Présidentielle : quand Martine Aubry enrage

 

Aubry Hamon © Malick MBOW
Aubry Hamon © Malick MBOW

>Elections>Election présidentielle|De notre envoyé spécial Philippe Martinat à Lille (Nord)|30 mars 2017, 7h12|20

 

Election présidentielleMartine AubryBenoît HamonManuel VallsMeeting à LilleEmmanuel Macron

FAIT DU JOUR. En meeting mercredi soir à Lille, Benoît Hamon a pu compter sur l’indéfectible soutien de l’ancienne première secrétaire du PS, Martine Aubry.

Dans son malheur, Benoît Hamon a eu, mercredi, de la chance… Alors que Manuel Valls venait de déclarer qu’il ne voterait pas pour lui mais pour Emmanuel Macron, le hasard du calendrier lui a offert l’occasion de se faire consoler par Martine Aubry. Sa marraine en politique, sa « maman » comme disent, en se moquant un peu, certains de ses camarades du PS. Lors d’un petit tour, bras dessus bras dessous, à Douai avant le meeting à Lille, la dame des 35 heures, « la très grande dame des 35 heures » comme l’appellera même un peu plus tard Benoît Hamon, a eu ce cri du cœur : « Je suis avec lui depuis qu’il est tout petit et je le serai jusqu’au bout ! »

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«Qui se rassemble s’assemble»

 

Dans son discours devant les militants et sympathisants du palais des sports Saint-Sauveur, Martine Aubry, tout juste rétablie d’une douloureuse opération du dos, a avoué en préambule avoir « enragé » de n’avoir pu soutenir son poulain lors de la primaire. Pour se racheter, elle s’est chargée mercredi de porter les coups les plus durs contre Manuel Valls et Emmanuel Macron. Entourée de sa garde rapprochée (dont Jean-Marc Germain, codirecteur de campagne de Hamon et François Lamy) et de sa complice de toujours, la Verte Cécile Duflot, la maire de Lille fustige : « J’ai entendu ce matin Manuel Valls. Macron/Valls, finalement, est-ce une surprise ? Qui se rassemble s’assemble. La parole donnée ne compte pas, ce qui compte, c’est de garder le pouvoir. » Suit l’estocade qui vise aussi Jean-Yves Le Drian, coupable, selon elle, d’avoir déclaré soutenir Macron tout en restant socialiste : « A ce ministre comme à ceux qui l’ont précédé ou le suivront, je dis : on n’est pas socialiste par déclaration mais parce qu’on défend les valeurs qui sont les nôtres. »

 

Hamon vante sa «centralité à gauche»

 

Avant de consacrer un long dégagement contre l’extrême droite de Marine Le Pen qualifiée de « mafia » dans une région où les scores du FN flambent, Hamon (qui avait le matin même condamné Valls mais qui ne le citera pas nommément en meeting) a quand même matraqué lui aussi le chef de file d’En Marche ! « J’ai été stupéfait, a-ba-sourdi de l’entendre dire : Nous n’avons pas besoin de la gauche de 1981, ni des factieux de 1934, s’est écrié le candidat PS. Comme si les Croix de Feu c’était la même chose que les socialistes, comme si Maurras c’était la même chose que Mauroy ! »

 

Qu’auront retenu de son discours les auditeurs lillois de Benoît Hamon ? On ne sait. Au bout d’une heure trente d’une intervention un peu décousue, il est finalement revenu sur le chemin tracé par Aubry qui avait lancé un appel au vote utile pour son protégé. Vantant sa « centralité à gauche » et sa capacité à parler à toute la gauche, Hamon a « regretté que dans un moment comme celui-là une partie de notre famille politique ait décidé de nous quitter ». Et qu’« un certain caractère » empêche d’autre part Jean-Luc Mélenchon « d’être plus utile à la gauche ». Entendez, en se ralliant à lui. Cela fait quand même beaucoup de voies d’eau à boucher en même temps.

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