M6info 9 novembre 2016
Le programme du 45e président des Etats-Unis n’a pas manqué de créer la polémique durant toute la campagne.
A l’annonce de sa candidature, en juin 2015 dans sa “Trump Tower” de Manhattan, beaucoup étaient sceptiques sur la carrière politique du magnat de l’immobilier et ex-star d’une émission de téléréalité.
En août, alors qu’il traversait un trou d’air dans les sondages après avoir été investi lors de la convention de Cleveland, certains ténors du Grand Old Party réfléchissaient aux moyens de le remplacer en vue de l’élection présidentielle du 8 novembre.
Défiant les conventions politiques et les lois qui régissent d’ordinaire une campagne présidentielle, Donald Trump, âgé de 70 ans, a finalement eu raison d’Hillary Clinton.
Au-delà de ses déclarations polémiques à répétition et de ses invectives, le milliardaire a aussi dessiné les contours de son programme, placé sous le signe de son slogan, “Restaurer la grandeur de l’Amérique”, et qui serait marqué par une certaine forme d’isolationnisme et une remise en cause des accords de libre-échange.
Voici ses principales propositions, thème par thème :
IMMIGRATION
Dès son entrée en campagne, Trump a annoncé qu’il ferait construire un “mur géant” le long de la frontière avec le Mexique pour empêcher l’immigration clandestine.
La construction, chiffrée entre 10 et 12 milliards de dollars, sera financée par le Mexique, affirme-t-il. Sinon, Trump se dit prêt à “saisir” les sommes que les Mexicains sans papier installés sur le territoire des Etats-Unis transfèrent aux membres de leur famille restés dans leur pays d’origine. Il pourrait aussi relever les frais de visa, appliquer des taxes sur les produits mexicains ou réduire les sommes versées au titre de l’aide internationale.
Invité fin août à Mexico par le président Enrique Peña Nieto, il n’a, selon ce dernier, pas évoqué la question du financement de ce mur. Trump a affirmé au contraire en avoir parlé.
Donald Trump s’est engagé à tripler le nombre d’agents des services de l’immigration et des douanes et à créer une force spéciale chargée d’identifier les migrants sans papiers.
Seront expulsés en priorité les ressortissants étrangers sans papiers s’étant rendus coupables de crimes, ceux arrivés récemment sur le sol des Etats-Unis ou étant restés au-delà de l’expiration de leur visa.
“Notre message au monde sera le suivant: on ne peut pas obtenir de statut légal ou devenir citoyen des Etats-Unis en entrant illégalement dans notre pays”, a-t-il dit dans un discours prononcé le 31 août à Phoenix, dans l’Arizona, Etat frontalier du Mexique.
Quelque onze millions d’étrangers sans-papiers vivent aux Etats-Unis.
Après la tuerie de San Bernardino, en Californie, commise en décembre 2015 par un couple de musulmans radicalisés, Trump avait également annoncé qu’il fermerait provisoirement les frontières des Etats-unis à tous les musulmans. Il y a renoncé mais a promis un processus de vérification très poussée des antécédents des personnes entrant aux Etats-Unis de sorte de s’assurer qu’elles partagent les valeurs américaines.
COMMERCE
Le promoteur immobilier estime que la Chine, le Japon, le Mexique, le Vietnam et l’Inde lèsent les Etats-Unis en dévaluant leur monnaie et en fermant leurs marchés à certaines exportations américaines.
Il rejette le Partenariat transpacifique (TPP), vaste accord commercial liant les Etats-Unis et onze autres nations, et affiche son intention de renégocier l’Alena, l’accord de libre-échange avec le Canada et le Mexique entré en vigueur en 1994.
Pour ce qui est des relations avec la Chine, Trump se dit prêt à accuser officiellement Pékin de manipulation des taux de changes et à imposer des droits compensatoires sur les produits “made in China” pour rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux premières puissances économiques de la planète. Il veut aussi dénoncer devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) plusieurs politiques gouvernementales chinoises de subvention des exportations.
Sur le dossier des délocalisations, un autre de ses chevaux de bataille, Trump a notamment promis de surtaxer à 35% les voitures assemblées par Ford au Mexique.
POLITIQUE ÉCONOMIQUE ET FISCALITÉ
Trump souhaite juguler la dette publique fédérale en travaillant sur deux axes: doper l’emploi et faire la chasse aux gaspillages de fonds publics.
Il a indiqué qu’il ne toucherait pas aux budgets des programmes fédéraux de santé Medicare (pour les seniors) et Medicaid (pour les populations à faible revenu). Les budgets du département de l’Education et de l’Agence fédérale de protection de l’environnement seraient en revanche réduits.
Trump veut alléger et simplifier la fiscalité, proposant de ramener le nombre de tranches d’impositions de sept à trois avec des taux de 12%, 25% et 33% pour la tranche la plus élevée (contre 39,6% actuellement). Il supprimerait l’impôt sur les successions et baisserait le taux de l’impôt sur les sociétés de 35 à 15%.
Les familles pourraient déduire de leurs revenus imposables les sommes consacrées à l’éducation de leurs enfants.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Trump veut “mettre KO” l’organisation Etat islamique et, pour ce faire, il se dit ouvert à une coopération avec la Russie.
Mais il maintient le secret sur les détails de sa stratégie pour que l’ennemi, dit-il, soit pris de court.
Les familles de membres de l’EI pourraient être visées et Trump veut aussi faire fermer des “secteurs” d’internet pour lutter contre le recrutement et la radicalisation en ligne.
Pour la Syrie, un président Trump pousserait à la création d’une “zone de sécurité” pour les Syriens à l’intérieur des frontières de leur pays, à charge pour les pétromonarchies du Golfe de la financer. Il refuse en revanche d’accepter des réfugiés syriens sur le sol des Etats-Unis.
Trump, dont le slogan de campagne promettait de restaurer la “grandeur de l’Amérique”, augmenterait la taille et la puissance de feu de l’armée américaine afin de la rendre “si forte et si puissante que personne n’osera s’en prendre à nous”.
Il veut que le Japon, l’Allemagne, la Corée du Sud et l’Arabie saoudite contribuent davantage au financement de l’aide militaire fournie par les Etats-Unis. “Nous ne pouvons plus défendre tous ces pays”, argumente-t-il.