Villa luxueuse, jet privé et Poutine(?)… Trump-Rybolovlev, le tandem qui affole les Etats-Unis

 

TRUMP 2017 © Malick MBOW
TRUMP 2017 © Malick MBOW

POLITIQUE Le président des Etats-Unis et le boss de Monaco se retrouvent mêlés à une vive polémique…

Réalisé sans trucages – SIPA (montage WP)

W.P.

    • Publié le03.2017 à 12:28
    • Mis à jour le03.2017 à 16:18

C’est ce qu’on appelle se faire avoir sur le marché des transferts. Ou plutôt sur celui de l’immobilier. A l’été 2008, alors que la crise des subprimes chatouille Donald Trump et qu’il commence à manquer de liquidités, un miracle vient frapper à sa porte. Il s’appelle Dimitri Rybolovlev, actuel patron de l’AS Monaco. A l’époque, l’oligarque russe n’a rien à voir avec le club du rocher. Il est alors connu pour être à la tête d’un groupe pionnier dans la vente de fertilisants à base de potasse, Uralkali. Et pour s’être fait « entuber » par le nouveau président des Etats-Unis, donc.

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Le coup du siècle de Donald Trump

En 2008, donc, le Russe rachète pour 95 millions de dollars une immense propriété à Palm Beach (Floride) acquise par Trump pour 41,7 millions de dollars. Enorme plus-value, d’autant que le marché immobilier commençait à s’effondrer et que l’Américain ne savait pas s’il réussirait ne serait-ce qu’à vendre son bien à un prix décent. Pas étonnant que cette vente soit alors qualifiée de « coup du siècle » par l’entourage de Donald Trump.

D’autant qu’on ne sait pas trop si le palace, son terrain de 62.000 mètres carrés, ses 17 chambres, sa piscine olympique et ses fontaines grecques en valaient vraiment la chandelle. Preuve en est que « Rybo » a fait raser le palais de la propriété en 2016 et qu’il n’y a jamais vécu. Tout ça pour ça.

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The Winter NYTimes @ystriya

Russian billionnaire Rybolovlev gets to tear down Palm Beach mansion he bought from #Trump.http://www.palmbeachdailynews.com/news/business/real-estate/donald-trumps-95-million-record-setter-turns-out-t/nqsmm/ …

11:08 PM – 30 Mar 2016

 

 

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Officiellement, la relation entre les deux hommes d’affaire ne va pas plus loin que ça. Donald Trump l’affirmait encore le 26 juillet 2016, peu de temps après les révélations du Washington Post concernant le piratage des serveurs du parti démocrate par les Russes :

« Qu’est-ce que j’aurais à faire avec la Russie ? La chose qui me rapproche le plus de la Russie, c’est que j’ai acheté il y a quelques années une maison à Palm Beach en Floride. J’ai acheté la maison pour 40 millions de dollars et je l’ai revendue à un Russe pour 100 millions de dollars, commissions comprises. »

De l’eau a coulé sous les ponts entre les étés 2008 et 2016, si bien que l’entourage de Trump aurait tissé des liens étroits avec l’oligarchie russe (dont Rybolovlev) d’après les médias américains. Pour la faire court, ces fréquentations ont donné lieu à des polémiques dérangeantes concernant le clan du président des Etats-Unis :

  • Démission de Michael Flynn, conseiller pour la sécurité nationale de Trump. Son tort ? Avoir passé quelques coups de fil à l’ambassadeur russe à Washington le jour où Obama sanctionnait Moscou à cause du présumé hacking.
  • Jeff Sessions, ministre de la justice, avait oublié de dire devant le Sénat qu’il avait rencontré deux fois le même ambassadeur les mois précédant l’élection. L’opposition demande sa démission pour parjure, en vain.
  • Wilbur Ross, le nouveau secrétaire d’État au commerce, pourrait avoir des liens avec Dimitri Rybolovlev par l’intermédiaire de la banque de Chypre, dont l’Américain et le Russe étaient respectivement devenus actionnaires à 18 % (en 2014) et 9,7 % (en 2010), avanceMediapart. Evasif, Ross a affirmé devant le Sénat avoir eu un entretien d’une heure avec « un investisseur russe » en 2014. Pas forcément Rybolovlev. Ce dernier est loin d’être le seul investisseur russe de ladite banque. Des soutiens de Poutine y ont également investi.

C’est l’histoire de deux avions, un Russe, et un Américain…

Mais au rayon des spéculations Trump/Rybolovlev, le meilleur restait à venir. Si les deux hommes ne se sont jamais officiellement rencontrés, leurs jets privés, eux, l’ont fait à plusieurs reprises dans des villes où l’ancien candidat républicain tenait des meetings pendant sa campagne (Las Vegas, Charlotte, Burbank, Las Vegas ou encore Miami), d’après des documents officiels.

L’avion de Rybolovlev M-Kate, est passé par plusieurs villes où Trump avait où allait tenir des meetings – Radar24

L’arrêt le plus « problématique » de l’avion du boss monégasque (MKate) concerne l’escale de Rybo à Charlotte, en Caroline du Nord, le 3 novembre (soit à cinq jours de l’élection). D’après la presse locale, celle-ci a duré 22 heures, mais il est peu probable que les deux hommes s’y soient rencontrés étant donné que Trump était en Floride quand le Russe passait à Charlotte. L’hypothèse d’une rencontre entre le dirigeant monégasque et un proche de Trump est avancée par les partisans d’une conspiration.

« Pourquoi son avion se précipiterait-il de Moscou à des destinations étranges comme Charlotte et Concorde, en Caroline du Nord ainsi qu’à Las Vegas, New York, Burbank et Miami, pour y arriver précisément quand Donald Trump était là ? », s’est ainsi interrogé le prix Pullitzer David Cay Johnston devant les caméras de la NBC. Une source de Mediapart précise en outre que Dimitri Rybolovlev n’allait auparavant que très occasionnellement aux Etats-Unis.

« En général, Rybolovlev n’allait à New York, où il a acheté un gigantesque penthouse, qu’une à deux fois par an, souvent pour consulter un médecin. J’ai du mal à croire qu’il se soit déplacé en Caroline du Nord pour ses affaires et, comme par hasard, en même temps que Trump. »

De quoi mener Cay Johnston à s’interroger « Rybolovlev était-il un émissaire de Vladimir Poutine ? » L’affaire prend une telle ampleur que le porte-parole du boss de l’AS Monaco a fini par intervenir le 11 mars, évoquant une « pure coïncidence. » Quelques jours plus tôt, un officiel de la Maison Blanche assurait qu’aucun membre de l’équipe Trump n’avait rencontré le magnat russe. « Ce sont des ordures », avait-il conclu à propos de ces suspicions.

 

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