de porter un idéal. Finalement, quel est le pari que l’on fait ? C’est que cette femme préférera la liberté à l’asservissement. Que le voile peut être pour elle une protection, mais que demain elle n’en aura pas besoin pour être rassurée sur sa présence dans la société. »
L’islam
« Qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est vrai. Nul n’en doute. »
Le président développe : « Ce n’est pas l’islam qui pose un problème dans le sens où ce serait une religion qui serait dangereuse en elle-même, mais parce qu’elle veut s’affirmer comme une religion dans la République. Après, ce qui peut poser un problème, c’est si les musulmans ne dénoncent pas les actes de radicalisation, si les imams se comportent de manière antirépublicaine. »
Nicolas Sarkozy
« C’est le petit de Gaulle. On a eu Napoléon le petit, eh bien là, ce serait de Gaulle le petit. »
La définition que le chef de l’Etat fait de son prédécesseur n’est pas tendre. Il tacle notamment son obsession pour l’argent. « Ce qu’on ne voit pas chez lui, c’est qu’il ne fait pas le partage entre ce qui est possible et ce qui n’est pas possible, le légal et le non-légal, le décent et le non-décent. Pourquoi cette espèce d’appât de l’argent ? […] Il s’entoure de gens d’argent. Pourquoi ? […] L’argent est toujours l’argent ! C’est ça qui est étonnant. »
Quand les deux hommes se retrouvent en décembre 2013, pour la première fois depuis la passation de pouvoirs un an et demi plus tôt, le chef de l’Etat est surpris que Nicolas Sarkozy « commence à [lui] parler de l’argent qu’il gagnait avec ses conférences ». « Je me dis : il ne va pas oser quand même… » dit-il avant de soupirer : « Uniquement l’argent ! Que l’argent… »
Tout en dénonçant « la ligne de Sarkozy » qui est « la peur » et « le choix de la radicalisation verbale pour aller chercher les électeurs du Front national », François Hollande n’hésiterait pas à voter pour Nicolas Sarkozy s’il fallait faire barrage au Front national :
« Oui, moi je le ferais. J’irais, pour voter contre Le Pen. Il faut se rappeler, c’était déjà très dur pour moi d’appeler à voter Chirac en 2002 […] S’il fallait appeler à voter Sarkozy, on le ferait. »
La rencontre Fillon-Jouyet
François Fillon aurait bien rencontré Jean-Pierre Jouyet pour demander à l’Elysée d’accélérer les poursuites judiciaires contre Nicolas Sarkozy. Si l’ancien Premier ministre a toujours nié avoir fait une telle démarche, François Hollande confirme.
Fillon – Jouyet : du déjeuner à l’affaire d’Etat en 6 actes
François Fillon « a dit à Jouyet : ‘Mais comment ça se fait que vous ne poussiez pas la justice à en faire davantage ?' », explique le chef de l’Etat. Avant d’ajouter :
« C’était ça le message de Fillon, c’était : ‘Si vous ne faites rien, il reviendra.' »
Les juges
François Hollande ne les qualifie pas de « petits pois » comme l’avait fait Nicolas Sarkozy, mais ce n’est pas beaucoup mieux. Le président parle d' »une institution de lâcheté ».
« C’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. »
Les « sans-dents »
Oui, il a bien prononcé ces mots mais pas dans le sens qui leur a été donné par Valérie Trierweiler !
« Je lui ai dit : ‘Je vois les gens qui viennent vers moi dans les manifestations, ce sont des pauvres, ils sont sans dents.' »
« C’est odieux, c’est une trahison« , s’étrangle-t-il. « Quand je dis : ‘J’aime les gens’, c’est vrai. »
« Il n’y aura pas d’officialisation. Y compris pour le second quinquennat, il n’y a pas de raison. »
Le chef de l’Etat évoque pour la première fois sa compagne, mais refuse toute mise en lumière. Et lâche un joli lapsus sur ses ambitions pour les cinq prochaines années. « Julie essaye d’avoir sa vie ce qui n’est pas facile », poursuit François Hollande selon qui la comédienne n’a jamais bénéficié d’avantages pour la production de ses films.
« Je lui dis souvent : ‘Je ne sais pas ce que j’ai grillé dans cette histoire, mais toi , tu y as perdu.' »
L’équipe de France
Passionné de football, François Hollande n’épargne pas l’équipe de France et ses joueurs, qui selon lui « sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation ».