La démission de Le Roux, cruel rappel du maintien de Fillon
Par Alain Auffray — 21 mars 2017 à 18:16
Bruno Le Roux, le 21 décembre au ministère de l’Intérieur, à Paris. Photo Bertrand Guay. AFP
Les soutiens du candidats LR avaient cru pouvoir se réjouir des ennuis du ministre PS de l’Intérieur. Mais leurs attaques se retournent contre leur champion.
La démission de Le Roux, cruel rappel du maintien de Fillon
Quand la nouvelle est tombée, lundi soir, les amis de Fillon n’ont pas caché leur soulagement. Quelques minutes avant le Grand débat des candidats à la présidentielle, cette affaire d’emplois familiaux présumés fictifs visant un ministre socialiste était une bénédiction. N’était-ce pas la confirmation de la banalité de la faute reprochée à l’ancien élu de la Sarthe ? Un partout, la balle au centre. La bataille pouvait commencer. On allait, enfin, pouvoir «parler du fond».
Un nouvel accusateur
Mais les fillonistes se sont réjouis trop vite. François Hollande ne leur a pas fait le cadeau de ménager son ministre au nom de la présomption d’innocence. Ni le parquet national financier celui de se désintéresser du cas du ministre de l’Intérieur. Visé par une enquête préliminaire et contraint à la démission, Le Roux n’a plus rien d’un témoin à décharge. Il devient, bien au contraire, un nouvel accusateur.
Et les imprudentes déclarations de Damien Abad, porte-parole de Fillon deviennent fort embarrassantes. Croyant bien faire, ce dernier affirmait mardi matin sur Europe que «la cohérence et la logique des choses voudraient que Monsieur Le Roux démissionne du gouvernement». Mais dès lors que cette démission était intervenue, le candidat LR se retrouvait bien démuni dans son combat contre ce qu’il nomme une tentative d’«assassinat politique».
«Parler du fond»
Annie Genevard, autre porte-parole pleine de bonne volonté, a rappelé sur LCP «les propos particulièrement sévères de Bruno Le Roux à l’égard de François Fillon». Elle y ajoutait cette question «le Parquet national financier agira à l’égard de Bruno Le Roux avec la même sévérité que celle dont il a fait preuve à l’égard de François Fillon ?» Là encore, la charge se retourne contre la porte-parole. En se saisissant rapidement de l’affaire, le PNF décrédibilise la théorie d’une justice«instrumentalisée» pour «abattre» le favori de l’élection présidentielle.
Interrogée par Libération, Annie Genevard se défend de vouloir «hurler avec les loups». Pas question, proteste-t-elle, de mettre en cause Bruno Le Roux «aussi longtemps que les faits ne sont pas avérés». Réflexion faite, la droite explique qu’elle s’interdit de traiter le ministre PS comme la gauche a traité le candidat LR. «Nous, nous voulons tourner la page, parler du fond comme on a commencé à le faire au débat de lundi soir», poursuit Annie Genevard.
Pour le camp Fillon, ce fut en effet la bonne nouvelle de cette soirée à haut risque. Le candidat mis en examen a échappé à la mise en cause brutale et spectaculaire qu’il pouvait redouter. Il ne demande qu’une chose : que cela dure jusqu’au 23 avril, malgré cette affaire Le Roux qui n’aura fait, en somme, que réactiver le scandale Fillon.