Autodidacte qui abandonne très vite ses études de droit, Bernard Madoff, commence sa vie active comme maître-nageur, crée, dès 1960, à 22 ans, son fonds d’investissement. Au cours des années, comme le montre si bien la minisérie de Paris-Première, il convainc ses dupes – des petits épargnants comme les plus renommées institutions financières – de lui confier leurs fonds.
Madoff met en route à grande échelle un système de cavalerie classique connu sous le nom de pyramide de Ponzi. Le principe est simple : il rembourse les clients sortant du jeu avec les fonds confiés par les nouveaux entrants. Son incroyable capacité à inspirer confiance draine vers son fonds d’investissement des sommes colossales. Grâce à cette fortune mal acquise, Madoff acquiert des propriétés immobilières à New York, en Floride, à Antibes, ancre ses yachts de luxe dans les marinas les plus prestigieuses, devient membre de country clubs les plus sélectifs.
En 2008, les turbulences financières provoquées par la crise des subprimes grippent le système : ses clients se précipitent pour récupérer leurs mise. Acculé, Madoff révèle la supercherie. L’arnaque est évaluée à 65 milliards de dollars (61 milliards d’euros), accumulés auprès de 20 000 investisseurs trop naïfs. Coupable de la plus grande escroquerie du siècle, Madoff, alors âgé de 70 ans, est condamné par un tribunal fédéral de Manhattan à 150 ans de prison.
D’autres coups du sort les frappent dans les années suivantes. En 2010, son fils Mark est retrouvé pendu dans son appartement. En 2014, son fils cadet, Andrew, décède d’un cancer. Ses codétenus, dans l’enceinte de la prison de sécurité intermédiaire de Butner, en Caroline du Nord, le plaignent, parce que son épouse Ruth, comme ses petits-enfants, ont cessé de lui rendre visite depuis plusieurs années.
Bernard Madoff ne se laisse pas aller pour autant. Employé au magasin de la prison, il vend barres chocolatées et chips à ses codétenus. Parmi ceux-ci, les plus célèbres sont proches de lui. En particulier Carmine Persico, un boss de la mafia new yorkaise et Jonathan Pollard, l’espion israélien , libéré l’année dernière, avec lequel il fréquentait la synagogue du centre de détention.
Condamné en 2006 pour vente illégale de médicaments et récemment libéré, Joe Mancini a côtoyé plusieurs années Bernard Madoff. Selon son témoignage à la chaîne ABC, « de nombreux prisonniers lui prêtent des connaissances en matière financière et lui demandent des conseils. » L’escroc est surtout apprécié pour avoir pris le crime à sa charge et épargné ses anciens employés. « Il n’a balancé personne, de quoi s’attirer le respect dans l’univers de la prison! » explique Joe Mancini.
Un autre ancien taulard, J. D. Winfield a lui aussi raconté le quotidien de la prison à ABC : « Ses codétenus le laissent tranquille. Je me souviens d’un seul incident. Madoff s’est pris une baffe parce qu’il a changé de chaîne, un soir où on regardait la télé. »