30 décembre 2016
Voilà une affaire qui risque de donner des cheveux blancs au Président Macky Sall. Alors qu’il est déjà très critiqué à propos du pétrole par l’opposition sénégalaise, son homologue mauritanien réclame désormais la paternité des gisements d’or noir découverts au large de Saint-Louis. Une revendication dont le timing correspond bizarrement au lancement de la construction d’un port militaire à 15 km seulement de la capitale de la région Nord du Sénégal.
Qui disait que le pétrole charrie la malédiction ? En tout cas, il risque d’enflammer les relations entre le Sénégal et sa voisine la Mauritanie. Selon le Site «Afric Telegraph», et plusieurs médias mauritaniens, le gouvernement mauritanien réclame la paternité des gisements découverts à hauteur de Saint-Louis. Et le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz aurait personnellement porté la revendication auprès de son homologue sénégalais, qui ferait la sourde oreille. A en croire nos confrères, «cette prétention (de la Mauritanie) irrite et préoccupe le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, qui cherche à savoir comment il pourrait convaincre son homologue et voisin du nord que Saint-Louis, ancienne capitale de l’ex-Afrique occidentale française, relève bien du territoire de son pays».
Pour le moment, précise «Afric Telegraph», le dossier est tenu secret entre les deux Etats. Mais, pourrait-il l’être encore longtemps ? C’est sûr que si la partie mauritanienne persiste dans sa revendication, l’affaire risque de finir en contentieux international. Ce qui pourrait retarder la mise en valeur de cette ressource et faire tomber à l’eau toutes les prévisions bâties sur son exploitation à partir des années 2020.
Construction d’un port militaire à moins de kilomètre de Saint-Louis
Il est curieux que la Mauritanie fasse des revendications sur des gisements découverts au large de Saint-Louis, juste au moment où elle a lancé dans la zone un vaste projet portuaire, avec une composante militaire essentielle. En réalité, c’est une véritable base militaire navale que Nouakchott va installer à Ndiago, (embouchure du fleuve Sénégal) à moins de 15 km de Saint-Louis. «Le nouveau port de Ndiago revêt un caractère stratégique du point de vue défense et sécurité», avait déclaré, entre autres, le Président mauritanien, au lancement des travaux, le 6 décembre dernier. Son ministre de la Défense Mamadou Bathia avait précisé que le projet comporte «un port militaire à quai accostable des 2 bords et une base navale», en plus d’un chantier naval, d’un port de pêche.
La construction du port confiée à «Polytechnology», spécialisé dans le commerce d’armement et de technologies militaires et «blacklistée» dans beaucoup de pays
Pour preuve que ce port va abriter une forte activité militaire, il y a la forte implication de l’armée dans le projet. Mieux, il y a l’entreprise chargée de sa construction. Le gouvernement mauritanien a jeté son dévolu sur l’entreprise chinoise «Polytechnology». Celle-ci fait essentiellement dans la recherche et développement de la défense, dans le commerce international d’armement et de technologies militaires et la fourniture de solutions intégrées pour la défense et les systèmes de sécurité. Seulement, elle ne traîne pas une bonne réputation. La société est «blacklistée» un peu partout en Afrique et dans le monde. Dans des pays comme le Nigéria, le Zimbabwe, la Namibie, la société est accusée de pratiques pas catholiques. Mais les griefs concernant le domaine militaire viennent surtout des Etats-Unis, qui accusent «Polytechnology» et trois autres entreprises d’avoir enfreint une loi visant à entraver le développement des armes de destruction massive par l’Iran, la Corée du Nord ou la Syrie. Ça sent le roussi.
Mbaye THIANDOUM