Pearl Harbor, 75 ans après : « Aux yeux de nos dirigeants, nous étions juste bons à jeter », témoigne un vétéran japonais
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe entame lundi 26 décembre une visite historique à Pearl Harbor aux côtés de Barack Obama. C’est la première fois qu’un chef de gouvernement japonais se rend sur les lieux, là où 2 400 Américains ont péri lors du bombardement de la base navale par les Japonais le 7 décembre 1941.
Soixante quinze ans après l’offensive japonaise sur la base navale américaine, Kuniyoshi Takimoto, ancien mécanicien de l’armée japonaise, se souvient. Le 7 décembre 1941, il est en poste sur le porte-avion Hiryu, à 460 kilomètres de l’objectif. Sa mission : armer les avions japonais avant leur décollage lors de l’attaque surprise qui précipitera l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. « On faisait juste notre boulot », déclare ce vétéran à l’AFP.
Sans Pearl Harbor, pas d’Hiroshima
Kuniyoshi Takimoto a aujourd’hui 95 ans. « À l’époque, je me suis demandé comment un petit pays pauvre et sans ressource pourrait s’en sortir face à une aussi grande puissance », se souvient cet habitant d’Osaka. Après la guerre, il deviendra agent immobilier. Mal à l’aise vis-à-vis de cette attaque « déloyale », ce vétéran, qui dit éprouver « une profonde colère », n’aura de cesse de dénoncer l’élite militariste qui dirigeait le Japon de l’époque.
Aux yeux de nos dirigeants, nous n’étions pas des êtres humains. Nous étions juste bons à jeter
Kuniyoshi Takimoto, vétéran de l’attaque de Pearl Harbor
à l’AFP
Kuniyoshi Takimoto voue une véritable haine à l’attaque de Pearl Harbor, celle qui est à l’origine, selon lui, des bombardements atomiques américains qui frapperont Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
La visite du Premier ministre Shinzo Abe à Pearl Harbor lundi intervient sept mois après la venue historique de Barack Obama à Hiroshima, fin mai 2016.