La destitution de Hillary Clinton

 

Hillary CLINTON - © Malick MBOW
Hillary CLINTON – © Malick MBOW

Si Hillary Clinton l’avait emporté et se comportait comme Donald Trump le fait actuellement, les républicains seraient les premiers à l’attaquer.

22/02/2017

ÉTATS-UNIS – Satire.

Le président de la Commission des affaires judiciaires, le républicain Bob Goodlatte, a annoncé ce lundi 20 février que la procédure de destitution contre la présidente des États-Unis Hillary Clinton serait directement soumise au vote de la Chambre des représentants.

« Nous en savons plus qu’assez », a-t-il déclaré. « Cette femme mérite la prison, voire pire, pour son crime de haute trahison. »

« Nous savions Hillary Clinton incompétente et corrompue. Mais ces renvois d’ascenseurs avec Vladimir Poutine pour fausser les élections et enrichir les entreprises des Clinton atteignent un nouveau seuil de bassesse, même pour ce couple », a ajouté le président de la Chambre, Paul Ryan.

« Je ne préjugerai pas du résultat étant donné que le Sénat doit encore voter sa culpabilité », a déclaré le président du sénat, Mitch McConnell, « Cependant, au regard de sa conduite, le traître Benedict Arnold passerait pour un patriote. »

« Nous savons désormais que l’équipe de campagne de Hillary Clinton s’est rendue coupable des faits suivants », a poursuivi Bob Goodlatte, citant l’acte d’accusation: « Plusieurs conseillers de la campagne ont été en contact régulier avec les services de renseignement russes. Ils ont fait savoir aux dirigeants de ce pays que l’administration Clinton serait plus accommodante à l’égard de leurs objectifs expansionnistes. En retour, les Russes ont piraté les réseaux informatiques de la campagne de Donald Trump. Les Clinton ont par ailleurs des intérêts économiques importants en Russie. »

« Récemment encore, Hillary Clinton n’a pas hésité à en remettre une couche. Elle a l’habitude détestable de trahir la sécurité des Etats-Unis dans l’intérêt économique de sa famille. Prenons le cas de la Chine. Après avoir feint un durcissement contre ce pays, la présidente a procédé à un revirement spectaculaire, confirmant le principe d’une seule Chine. Laquelle a soudainement violé ses propres lois pour débloquer un long conflit commercial en faveur des Clinton. »

« Les démocrates ont lamentablement tenté de reporter l’attention sur les fuites, fournies par des agents des renseignements animés par le patriotisme. Tant que les fuites venaient de Vladimir Poutine, les démocrates n’y trouvaient rien à redire. Pendant la campagne, la candidate a même supplié le président russe de fuiter davantage d’échanges confidentiels au sein de l’équipe de campagne des républicains », a ajouté Mitch McConnell.

« C’est bien pire que le Watergate », a déclaré Paul Ryan. « Parce le pire ennemi de l’Amérique s’est ingéré dans les affaires de notre pays, et parce qu’à la différence de 1972 cela a faussé les résultats de l’élection. Je n’arrive pas à croire qu’à quelques exceptions près, aucun membre du parti démocrate ne se préoccupe de cela. »

***

On l’a compris, les rôles ont été inversés. Les républicains ont dans l’ensemble préféré renoncer à leur vision traditionnelle de la menace russe plutôt que de gêner Donald Trump. C’est hallucinant. Que Vladimir Poutine domine la planète ne les dérange pas, du moment qu’ils obtiennent leurs baisses d’impôts, la dérégulation, la majorité à la Cour suprême et le démantèlement de l’État.

Dans leur immense majorité, les Républicains considèrent que la vente l’Amérique au diable en échange de bénéfices partisans est un accord acceptable. L’hypocrisie est endémique en politique, mais elle est ici poussée à l’extrême.

Notre République est confrontée à une question curieuse: l’incompétence et la désorganisation manifestes de notre dictateur en puissance sont-elles un bienfait ou une catastrophe? On pourrait penser qu’un démagogue plus compétent causerait davantage de dégâts. À l’heure qu’il est, tous les postes clés de son gouvernement seraient pourvus. Il y aurait moins de désordre, de querelles intestines et une stratégie plus cohérente.

Dans le même temps, l’excentricité même de Donald Trump le rend encore plus dangereux. Sa popularité ne cesse de baisser, mais l’échéance de 2018 (les élections sénatoriales, ndlr) est loin. La vraie question est de savoir qui paiera la facture en premier: les républicains ou la République.

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