11/01/2017 à 06h52 Mis à jour le 11/01/2017
Un rapport de 35 pages agite les médias américains. Présenté à Donald Trump par les renseignements américains, il contiendrait des informations compromettantes recueillies par Moscou sur lui. En cours de vérification par le FBI, il évoque aussi des liens entretenus de longue date entre le nouveau président américain et la Russie.
Alors que Barack Obama a donné cette nuit son dernier discours en tant que président des Etats-Unis, c’est un document de 35 pages qui agite les médias outre-atlantique. Un rapport des chefs du renseignement américain a été divulgué à la veille de la première conférence de Donald Trump en tant que chef de l’Etat.
Rapporté par CNN et publié dans son intégralité par Buzzfeed, ce mémo encore non vérifié a été présenté à Donald Trump vendredi par les chefs du renseignement américain, qui lui ont adressé un résumé de deux pages, d’après CNN et le New York Times. Ils lui ont aussi présenté leur rapport, partiellement déclassifié, qui récapitule l’ensemble des opérations de piratage informatique et de désinformation pilotées par la Russie.
Une vidéo clandestine tournée à Moscou en 2013
S’il a de quoi faire de l’ombre à la sortie de Barack Obama, c’est parce qu’il évoque des informations compromettantes recueillies par la Russie sur le candidat républicain, devenu le prochain président américain.
« Buzzfeed News publie le document entier pour que les Américains puissent se faire leur propre idée à propos des allégations sur le président élu qui circulent parmi les plus haut niveaux du gouvernement américain », explique la publication pour justifier son choix éditorial.
Comme le précise Buzzfeed, le rapport circule depuis plusieurs semaines dans les sphères politiques, de l’intelligence et des médias. Il est composé d’une série de notes datées de juin à décembre 2016, rédigées par un ancien agent du contre-espionnage britannique. Elles auraient été préparées à l’attention des opposants politiques de Donald Trump. Jugé crédible par le renseignement américain, le document est en cours de vérification par le FBI.
« Une chasse aux sorcières » pour Trump
Les notes, que Buzzfeed explique ne pas être en mesure d’authentifier, contiennent en particulier des informations sur une vidéo à caractère sexuel, une sextape, tournée dans un hôtel de Moscou clandestinement en 2013 par les services russes, afin de servir de moyen de chantage. Elle impliquerait des prostituées russes.
Le document contient aussi des informations sur des échanges de renseignements supposés entre Donald Trump, certains de ses proches et le Kremlin, qui auraient circulé dans les deux directions et pendant des années. Malgré les zones d’ombre qui les entourent pour le moment, ces informations agitent jusqu’à la sphère politique et au Congrès. L’ancien porte-parole d’Hillary Clinton, Brian Fallon, a appelé le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, à autoriser une commission d’enquête spéciale.
Obama se refuse à commenter
Donald Trump a réagi à ces allégations sur son compte Twitter, comme à son habitude. « Fausses informations – une chasse aux sorcières totale! », a estimé le président élu, en lettres capitales.
FAKE NEWS – A TOTAL POLITICAL WITCH HUNT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 11, 2017
Quelques heures plus tôt, son avocat, Michael Cohen, a qualifié ces informations de « ridicules, à plusieurs niveaux ». Cité par ces notes, qui évoquent de manière détaillée un voyage qu’il aurait effectué à Prague pour y rencontrer des interlocuteurs russes, l’avocat s’est- défendu sur son compte Twitter. « Je ne suis jamais allé à Prague de ma vie », a-t-il écrit.
Pour sa part, Barack Obama a déclaré sur la chaîne NBC qu’il ne « commentait pas les informations classifiées ».
I have never been to Prague in my life. #fakenewspic.twitter.com/CMil9Rha3D
— Michael Cohen (@MichaelCohen212) January 11, 2017
En fin de matinée, le Kremlin a réagi à ces annonces, affirmant que la Russie n’avait pas de « dossiers compromettants » sur Donald Trump. D’après les autorités russes, les propos du renseignement américain sont une « falsification totale » destinée à saper les relations avec Washington.
Charlie Vandekerkhove avec AFP