PenelopeGate : l’enquête qui plombe la campagne de Fillon

Francois FILLON © Malick MBOW
Francois FILLON © Malick MBOW

M6info2 février 2017

 

AFP PHOTO / Eric FEFERBERG

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“Je n’ai jamais été l’assistante de mon mari”. Cette phrase signée Penelope Fillon date de 2007. Elle est dévoilée ce jeudi soir par l’émission Envoyé Spécial de France 2, et sème un peu plus le trouble sur l’affaire des emplois présumés fictifs de l’épouse du candidat de la droite à la présidentielle. Le parquet national financier mène l’enquête depuis une semaine. Une enquête qui s’étend désormais aux enfants Fillon.

Penelope Fillon a déclaré en 2007 dans une longue interview au Sunday Telegraph n’avoir “jamais été l’assistante de [son] mari”. Elle précise même : “Je ne me suis pas occupée de sa communication non plus”. En fait, si : elle a bien été salariée comme assistante parlementaire de son mari, comme l’a révélé Le Canard enchaîné le 25 janvier.

Pour preuve : les contrats de travail saisis par les enquêteurs, lors d’une perquisition mardi à l’Assemblée nationale, selon une source proche de l’enquête. “Tout ce qui était demandé” par les enquêteurs “a été trouvé, et remis”, assure une source parlementaire.

“L’existence d’un travail effectif”

Son avocat, Me Pierre Cornut-Gentille, va même plus loin en déclarant que l’épouse de l’ancien Premier ministre a fourni aux enquêteurs “tous les détails démontrant l’existence d’un travail effectif” comme assistante parlementaire de François Fillon.

Mais alors pourquoi avoir déclaré n’avoir jamais été l’assistante de son époux ? Me Pierre Cornut-Gentille balaye cette question en déplorant “qu’alors qu’une enquête judiciaire est en cours, des phrases ainsi isolées à dessein et sorties de leur contexte donnent lieu à une telle exploitation médiatique”. Il assure qu’elle voulait alors expliquer “qu’elle n’avait pas la même conception de son rôle que l’épouse du Premier ministre britannique”.

Une future perquisition au Sénat ?

Ces emplois étaient-ils fictifs ? C’est la question qui reste dans tous les esprits et à laquelle tente de répondre le parquet national financier, qui a ouvert une enquête pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel.

Concernant le détournement de fonds publics (c’est-à-dire la rémunération qu’elle a perçu comme assistante parlementaire était-elle justifiée ?), Penelope Fillon ne disposait pas de badge d’entrée ni d’adresse électronique au format de l’Assemblée. Mais c’est le cas de nombre de collaborateurs basés en circonscription, observent des sources du Palais Bourbon.

Après l’Assemblée, c’est au Sénat que des documents pourraient être saisis dans les prochains jours.

L’enquête étendue aux enfants

Une enquête désormais étendue aux deux enfants aînés du couple Fillon : Marie et Charles. Ils ont été embauchés comme assistants parlementaires de leur père lorsqu’il était sénateur en 2005-2007, rémunérés selon Le Canard Enchaîné pour 83.735 euros en tout. Sauf qu’ils étaient étudiants en droit.

Selon Le Parisien, ils devraient être rapidement auditionnés par les enquêteurs de l’Office central de la lutte contre la corruption et des infractions financières et fiscales (Ocliff).

Des faits prescrits s’ils sont avérés

Si le “détournement de fonds publics, l’”abus de biens sociaux” et le recel de ces délits sont avérés, ils pourraient cependant ne conduire à aucun jugement. En effet, ils se sont déroulés il y a plus de trois ans, et seraient potentiellement prescrits c’est-à-dire qu’une action en justice ne serait plus recevable.

Pour les faits de “détournement de fonds publics”, qui concernent l’emploi de Penelope Fillon au Palais Bourbon, et d’”abus de biens sociaux”, soit sa rémunération par La Revue des deux mondes, le délai de prescription est de trois ans à compter de la commission des faits. L’infraction de recel, c’est-à-dire le fait de dissimuler, détenir ou transmettre, dans ce cas, de l’argent issu du détournement de fonds publics, n’est prescrite, elle, qu’à partir du moment où elle cesse.

Alors que François Fillon tente tant bien que mal de faire campagne et demande aux parlementaires “de tenir 15 jours”, sa capacité à “tenir” lui est remise en cause jusqu’au sein de la droite, où certaines voix s’élèvent pour lui demander de se retirer et où les “plans B” s’échafaudent en coulisses.

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