Permis d’aménager : les architectes franciliens veulent transformer l’essai

 

 

Catherine JACQUOT- © Malick MBOW
Catherine JACQUOT- © Malick MBOW

Sébastien Chabas, le 06/03/2017 à 19:01

Table-ronde – « Liberté, Création, Architecture et Patrimoine : Passons L(e)CAP » organisée aux Récollets, le 3 mars 2017, par l’Ordre des architectes d’Ile-de-France. © Ordre des architectes Ile-de-France.

TABLE-RONDE. Alors que le dernier seuil d’intervention de l’architecte dans l’élaboration des permis d’aménager vient d’être fixé à travers la loi CAP, les architectes ont reconnu, ce vendredi, à l’assemblée générale du CROAIF, l’extrême importance d' »aller jusqu’au bout » et de se mobiliser pour l’appliquer.

Le permis d’aménager a été au coeur des échanges, le 3 mars 2017, dans l’ancien couvent des Récollets, situé à Paris, entre architectes parisiens à l’occasion d’une table-ronde, intitulée, « Liberté, Création, Architecture et Patrimoine : Passons L(e)CAP », tenue lors de l’assemblée annuelle de l’Ordre des architectes franciliens (CROAIF).

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Quelques jours après cette « grande bagarre » et la publication du décret d’application, fin février 2017 autour du permis d’aménager, la profession d’architectes est désormais consciente qu’elle doit se mobiliser jusqu’au bout pour le faire appliquer. Ce nouveau décret, stipule, en effet, qu’à partir du 1er mai 2017, les demandes de permis d’aménager de lotissements dépassant 2.500 m² devront impérativement faire appel à un architecte pour leur conception.

 

« Une loi CAP, c’est très bien mais cela ne suffit pas », Catherine Jacquot, présidente de l’Ordre des architectes (CNOA)

 

« Une loi CAP, c’est très bien mais cela ne suffit pas », a affirmé Catherine Jacquot, présidente de l’Ordre des architectes (CNOA). Avant d’ajouter : « Le seuil ne veut rien dire ! Il faut des architectes partout. »

 

« Les parlementaires et le gouvernement ont, avec la loi et puis en fixant un seuil bas dans le décret, exprimé leur confiance dans les concepteurs et en particulier dans la profession d’architecte pour améliorer la qualité de l’aménagement des territoires. C’est pour nous une grande responsabilité à laquelle nous nous préparons activement et que nous serons heureux de mettre en oeuvre dès le 1er mai 2017 », a-t-elle ajouté. D’autant plus que durant des années l’étalement périrurbain non maîtrisé a provoqué une perte de création architecturale et induit des comportements aux coûts sociaux, environnementaux et financiers, se sont accordés à dire, Christine Leconte, secrétaire générale de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France, (CROAIF), Jean-Marc Bichat, architecte, Nicola Delon, du Collectif d’architectes Encore Heureux ou encore, Julien Vincent, Architecte et conseiller ordinal à l’Ordre Nouvelle-Aquitaine.

 

« Proposer un véritable urbanisme de projet auprès des élus locaux », Christine Leconte, CROAIF

 

De l’avis des professionnels, l’intervention obligatoire des architectes doit désormais permettre une montée en qualité des lotissements. « Nous devons aussi proposer un véritable urbanisme de projet en conseil auprès des élus locaux et nous investir dans des espaces périurbains laissés pour compte en faveur de davantage de mixité, de liens contextuels », a insisté aussi Christine Leconte, secrétaire générale du CROAIF.

 

« Le seuil à 150 m² ? Un bonus qui montre que les architectes sont intéressés par la commande' », Julien Vincent, conseiller ordinal à l’Ordre Nouvelle-Aquitaine

 

De son côté, Julien Vincent, conseiller ordinal à l’Ordre Nouvelle-Aquitaine et architecte de 120 projets annuels qui ne dépassent pas les 150 m² estime que le décret d’application du seuil de recours à l’architecte à 150 m² publié le 14 décembre 2016 au Journal Officiel pour une entrée en vigueur le 1er mars 2017 est « une avancée » à condition que les architectes s’en saisissent.

 

Concrètement, il s’agit du seuil au-delà duquel les personnes physiques sont tenues de recourir à un architecte lorsqu’elles édifient ou modifient pour elles-mêmes des constructions, à l’exception des constructions à usage agricole. « Avec cet abaissement du seuil à 150 m², c’est un bonus qui va ouvrir la commande aux particuliers, ajoute Julien Vincent. Le défi majeur, est à présent, d’acquérir la confiance des clients. »

 

Réalisation des esquisses dès le départ, prises de parole et suivis sur les chantiers en exclusivité avec les entreprises de construction, telles sont donc les méthodes, présentées par l’architecte bordelais, convaincu que le marché des particuliers est un marché d’avenir.

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Pour être à la hauteur de la tâche qui les attend, les architectes peuvent compter sur l’accompagnement de l’Ordre des architectes d’Île-de-France, a annoncé Jean-Michel Daquin, président du CROAIF. En terme de pédagogie auprès des maîtres d’ouvrage d’abord, mais aussi par des outils permettant à la profession de monter en compétence. « Dès cette année, le CROAIF proposera avec le Pôle, ‘Environnement Ville Architecture’, une formation spécifique dédiée à l’ensemble des acteurs », a-t-il conclu. Un travail de longue haleine, qu’anticipe d’ores-et-déjà la profession.

 

*Etaient présents à la Table-ronde du Croaif « Liberté, Création, Architecture et Patrimoine : Passons L(e)CAP » : Catherine Jacquot, Présidente du CNOA, Hélène Fernandez, Sous-directrice de l’architecture, de la qualité de la construction et du cadre de vie au Ministère de la Culture et de la Communication, Bénédicte Lorenzetto, Chef du service Architecture – DRAC Île-de-France, Jean-Marc Bichat, architecte, Nicola Delon, Collectif d’architectes Encore Heureux, Julien Vincent, Architecte et conseiller ordinal à l’Ordre Nouvelle-Aquitaine.

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