Corinne Lepage 22 novembre 2016
Le premier tour de la primaire de la droite, qui est incontestablement un grand succès en terme de participation, fait de François Fillon un gagnant potentiel de la primaire et d’Alain Juppé un challenger. Il conviendra d’analyser le rôle des sondages dans ce résultat car, pour s’être cette fois encore lourdement trompés -même s’ils avaient noté la remontée de François Fillon-, ils ont incontestablement influencé le vote.
Mais, l’essentiel n’est pas là. Si on considère que compte tenu de l’éparpillement de la gauche, et des incertitudes qui planent sur une candidature centriste autre que celle d’Emmanuel Macron, il est très possible que François Fillon se retrouve le seul candidat au deuxième tour face à Marine Le Pen. Néanmoins le fait de voir Marine le Pen au second tour n’est pas une fatalité, mais encore faudrait-il un peu plus de courage pour faire sortir le Front national de l’opportunisme permanent pour démasquer le projet aberrant d’un point de vue des libertés fondamentales mais aussi sur les questions économiques, sociales, environnementales et sociétales. Qui se décidera à faire comme Anne-Sophie Lapix en janvier 2012 sur le plateau du Supplément?
Or, sur trois thématiques qui apparaissent majeures sur le temps long, son élection serait incontestablement un risque pour la France.
Tout d’abord, sans être un climato-sceptique, François Fillon partage une forme de haine de la droite dure sur tout ce qui touche à l’écologie, de près ou de loin. Son amour immodéré pour le nucléaire va nous faire rater encore davantage le virage énergétique que tous les autres pays prennent. Nous ne vendrons évidemment pas plus de centrales nucléaires à l’étranger mais nous ne développerons pas les nouvelles filières de l’efficacité énergétique et du renouvelable, conduisant ainsi à des déficits en termes de création d’emplois. De plus, ce choix en faveur d’une énergie qui est désormais la plus chère du monde va encore accroître le manque de compétitivité de l’économie…