Référendum en Turquie : le camp Erdogan proclame la victoire du oui, l’opposition dénonce des manipulations

 

 

 Erdogan © Malick MBOW
Erdogan © Malick MBOW

Les électeurs turcs se sont prononcés dimanche sur un projet qui doit renforcer les pouvoirs du président Erdogan. Les partis d’opposition dénoncent des « manipulations » des premiers résultats.

LES FAITS

LE LIVE

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Le Monde il y a 3 minutes

 

Bonsoir, y a-t-il eu des réactions du côté des pays européens ? et des pays frontaliers comme la Syrie ?

-Thomcraponne

 

Du côté européen, seul Sigmar Gabriel, le ministre allemand des affaires étrangères, a réagi pour appeler au calme, alors que la courte victoire du oui était à peine connue. Il s’est aussi réjoui de la fin d’une campagne électorale, qui a suscité de multiples tensions entre Ankara et ses voisins européens. Erdogan s’est emporté contre les dirigeants allemands, qualifiés de « nazis », quand des meetings électoraux de l’AKP ont été annulés en Allemagne, pays où est installée une importante minorité turque.

Cette prise de position lapidaire de M. Gabriel, et le silence des chancelleries occidentales, donnent une idée de l’embarras suscité par le renforcement des pouvoirs de celui qui est déjà considéré comme l’homme fort de la Turquie. Les Européens ont critiqué les purges massives qui ont suivi le putsch raté de juillet 2016. Il s’inquiètent d’une dérive autoritaire de M. Erdogan, et considère que son régime n’est pas compatible avec les standards européens. La réintroduction de la peine de mort, suggérée de temps à autres par M. Erdogan, risque dans ce contexte de précipiter la rupture des négociations d’adhésion à l’UE.

Cependant, les Européens ont cherché à préserver leurs liens avec le chef de l’Etat turc, afin entre autres de maintenir l’accord migratoire signé avec lui voici un an, qui a permis de réduire les arrivées de migrants sur les cotes grecques. La position géostratégique clef de la Turquie, membre de l’OTAN et frontalière de la Syrie, explique également cette retenue.

Le Monde il y a 24 minutes

 

Le président Recep Tayyip Erdogan s’est dit prêt à organiser un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, après s’être déclaré victorieux d’une consultation populaire sur un renforcement de ses pouvoirs, dimanche. Répondant à une foule qui criait « peine de mort », M. Erdogan a dit qu’il allait « maintenant discuter de cela avec [le premier ministre Binali] Yildirim ». Si l’opposition soutient le rétablissement de la peine capitale, « alors j’approuverai » cette mesure, a-t-il affirmé, si elle ne le soutient pas, « alors nous organiserons un nouveau référendum ».

 

Le président turc avait déjà évoqué le sujet durant la campagne. « Je crois, si Dieu le veut, que le Parlement fera le nécessaire à propos de vos exigences sur la peine capitale après le 16 avril », avait lancé Recep Tayyip Erdogan, lors d’un meeting le 18 mars. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait aussitôt répliqué que « si la peine de mort [était] réintroduite en Turquie, cela entraînera[it] la fin des négociations [avec l’UE]. » 

Le Monde il y a 31 minutes

 

Notre envoyé spécial Allan Kaval nous informe de petites manifestations dans les rues d’Istanbul pour protester contre la victoire du oui au référendum. Ci-dessous, une vidéo relayée par Sendika.org, un média d’opposition en ligne.

 

Le Monde il y a 40 minutes

 

Après s’être exprimé en son palais présidentiel, Recep Tayyip Erdogan a ensuite pris la parole au siège de l’AKP :

 

« Vous aviez écrit déjà une page épique le 15 juillet [contre les putschistes] et cela en est une nouvelle. On peut faire aussi un référendum sur la peine de mort”, a déclaré le président turc, qui s’était déjà exprimé, durant sa campagne, sur un possible rétablissement de la peine capitale. “Une nation, une patrie, un drapeau, un Etat : qu’est-ce qui peut être meilleur que cela ?”, a lancé Recep Tayyip Erdogan, pris par l’ivresse de son verbe, sous les applaudissements de la foule.

“Tout le monde était contre nous, mais vous leur avez donné la bonne réponse, a-t-il encore martelé devant ses partisans. Il n’y aura plus de ralentissement et nous ne patinerons plus, nous irons maintenant encore plus vite de l’avant.”

 

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Le Monde il y a 43 minutes

 

URGENT

Devant les militants de l’AKP, le président Erdogan évoque l’idée d’un nouveau référendum, sur le rétablissement de la peine de mort.

Le Monde le 16 avril à 21h47

 

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Les partisans du président turc, Recep Tayyip Erdogan, célèbrent la victoire au siège du parti à Izmir, en Turquie, le 16 avril
(Osman Orsal/Reuters).

 

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Le Monde le 16 avril à 21h46

 

La réforme constitutionnelle approuvée dimanche visait à élargir les compétences du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, Tout en prétendant s’inspirer des modèles de république présidentielle à l’américaine ou semi-présidentiel à la française, elle instaure un régime hyperprésidentiel, sans équivalent dans aucun pays démocratique, selon le décryptage de notre envoyé spécial à Ankara Marc Semo

  • La nouvelle loi fondamentale entrera en vigueur au plus tard d’ici à 2019. Cependant, au moins deux des dix-huit articles approuvés par les électeurs seront immédiatement mis en œuvre : celui qui permet au chef de l’Etat d’être le leader de son parti et celui qui lui permet de prendre en main le Haut conseil des juges et des procureurs, chargé de nommer et destituer le personnel judiciaire.
  • Le chef de l’Etat aura entre ses mains tout le pouvoir exécutifnommant lui-même les ministres et un ou plusieurs vice-présidents. Le poste de premier ministre, actuellement occupé par le pâle Binali Yildirim, disparaît. Le président aura aussi la haute main sur le pouvoir judiciaire. Il nommera douze des quinze membres de la Cour constitutionnelle et six des treize membres du Haut Conseil des juges et procureurs. Le Parlement choisira les sept autres. Seul point positif de la réforme : le chef de l’Etat devient pénalement responsable et s’il est accusé ou soupçonné d’avoir commis un délit, le parlement pourra exiger une enquête. Mais à condition de recueillir une majorité des trois cinquièmes.
  • Les députés seront réduits à jouer les utilités avec des pouvoirs très limités. Dans la logique de la réforme, les députés, dont le nombre passera de 550 à 600, seront dans leur majorité de la même couleur politique que le président. Pour limiter le risque de cohabitation, les élections législatives et présidentielles seront donc simultanées et se dérouleront tous les cinq ans – contre quatre actuellement. Certes, le parlement a toujours le pouvoir d’élaborer, d’amender ou d’abroger les lois, et, théoriquement, le président ne peut promulguer de décret sur des sujets déjà clairement régulés par la loi. Mais il dispose d’un droit de veto.
  • Dans les faits, la réforme instaure, au moinspour Erdogan, une quasi présidence à vie. Elle fixe au la date des prochaines élections présidentielles et législatives au 3 novembre 2019. Le président sera élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.

Les autorités turques clament que le but de la réforme est de garantir un fonctionnement plus rapide et efficace de l’exécutif ainsi qu’une meilleure stabilité en évitant les gouvernements de coalition. Les juristes et politologues turcs, à l’exception de ceux liés à l’AKP, sont unanimes à dénoncer les dangers du régime ainsi instauré. Il est en de même parmi les Européens et outre-Atlantique. « On a avec ce texte un système unipersonnel, sans beaucoup d’Etat de droit et de contre-pouvoirs, autoritaire et très clairement en contradiction avec les critères politiques européens », souligne Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne à Ankara et chercheur au centre de réflexion Carnegie Europe.

Le Monde le 16 avril à 21h45

 

Sibel Yigiltalp, parlementaire HDP de Diyarbakir :

Nous n’acceptons pas ce résultat et il ne peut pas être considéré par le camp du oui comme une victoire. Ce référendum n’a rien de démocratique. Il est clair que la société turque est divisée en deux camps de force équivalente. Elle ne peut pas être gouvernée. Dans les régions kurdes, nous avons voté à l’ombre des armes. Nous avons la conviction que de nombreuses fraudes ont été commises et nous allons contester ce résultat même si nous savons qu’il n’y aura aucun changement pour les Kurdes.

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Le Monde le 16 avril à 21h35

 

Notre envoyé spécial à Ankara, Marc Semo, analyse les résultats de cette consultation :

 

 

C’est une victoire étriquée, lourde d’inconnues et jugée par beaucoup déjà illégitime que celle remportée par Recep Tayyip Erdogan dimanche 16 avril avec le référendum instaurant une hyperprésidence où le chef de l’Etat disposerait de pouvoirs élargis, contrôlant de fait l’exécutif mais aussi très largement le législatif et le judiciaire.

 

Le oui l’a emporté avec 51,3 % selon des résultats non encore définitifs, loin du plébiscite escompté il y a encore quelques mois par celui que ses partisans appellent « reis » (« le chef ») et qui se voyait encore renforcé après l’échec du coup d’Etat militaire de juillet 2016. Le verdict des urnes est sans appel. Certes, il a légalement la majorité qui lui permet de mettre en œuvre cette réforme, mais en a-t-il la légitimité ?

 

« Une réforme d’une telle ampleur qui bouleverse les fondamentaux de la république ne peut s’appuyer sur une si courte majorité », relevait sur les ondes de CNN Turk Murat Yetkin, directeur du quotidien Hurriyet Daily News. En outre, les principales villes du pays – à commencer par Istanbul, dont Recep Tayyip Erdogan fut le maire, et Ankara – ont donné une courte victoire au non. C’est un signal fort, car ces grandes villes votent majoritairement depuis trois décennies en majorité pour les partis islamistes et depuis 2002 pour l’AKP. Un vote qui est celui des banlieues mais aussi des classes moyennes. Ce retournement est un véritable camouflet pour l’homme fort de la Turquie, qui disposait déjà d’un pouvoir sans équivalent depuis Atatürk et qui voulait transformer en pouvoir de jure son pouvoir.

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Le Monde le 16 avril à 21h32

 

Bonjour,Si le HDP et le CHP maintiennent leurs revendications de recompte des voix, cela pourrait-il être fait dès ce soir? Que sait-on sur ces fameux bulletins non tamponnés?Merci d’avance.

-Julien

 

Bonsoir, un nouveau comptage des voix n’aura pas lieu ce soir. Mais les plaintes déposées par le CHP (kémalistes, partisans de la laïcité) et le HDP (prokurde) vont jeter une ombre sur la victoire du oui.

A propos des bulletins non tamponnés, la Haute Commission électorale a décidé de comptabiliser comme valides les enveloppes non tamponnées par les scrutateurs des bureaux de vote au prétexte que des électeurs se seraient plaints de ce que leurs enveloppes n’avaient pas été tamponnées.

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Le Monde le 16 avril à 21h27

 

Avec ce score (51,30%, à confirmer), Erdoğan peut difficilement invoquer un soutien populaire massif, tout comme il peut difficilement invoquer un éventuel complot. Ce résultat n’est-il pas le pire scénario qu’il pouvait imaginer ?

-Arthur

 

Non, ça n’est pas le pire scénario pour M. Erdogan, le pire aurait été une victoire du non. Evidemment, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes des islamo-conservateurs, mais pour M. Erdogan le résultat ne souffre pas de contestation, quand bien même le CHP, le principal parti d’opposition, demande un nouveau décompte des voix pour 60 % des bureaux de vote.

Le Monde le 16 avril à 21h27

 

 

Le président Recep Tayyip Erdogan s’est exprimé en son palais présidentiel, dimanche soir, à l’issue du référendum sur le renforcement de ses pouvoirs :

“La Turquie a pris une décision historique sur sa forme de gouvernement et l’enjeu allait bien au delà des dix-huit articles qui étaient soumis aux électeurs”, a expliqué le chef de l’Etat, rappelant aussi que “c’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un changement de Constitution se fait au Parlement et par le vote du peuple”  et non pas par un coup d’Etat militaire ou après une guerre. Et de marteler “qu’encore en 2015, à peine 25 % ou 30% des citoyens du pays approuvaient le système alors qu’aujourd’hui, ils sont majoritaires. 

“Le référendum est fini et  les polémiques qu’il a suscitées doivent maintenant appartenir au passé. Ne fatiguez pas le pays avec des  discussions inutiles, je le dis aussi aux autres pays, nos alliés , et aux institutions internationales : respectez la volonté de la nation”, a insisté le président turc tout en rappelant que “ tous les articles de la réforme n’entreront pas en vigueur tout de suite et pour la plupart après les élections législatives et présidentielles du 3 novembre 2019”.

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Le Monde le 16 avril à 21h26

 

Si le oui l’emporte avec si peu d’écart sur le non, Erdoğan peut-il tout de même faire passer sa réforme ? N’a-t-il pas besoin d’un plebiscite plus large ?

-LB

Il va pouvoir faire passer sa réforme malgré cette victoire en demi-teinte, pour gagner le référendum il lui fallait 50 % + une voix, il en a obtenu 51,3 %. D’après son entourage, il va même accélérer l’application des nouveaux amendements constitutionnels (dix-huit en tout), qui devaient pour une large partie entrer en vigueur en 2019, à l’origine.
Le Monde le 16 avril à 21h18

 

Ce que l’on sait à 21 h 15 :

 

  • Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a salué dimanche la victoire du oui au référendum sur l’élargissement des pouvoirs présidentiels.« C’est un moment historique, un changement très sérieux pour l’avenir de la Turquie », a déclaré le chef de l’Etat.
  • Après dépouillement de 99 % des suffrages, le oui obtient 51,35 % des voix, selon l’agence de presse Anatolie.
  • Les grandes villes Ankara (51,13 %), Istanbul (51,35 %) et Izmir (68,78 %) ont voté majoritairement non.
  • Les deux principaux partis d’opposition ont dénoncé des « manipulations »à l’issue du référendum.

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Le Monde le 16 avril à 21h17

 

URGENT

S’exprimant en son palais présidentiel devant la presse pour commenter l’issue du vote, le président Erdogan a salué le résultat du référendum constitutionnel sur le renforcement de ses pouvoirs: « C’est un moment historique, un changement très sérieux pour l’avenir de la Turquie. » « C’est toujours difficile de choisir quelque chose de nouveau », a convenu le chef de l’Etat, comme pour justifier l’étroitesse de sa victoire.

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Le Monde le 16 avril à 21h10

 

Ce faible écart entre le oui et le non peut-il laisser penser que Erdogan infléchira quelques peu ces projets, on considérera-t-il cette victoire comme totale?

-LoloLeDino

 

Le président Erdogan a gagné comme il le souhaitait : la réforme constitutionnelle va pouvoir entrer en vigueur. Mais étant donné la faible avance du oui, il a raté le plébiscite qu’il espérait. Les plus grandes villes ont voté contre le renforcement de ses pouvoirs. Le pays semble divisé comme jamais entre les partisans de longue date du pouvoir islamo-conservateur, et ses détracteurs kurdes, laïques ou libéraux.

 

Le Monde le 16 avril à 21h05

 

Le président Recep Tayyip Erdogan, lui, ne s’est pas encore exprimé, mais il est censé le faire, toujours de ce balcon du siège de l’AKP, devant lequel une foule de quelques milliers de personnes s’est massée en agitant des drapeaux turcs et du parti.

Des manifestants qui tentaient de se rendre devant la Haute Commission électorale, sur l’avenue Mithat Pasa, dans le centre de la capitale, ont été bloqués par la police.

Le Monde le 16 avril à 21h05

 

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Le Premier ministre turc Binali Yildirim s’adresse à ses partisans au siège de l’AKP à Ankara, le 16 avril (Umit Bektas/Reuters).

 

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Le Monde le 16 avril à 21h04

 

Des feux d’artifice ont éclaté au QG de l’AKP, comme le montre une photographie d’un journaliste du Guardian sur place.

 

Le Monde le 16 avril à 20h54

 

Le premier ministre turc, Binali Yildirim, a commenté les résultats du référendum sur l’élargissement des pouvoirs présidentiels du balcon du siège de l’AKP, où tous les dirigeants du parti étaient réunis.

 

« Selon des résultats encore non officiels, le oui a gagné le référendum”, a-t-il lancé, commençant son discours en clamant : “Nous sommes un seul corps, une seule nation, nous sommes des frères et nous devons garder notre unité.” “Ces résultats montrent la maturité démocratique de notre pays », a-t-il poursuivi, soulignant : “On peut avoir des choix et des opinions différents, mais il faut rester ensemble.” Dans son discours, il n’a cessé de répéter ces mêmes thèmes en boucle alors même que les résultats ont montré une Turquie toujours plus fortement clivée où les grandes villes qui furent longtemps aussi les bastions de l’AKP lui tournent le dos même si le oui l’emporte au niveau national avec 51,34 % des voix.

« Le Turquie ouvre une nouvelle page de son histoire démocratique », a déclaré le chef du gouvernement devant les partisans de la réforme réunis à Ankara.

« Le dernier mot revient à la nation et la nation a dit oui », a clamé Binali Yildirim, qualifiant le résultat du référendum de « meilleure réponse » aux commanditaires de la tentative de coup d’Etat manquée de juillet dernier, aux militants séparatistes kurdes et aux forces étrangères hostiles à la Turquie.

 

Le président Recep Tayyip Erdogan avait estimé un peu plus tôt que les résultats du référendum étaient « clairs », selon des sources à la présidence, bien que ceux-ci soient contestés par une partie de l’opposition qui dénonce des irrégularités.

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Le Monde le 16 avril à 20h53

 

Dans les bastions du mouvement kurde du sud-est de la Turquie, le non l’emporte sans surprise, d’après notre envoyé spécial Allan Kaval. Cependant la carte du non ne recoupe pas celle des départements où le Parti démocratique des peuples (HDP) avait obtenu la majorité des voix lors des élections législatives du 1er novembre 2015. Le oui l’emporte dans deux départements où le HDP avait alors obtenu la majorité des voix. Par ailleurs, les scores du non ne sont pas toujours au niveau de ceux obtenus lors de ce scrutin dans les départements où le HDP est majoritaire. Bien que la participation reste élevée, elle accuse une certaine baisse. Affaibli par un contexte défavorable lié au traumatisme de la guerre des villes et par une campagne qui n’a pas été menée à armes égales contre le camp du oui, le HDP n’a pas relevé le défi que constituait la remobilisation de sa base.

Le Monde le 16 avril à 20h47

 

URGENT

 Le premier ministre turc, Binali Yildirim, revendique la victoire du oui au référendum.

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Le Monde le 16 avril à 20h46

 

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Des membres de la communauté turque vivant en Allemagne après les premiers résultats du référendum sur la constitution à Berlin, en Allemagne, le 16 avril (Hannibal Hanschke/Reuters).

 

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Le Monde le 16 avril à 20h40

 

Le ministre des affaires étrangères allemand, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a lancé dimanche soir un appel au calme en marge de la publication des résultats préliminaires du référendum. « Nous sommes tous bien avisés de garder la tête froide et d’agir avec calme », a-t-il dit dans un bref commentaire, alors que le oui semblait l’emporter avec une faible avance.

  1. Gabriel s’est réjoui que la campagne électorale, souvent âpre ces dernières semaines, soit désormais terminée. La campagne a suscité de vives tensions entre Ankara et certaines capitales européennes inquiètes des intentions du président turc, à commencer par Berlin. Le président Erdogan n’avait pas hésité à qualifier de « nazie » l’attitude des dirigeants allemands quand des meetings favorables à la réforme avaient été annulés en Allemagne. Une mise en cause qu’Angela Merkel et son gouvernement n’avaient pas du tout appréciée.

 

Le Monde le 16 avril à 20h40

 

Le point sur les résultats à 20 h 36 (agence de presse Anatolie) :

  • Le oui l’emporte toujours avec 51,34 % des voix, sur 98,95 % des bulletins dépouillés.
  • Les grandes villes Ankara (51,14 %), Istanbul (51,34 %) et Izmir (68,78 %) ont voté majoritairement non.

Le Monde le 16 avril à 20h28

 

Les deux principaux partis d’opposition au président Recep Tayyip Erdogan ont dénoncé dimanche des « manipulations » à l’issue du référendum, dont les résultats partiels donnent une courte victoire au oui.
Bülent Tezcan, secrétaire général adjoint du premier parti d’opposition, le CHP (social-démocrate), a qualifié sur la chaîne CNN-Türk de « violation » la décision du Haut-Conseil électoral (YSK) de valider les bulletins de vote non marqués du sceau officiel. Et le deuxième parti d’opposition, le HDP, a fait savoir sur Twitter qu’il allait contester les votes provenant de « deux tiers » des urnes.

Le Monde le 16 avril à 20h22

 

URGENT

Les résultats du référendum sont « clairs », estime le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a appelé les partisans du oui pour les féliciter. Le oui l’emporte avec 51,33 % des voix. Le président turc a manqué le plébiscite qu’il escomptait.

 

 

Le Monde le 16 avril à 20h18

 

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Le Monde le 16 avril à 20h15

 

Au sujet des relations entre la Turquie d’Erdogan et l’Union européenne, voici l’article de nos correspondants rédigé pendant la campagne électorale en vue du vote de dimanche. Malgré les tensions, les Européens ne veulent pas rompre avec Ankara, afin de préserver l’accord migratoire.

 

Entre l’UE et la Turquie, le divorce indicible

Le Monde le 16 avril à 20h12

 

 

« Le président Erdogan a félicité les cadres du Parti de la justice et du développement (AKP), du Parti d’action nationaliste (MHP) et du Parti de la grande unité (BBP) à la suite de la victoire du oui au référendum », selon l’Agence de presse Anatolie, citant des officiels du parti du président turc, qui ne s’est pas encore exprimé.

 

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Le Monde le 16 avril à 20h11

 

Si le oui l’emporte, est ce que les portes de l’Europe seront définitivement fermées à la Turquie ?

-Gonzague

 

Le caractère autoritaire du régime mis en place par le président Erdogan va compliquer encore les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Pour adhérer à l’UE, un pays doit en effet respecter un grand nombre de critères « démocratiques », sur le papier, et dans la pratique. Les négociations risquent ainsi d’être interrompues si M. Erdogan cherche à introduire la peine de mort.

Cela dit, les tractations n’ont pas attendu cette réforme pour être en panne. Engagées en 2005, elles souffrent depuis des années du malentendu qui s’est creusé entre Ankara et les capitales européennes. Personne n’osait jusqu’ici prendre l’initiative d’une rupture. Mais personne ne croyait plus non plus à la perspective d’une adhésion prochaine de la Turquie.

Le Monde le 16 avril à 20h05

 

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Une partisane du oui, enveloppée d’un drapeau représentant le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Istanbul, le 16 avril

(Lefteris Pitarakis/AP).

 

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Le Monde le 16 avril à 20h03

 

 

Notre envoyé spécial à Ankara, Marc Semo, a recueilli le témoignage de Serpil Erenoglu, 55 ans, qui a voté à l’école secondaire Mimar Kemal, dans le centre d’Ankara :

Je suis la muhtar (maire) du quartier de Kültür, dans le cœur d’Ankara sur les listes du CHP (Parti républicain du peuple, fondé par Mustapha Kemal) et je préside l’association des femmes muhtar. Depuis des années, je supervise les élections et j’ai rarement vu une telle mobilisation pour aller voter, et surtout les anciens. Ce sont ceux qui ont grandi avec la république, qui ont vu tous les sacrifices qui ont été faits et aujourd’hui ils ont peur que tout cela soit remis en cause. Mais il y a aussi beaucoup de jeunes. Les personnes interrogées ont peur de répondre qu’elles votent non.

Le Monde le 16 avril à 19h58

 

Pourrait-il y avoir des dérives autoritaires si la nouvelle Constitution est acceptée ? Pourront-elles être contraintes par une quelconque institution turque ?

-Lofhi

Si le oui l’emporte, la Turquie deviendra de fait un régime hyperprésidentiel entre les mains d’un seul homme, quoi que disent les autorités turques, qui se réfèrent au modèle présidentiel américain ou français, semi-présidentiel, une telle concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l’exécutif n’existe dans aucun pays démocratique. Il n’y aurait plus d’équilibre ni de séparation des pouvoirs puisque le chef de l’Etat contrôlera à la fois l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Il pourra nommer, et il le fera immédiatement, six des treize membres du Haut Conseil des juges et des procureurs et les autres seront nommés par le Parlement, où l’AKP est majoritaire. Il pourra nommer aussi douze des quinze membres du Conseil constitutionnel. Donc aucune institution ne pourra s’opposer à lui…

 

Le Monde le 16 avril à 19h57

 

 

Notre envoyé spécial à Ankara, Marc Semo, décrit l’ambiance dans la capitale turque :

Le malaise est palpable sur les plateaux télé, notamment sur CNN-Turk, mais aussi sur d’autres chaînes plus conservatrices. Les grandes villes, à commencer par Istanbul et Ankara, ont voté non… et d’autres comme Izmir aussi, mais le oui reste majoritaire quoique de peu. Comment expliquer cela ? Il y a ceux qui accusent la commission électorale. Ainsi, l’ex-députée du MHP Meral Aksene, chassée de son parti pour être pour le non, a dit savoir de deux députés membres de la Haute Commission électorale que le non serait en passe d’arriver en tête…

Déjà, les klaxons emplissent les rues de la capitale, même s’il n’est pas très clair de savoir qui fête quoi… En tout cas, cela se jouera dans un mouchoir de poche. Ce qui crée un résultat politiquement ingérable pour le pouvoir. Y compris en raison de polémiques montantes sur la validité d’une partie des bulletins qui n’ont pas été dûment tamponnés à la fois sur l’enveloppe et sur le bulletin, comme le veut le règlement. “Près de 1,5 million de votes invalides ont ainsi été validés par cette décision de la Haute Commission électorale”, a accusé Erdal Aksunger, vice-président du CHP.

Les polémiques sur les conditions du scrutin risquent de se multiplier vu l’étroitesse de la victoire du oui. “La légitimité de ce résultat est discutable”, a insisté Erdal Aksunger.

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Le Monde le 16 avril à 19h57

 

Bonjour,Je me trouve actuellement à Izmir où tout le monde parle d’irrégularités dans beaucoup de bureau de vote. Le CHP a contesté les résultats dans 60% des bureaux à l’échelle nationale. Que pouvez-vous en dire ?

-Sel

 

Le vice président du CHP, Erdal Aksunger, a déclaré demander un nouveau décompte pour 60 % des bureaux dénonçant des “actes illégaux” en faveur du oui. La Commission électorale (YSK) avait précédemment décidé d’accepter tous les bulletins, y compris ceux non tamponnés par les scrutateurs, car des électeurs s’étaient plaints de ce que leurs bulletins n’avaient pas été tamponnés craignant qu’ils ne soient pas comptés. On verra plus clair sur les éventuelles irrégularités demain quand les informations remonteront.

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Le Monde le 16 avril à 19h54

 

Le président aura-t-il tous les pouvoirs ?

-Okan

 

Si le oui l’emporte, les diverses dispositions du texte sont pour le moins inquiétantes. Le chef de l’Etat a entre ses mains tout le pouvoir exécutif. Il sera en mesure de nommer lui-même les ministres et un ou plusieurs vice-présidents. Le poste de premier ministre, actuellement occupé par Binali Yildirim, disparaîtra. Le président aura aussi la haute main sur le pouvoir judiciaire. Il nomme douze des quinze membres de la Cour constitutionnelle et six des treize membres du Haut Conseil des juges et procureurs. Le Parlement choisira les sept autres. Mais dans la logique de la réforme, les députés, dont le nombre passera de cinq cent cinquante à six cents, seront dans leur majorité de la même couleur politique que le président.  Et en plus il pourra très largement gouverner par décrets. De fait l’assemblée sera réduite à jouer les utilités…

 

 

 

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Le Monde le 16 avril à 19h48

 

Le point sur les résultats à 19 h 45 (agence de presse Anatolie) :

  • Le oui l’emporte toujours avec 51,32 % des voix, sur 98,40 % des bulletins dépouillés, les chances du non de remonter l’écart sont extrêmement faibles.
  • Les grandes villes Ankara (51,12 %), Istanbul (51,32 %) et Izmir (68,78 %) ont voté majoritairement non.

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Le Monde le 16 avril à 19h47

 

Erdogan a fait savoir à plusieurs reprises qu’il voulait rétablir la peine de mort. Cela nécessite un changement de constitution et par ailleurs un référendum ?Merci

-Mahiya

 

  1. Erdogan a dit à plusieurs reprises, juste après le putsch raté du 15 juillet 2016, puis tout au long de sa campagne pour le référendum:“Si mon peuple le demande, le vote sur le rétablissement de la peine de mort sera soumis au Parlement.”

Le fera-t-il, sachant que les négociations avec l’Union européenne, quasi gelées, seraient rompues si une telle réforme était bel et bien actée ? Il peut le faire, car son projet d’hyperprésidence est assorti d’un autre projet, plus civilisationnel celui-là, qui consiste à éloigner la Turquie de ses partenaires occidentaux au profit de nouvelles alliances eurasiennes et d’une empreinte culturelle davantage tournée vers les pays arabes. Par ailleurs les autorités turques fulminent contre les Européens qui, disent-elle, n’ont pas respecté leurs promesses. Notamment celle de faciliter l’octroi de visas Schengen pour les Turcs désireux de voyager en Europe. Cette disposition faisait partie de l’accord Turquie UE sur les migrants, signé en mars 2016 à Bruxelles. Ankara estime avoir rempli sa part de l’accord puisque les arrivées de réfugiés sur les îles grecques se sont taries. Surtout la frontière turco-syrienne est fermée à double tour, les réfugiés ne passent plus.

Bruxelles ne veut pas entendre parler de visas facilités tant qu’Ankara n’amendera pas une loi draconienne sur le terrorisme.  Vu la situation (guerre dans le Sud-Est kurde, purges anti-Gülen et anti-PKK), cette loi ne risque pas d’être assouplie.

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Le Monde le 16 avril à 19h44

 

Le président turc a mené une campagne très intense avant le référendum sur la réforme constitutionnelle, quitte à multiplier les propos outranciers qui risquent de compliquer les lendemains de vote. Lire l’analyse de notre journaliste Marie Jégo :

 

 

Le président Erdogan voue la Turquie à l’isolement

Le Monde le 16 avril à 19h37

 

Zeynep, infirmière de 48 ans, a voté non au bureau électoral de Kizilay (centre d’Ankara) :

Nous avons été en république jusqu’ici et je veux que l’on reste en république. C’est pour cela que j’ai voté non, et je ne veux pas donner mon nom parce que je suis dans la fonction publique. La république, c’est mieux pour le pays et je ne comprends pas ceux de mes amis qui votent pour le oui. Mais cette campagne a été inégale. Celle du oui était partout à la télévision comme dans la rue, et celle du non presque invisible. Et cela a continué jusqu’à l’isoloir avec le bulletin de vote. Il n’y a pas inscrit dessus la question à laquelle il faut répondre : juste le oui à gauche sur fond blanc et le non à droite sur fond marronnasse… L’AKP se présente toujours comme le parti blanc, dans le sens de pur et sans péchés, malgré toutes les affaires de corruption qui l’éclaboussent. »

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Le Monde le 16 avril à 19h33

 

Le principal parti d’opposition va demander un nouveau décompte

 

Le principal parti d’opposition laïque en Turquie, le CHP (Parti républicain du peuple), va demander un nouveau décompte de jusqu’à 60 % des bulletins du référendum sur l’élargissement des pouvoirs présidentiels en Turquie, a annoncé son vice-président, Erdal Aksunger.

Alors que le oui était donné majoritaire d’une courte tête après dépouillement de 95 % des bulletins, le CHP avait dénoncé un peu plus tôt des « actes illégaux » au bénéfice du camp du oui et un changement de procédure validé à la dernière minute par les autorités.

 

Le Monde le 16 avril à 19h32

 

Notre journaliste Marc Semo analyse les premières tendances :

 

Nombre d’électeurs du MHP avaient publiquement dit qu’ils ne suivraient pas leur leader, Devlet Bahceli, qui soutenait Erdogan, mais il semble aussi que nombre d’électeurs de l’AKP aient refusé cette réforme qui donne le pouvoir à un seul homme. Comme le disait une étudiante islamiste mais abstentionniste d’Ankara, “aucun homme ne peut porter seul une telle responsabilité sur ses épaules”.

 

Et nombre d’autres partisans de l’AKP ont apparemment fait le même choix. Et déjà au sein du CHP, on considére ces résultats trop serrés pour être légitimes vu l’inéquité de la campagne et les conditions du vote… C’est ce qu’affirme Erdal Aksunger, un des vice-présidents du CHP, le parti kémaliste.

Le Monde le 16 avril à 19h21

 

Ce sera finalement Binali Yildirim, le premier ministre, et non Recep Tayyip Erdogan lui-même, qui s’adressera à la foule de ses partisans du balcon du siège de l’AKP, à Ankara, à 20 heures (heure de Paris).

 

Les résultats sont loin d’être à la mesure de ceux qui étaient escomptés, analyse notre journaliste Marc Semo. Si le oui devrait finalement l’emporter d’une courte tête, cela ne suffit pas à donner une réelle légitimité à une réforme constitutionnelle qui bouleverse les institutions républicaines et donne de fait tous les pouvoirs au chef de l’Etat. “Une telle réforme ne peut passer avec une majorité aussi étriquée“, affirme Murat Yetkin, directeur du Hurriyet Daily News, sur CNN-Turk.

 

Les grandes villes, à commencer par Istanbul et Ankara, ont donné au non une très courte majorité. Or, ces villes, jusqu’ici, votaient pour l’AKP. L’AKP et le MHP, le parti de la droite nationaliste qui soutenait aussi le oui, ont engrangé ensemble dans ces deux villes respectivement 62 % et 63 % des voix. Le oui y obtient 48 % et 49%. Il s’agit d’un désaveu cinglant.

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Le Monde le 16 avril à 19h15

 

Certains Turcs résidant en Allemagne (reportage Arte) soutenaient ardemment le Oui et une réforme de gouvernement qui semble loin d’un régime pluraliste/démocratique. Comment expliquer que des Turcs vivant à l’étranger soutiennent un régime présidentiel fort et probablement liberticide?

 

-CTJ

 

Bonsoir,

Ça n’est pas étonnant. Pour commencer, les Turcs de l’étranger ont toujours voté en faveur de l’AKP et de Recep Tayyip Erdogan (présidentielle d’août 2014, législatives du 1er novembre 2015) , bien plus que le reste de la Turquie (en moyenne 10 % de plus). A l’occasion du référendum, le oui a obtenu 64 % à l’étranger. Le plus souvent, les Turcs installés en France, en Allemagne, aux Pays-Bas sont issus des régions anatoliennes défavorisées, conservatrices et pieuses. Ils maintiennent des liens étroits avec leur pays, à travers des associations, des confréries religieuses, des mosquées, les consulats de Turquie, où ils vont voter. Vivre à l’étranger renforce certainement chez ces populations la peur de perdre leur identité, au lieu de s’intégrer, elles s’accrochent encore plus à leurs coutumes, à leurs modes de pensée. Le changement de mode de vie peut séduire la deuxième génération, moins la première.

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Le Monde le 16 avril à 19h15

 

Bravo pour couvrir ainsi le référendum en Turquie. Peut-on affirmer (ou est-ce caricatural) que les classes aisées, urbanisées, ouvertes sur le monde, penchent pour le « non », quand les milieux plus ruraux, moins cultivés, plus traditionnels, sont davantage en faveur du « oui »? Si tel est le cas, le vote de la jeunesse présente-t-il des singularités ou non ?

-Krush

 

C’est un parfait résumé de la situation et c’est d’autant plus intéressant que jusqu’ici les grandes villes comme Istanbul ou Ankara votaient en majorité en faveur du parti AKP du président Erdogan. Cette fois, les deux plus importantes villes du pays semblent avoir voté à une courte majorité pour le non à la réforme proposée par le président Erdogan.

Le Monde le 16 avril à 19h14

 

 

Mehmet (non modifié), 65 ans, propriétaire d’une chaîne de restauration à Diyarbakir, a voté oui. Il explique les raisons de son vote à notre envoyé spécial Allan Kaval

J’ai voté oui parce que je fais confiance à Recep Tayyip Erdogan pour continuer à faire progresser la Turquie.  Depuis que l’Etat a repris le contrôle du sud-est de la Turquie, après la fin de la guerre dans les villes kurdes, la situation est bien meilleure. L’Etat devait revenir en force. La victoire du oui va permettre de faire du sud-est de la Turquie une région comme les autres. Le HDP (parti issu du mouvement kurde) a perdu sa crédibilité à présent  à cause de la guerre des villes lancée par le PKK. Le plus important pour moi, c’est que cet homme, Recep Tayyip Erdogan, respecte la religion. Il craint Dieu, il ne pourra donc pas abuser de ses pouvoirs. Il résiste à toute l’Europe, à tous les ennemis de l’extérieur et de l’intérieur.

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Le Monde le 16 avril à 19h12

 

BonjourMerci pour ce live. Comment s’est passé le vote dans les régions kurdes ?

-Sofia

 

Le taux de participation n’est pas encore confirmé. Il sera publié département par département. Une heure après la clôture du scrutin, les chiffres officieux remontant des bureaux de vote des régions kurdes au siège du parti HDP (prokurde), à Diyarbakir, laissaient envisager un taux de participation fort, entre 70 % et 80 %.

 

Dans les régions kurdes, où le Parti démocratique des peuple (HDP) est historiquement dominant, le vote a été marqué par des irrégularités et des pressions exercées par les forces de sécurité. Bien que la participation soit élevée dans certains bastions du mouvement kurde, comme Diyarbakir, l’enthousiasme des électeurs proches du mouvement kurde n’est pas de mise. Il faut rappeler que dans le Sud-Est, le vote se déroulait dans un contexte particulier. Aux élections législatives de juin 2015, le HDP, qui représente les intérêts du mouvement kurde, y a remporté localement des scores historiques, tout en dépassant de plus de trois point le seuil de 10 %, qui conditionne l’entrée d’un parti politique au Parlement.

La région a cependant basculé dans la violence dans les mois qui ont suivi. Après l’attentat de Suruç contre des sympathisants du mouvement kurde en juillet 2015, le Parti des travailleurs du Kurdistan a lancé une série d’insurrections armées dans plusieurs villes kurdes du sud-est de pays. Ces insurrections, écrasées par les forces de sécurité turques au printemps suivant, se sont traduites par d’importantes pertes humaines, des destructions massives et une certaine perte de crédibilité du mouvement kurde vis-à-vis de sa base. La victoire militaire de l’Etat turc s’est prolongée par son retour en force dans le Sud-Est. Soixante-treize maires issus du mouvement kurde ont été déposés, détenus et remplacés par des administrateurs. Onze parlementaires du HDP sont toujours emprisonnés, y compris les deux leaders du mouvement Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag.

Bien que sa campagne pour le non ait été considérablement entravée, le HDP a saisi l’occasion du référendum pour tenter de remobiliser sa base dans le Sud-Est. Pour le HDP, l’enjeu est d’obtenir pour le non dans les provinces kurdes où il est historiquement dominant des scores au moins équivalents à ceux qu’il a obtenus aux dernières élections législatives.

 

Le Monde le 16 avril à 19h11

 

Si le oui l’emportait, quelles seraient les premières grandes décisions prises par le président Erdogan ?

-Fanny C

 

Il reprendrait immédiatement la gouverne du Parti de la Justice et du développement (AKP), laissée aux premiers ministres (Ahmet Davutoglu puis Binali Yildirim) depuis qu’il a été élu président, en août 2014. L’ancienne Constitution, issue du coup d’Etat militaire de 1980, plaçait le président au-dessus des partis politiques. Les nouveaux amendements prévoient que le président conserve la direction du parti dont il est issu.

Il pourrait profiter de la victoire du oui pour prononcer la dissolution de l’actuel Parlement. Deux partis affaiblis (les nationalistes du MHP, occupés à leurs divisions, et les prokurdes du HDP, très touché par les purges et la répression) pourraient bien en cas de législatives ne pas parvenir à franchir le seuil des 10 %. L’électorat du CHP (kémaliste) étant stable depuis toujours (25 % à 28%), cela laisserait un boulevard à l’AKP, le parti au pouvoir.

Les relations avec l’Union européenne pourraient connaître de nouvelles turbulences. Ankara va très vite remettre sur la table la promesse de visas vers l’Europe facilités pour les ressortissants turcs.

Une incertitude demeure. Normalement, la plupart des amendements constitutionnels étaient censés entrer en vigueur en 2019, après la tenue d’élections (législatives et présidentielle), mais récemment, Numan Kurtulmus, vice-premier ministre, a annoncé qu’ils seraient appliqués immédiatement. Il a également promis une nouvelle vague de purges contre les présumés adeptes du mouvement religieux de Fethullah Gülen.    

Le Monde le 16 avril à 19h07

 

 

Même si le oui l’emporte à l’arraché finalement, il s’agirait d’un sérieux revers pour M. Erdogan et son projet de république présidentielle, analyse notre journaliste Marc Semo. L’AKP et le MHP, le parti de la droite ultranationaliste, appelaient à voter oui. Mais loin de faire le plein des suffrages de leurs habituels partisans, ils perdent entre 15 % et 20 % des voix à Ankara, et alors qu’ils pesaient quelque 63 % des voix ensemble en novembre 2015, ils ne rassemblent que 49 % pour le oui (et il en est de même à Istanbul, où leur score était de 59 % et maintenant le oui est à 47 %).

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Le Monde le 16 avril à 19h06

 

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Des hommes jouent au Tavla (le backgammon turc) et aux dames dans une maison de thé alors que les résultats du référendum sont diffusés à la télévision, dans le quartier de Kasimpasa à Istanbul, le 16 avril (Nicole Tung pour Le Monde).

 

Le Monde le 16 avril à 19h03

 

Le point sur le vote des Turcs de l’étranger (97,27 % des urnes dépouillées selon l’agence de presse Anatolie) :

A 59,83 %, ils ont voté en faveur du oui (1,3 million de votants). Le gros des votes en faveur du oui était en Europe, en revanche les Turcs des Etats-Unis ont dit non à 84 %. En Allemagne, où résident près de 200 000 Turcs, le oui l’emporte pour le moment avec une large majorité de suffrages (63 %). En France aussi, (plus de 25 000 Turcs), le oui l’emporte à 65 %, aux Pays-Bas, à 68 %.

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Le Monde le 16 avril à 18h55

 

Si Erdogan « règne déjà sans partage sur le pays », que lui apportera de plus la réforme constitutionnelle ?

-Joan

 

Rien sinon d’inscrire dans la Loi fondamentale ce qui était déjà un état de fait. Et c’est l’ubris de son pouvoir alors qu’il se sentait renforcé après l’échec du coup d’Etat de juillet qui l’a incité à mener cette réforme constitutionnelle au pas de charge, d’abord au Parlement puis avec le référendum d’aujourd’hui. S’il s’était contenté d’imposer un ou deux points à ses yeux essentiels comme le fait que le chef de l’Etat peut rester leader du parti et que le chef de l’Etat peut assister au conseil des ministres, il l’aurait emporté sans problème. Mais au début, quand il s’est lancé dans l’aventure, il espérait un vote plébiscitaire qui aurait réellement conforté son pouvoir.

Le Monde le 16 avril à 18h50

 

 

« Les scores du oui sont plus bas que ceux que nous attendions », vient de réagir l’AKP (au pouvoir), par la voix de l’un des vice-premiers ministres, Veysi Kaynak.

Et si le oui est encore donné gagnant avec un point d’avance, la victoire en tout cas sera très étriquée, surtout pour légitimer une telle réforme constitutionnelle. Mais le vote des Turcs de l’étranger – quelque 1,4 million d’électeurs – n’a pas encore été pris en compte.

Le Monde le 16 avril à 18h46

 

Notre journaliste Marc Semo a recueilli le témoignage d’Ali Sirmen, 77 ans, éditorialiste du quotidien Cumhuriyet (« République »), fondé par Mustapha Kemal, et principal quotidien d’opposition de centre gauche du pays :

Jamais depuis très longtemps un vote n’a été aussi important et nombre de Turcs en sont conscients. Si les électeurs acceptent cette modification de la Constitution, tous les pouvoirs seront concentrés entre les mains d’un seul homme et cette dérive vers une dictature inquiète au sein même de l’AKP, le parti au pouvoir. En tant que chroniqueur à « Cumhuriyet », je vois déjà tous les jours la réalité de cette dérive autocratique. Déjà, treize de mes collègues et tous les dirigeants du journal sont incarcérés. Jusqu’ici, je n’ai pas été arrêté parce que je ne fais pas partie des structures de direction du journal, même si j’ en suis une des signatures historiques.

Nous essayons de continuer à faire notre métier et à sortir le journal, mais les pressions sont de plus en plus fortes, y compris celles des annonceurs qui ont peur de nous donner de la publicité craignant les rétorsions du pouvoir. On sait qu’un mot de trop, un tweet malencontreux, une dénonciation peut du jour au lendemain déboucher sur une arrestation. Si le oui gagne, tout continuera comme maintenant en pire. Si le non l’emporte – et cela est possible car le peuple ne veut pas que l’on sacrifie ses droits – un espoir s’ouvre. Le président ne pourra plus dire : « j’ai le soutien du peuple ». Mais ce sera long et difficile car les voies d’une alternative démocratique sont barrées. Erdogan a déjà dit qu’il ne comptait pas démissionner. La volonté du peuple, il ne la prend en compte que quand elle va dans son sens.

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Le Monde le 16 avril à 18h46

 

Les opposants emprisonnés peuvent-ils voter ?

-AL

oui, les opposants emprisonnés peuvent voter, comme l’explique le reportage de notre correspondante Marie Jégo auprès de femmes de journalistes arrêtés depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016.

 

Les opposants d’Erdogan ont été incarcérés en masse après le coup d’Etat de juillet 2016. Des partisans du non au référendum de dimanche qui n’ont pas pu mener campagne

 

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Epouses d’intellectuels emprisonnés en Turquie, elles témoignent

 

 

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Le Monde le 16 avril à 18h41

 

Des pressions exercées par les forces de police et militaires ont déjà été constatées dans certains bureaux de vote, notamment dans les zones du Kurdistan, avez vous des informations à ce sujet ?

-Julia

 

 

Bonsoir Julia,

Ici Allan Kaval, à Diyarbakir. Je peux confirmer que dans un établissement scolaire servant de bureau de vote à Baglar, un quartier populaire de Diyarbakir, où le mouvement kurde est historiquement dominant, le scrutin a été clos dans une atmosphère très tendue. Des blindés des forces spéciales de la police étaient positionnés devant les entrées du bâtiment. Ce corps d’élite a joué un rôle central dans la répression des insurrections armées menées par le PKK dans plusieurs villes kurdes de Turquie entre l’été 2015 et le printemps 2016. Il reste très présent dans tout le Sud-Est. Deux de ses membres, armés de fusils d’assaut et arborant sur leurs uniformes des emblèmes associés à l’’extrême droite turque, patrouillaient dans les couloirs, n’hésitant pas à interpeller sur un mode agressif les assesseurs assurant le décompte des voix. « Nous avons voté à l’ombre des fusils… Ce scrutin n’a rien de démocratique », déplorait l’un d’entre eux.

Le Monde le 16 avril à 18h39

 

 

Comme l’explique notre envoyé spécial à Diyarbakir, Allan Kaval, des vagues massives d’arrestations ont touché des assesseurs ces derniers jours :

A Diyarbakir, les assesseurs dont les noms ont été présentés à la Haute Commission électorale par le HDP ont été touchés par des vagues massives d’arrestations au cours des jours qui ont précédé l’élection. D’après Mehmet Emin Coban, un avocat qui défend huit d’entre eux, ces arrestations visaient à remplacer les assesseurs issus du mouvement kurde par des partisans du oui au référendum. Les personnes placées en garde à vue n’ayant pas pu se rendre dans les bureaux de vote, les autorités ont fait appel à des citoyens censément tirés au sort. Dans plusieurs bureaux de vote de Diyarbakir cependant, ces assesseurs théoriquement non partisans avaient déjà rempli le rôle d’assesseurs lors des scrutins législatifs de 2015.

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Le Monde le 16 avril à 18h38

 

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Nihal Yurdaer, une femme au foyer de 75 ans, dans le quartier Uskudar d’Istanbul, en Turquie, le 14 avril : « Je dis oui, pour l’avenir de mon pays. J’ai élevé mes enfants pendant la coalition [gouvernementale]. Ce fut une période difficile. Je veux que la constitution change, pour l’avenir de mes petits-enfants ». (Nicole Tung pour Le Monde)

 

 

Le Monde le 16 avril à 18h37

 

En Turquie, le « oui » et le « non » sont au coude-à-coude pour le référendum constitutionnel de dimanche, qui pourrait élargir encore les pouvoirs du président. Un résultat positif devrait conforter Recep Tayyip Erdogan, qui n’a cessé d’étendre son empire sur le pays.

 

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Erdogan, la folie des grandeurs

Le Monde le 16 avril à 18h33

 

Notre envoyé spécial à Ankara, Marc Semo, décrit l’ambiance à la sortie des urnes dans la capitale turque :

Les partisans du non sont aussi diserts à la sortie des bureaux de vote que sont mutiques les partisans du oui, surtout face à un journaliste occidental. Les premiers, certes, ne veulent pas donner leur nom, surtout quand ils travaillent dans la fonction publique, mais les seconds sont quant à eux convaincus, comme le répète le président Recep Tayyip Erdogan, que les Européens avec leurs « pratiques fascistes » tissent un vaste complot contre la Turquie… Et comme le lançait l’un d’eux refusant de répondre : « On n’a déjà pas confiance entre nous Turcs… alors un Français. »

Le Monde le 16 avril à 18h30

 

Quelles sont les dernières estimations connues pour ce referendum? Quelle était la dynamique des deux camps dans les derniers jours avant vote?

-FrancoisO

 

Bonsoir François,

Les dernières estimations font état de 52 % pour le oui et 48 % pour le non avec 93,20 % des urnes dépouillées à 19 h 20 heure locale (18 h 20 en France).

Le Monde le 16 avril à 18h28

 

 

 

Quelles seraient les conséquences sur l’Union Européenne si le oui venait à l’emporter aujourd’hui ? Merci pour votre réponse.

-Mathias

 

On peut s’attendre à une nouvelle crispation des relations avec l’Union européenne. Dans l’un de ses derniers meetings à Istanbul, samedi 15 avril, le président Erdogan a appelé ses partisans à ouvrir ensemble une période de réformes “qui rendra fous les Européens et les terroristes”. Il s’adressait à ses électeurs, d’où ses accents agressifs pour gagner les voix des nationalistes sans doute. Mais si, comme il l’a dit à maintes reprises pendant sa campagne, il rétablit la peine de mort, alors il y aura rupture.

 

 

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Le Monde le 16 avril à 18h27

 

Les résultats partiels publiés par l’agence de presse  Anatolie laissent apparaître un écart important entre le vote des Turcs de l’étranger et le score global. Les chiffres partiels (plus de 90 % des bulletins dépouillés) indiquent à 18 h 27 que 59,93 % des Turcs résidant à l’étranger ont voté oui.

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Le Monde le 16 avril à 18h24

 

Pouvez-vous résumer en pratique les points les plus importants de cette « présidentialisation » voulue par Erdogan? Merci.

-Tzioup

 

Le but de la réforme constitutionnelle soumise à référendum est d’instaurer un régime présidentiel. Recep Tayyip Erdogan, le leader charismatique du Parti de la justice et du développement (AKP), le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, règne déjà sans partage sur le pays. Si, sur le papier, ses compétences de chef de l’Etat sont très limitées, il est en réalité l’homme fort du pays. Se sentant politiquement renforcé après l’échec du coup d’Etat du 15 juillet 2016 et les purges massives qui l’ont suivi, le « nouveau sultan », comme l’appellent ses adversaires, veut désormais entériner de jure cette situation.

Si la réforme est approuvée, l’essentiel du pouvoir exécutif appartiendra désormais au président, qui nommera lui-même les ministres et un ou plusieurs vice-présidents. Le poste de premier ministre, actuellement occupé par Binali Yildirim, disparaîtra. Le président aura aussi la haute main sur le pouvoir judiciaire. Il nommera douze des quinze membres de la Cour constitutionnelle et six des treize membres du Haut Conseil des juges et procureurs, chargé de nommer et de destituer le personnel du système judiciaire. Le Parlement choisira les sept autres.

Mais dans la logique de la réforme, les députés, dont le nombre passera de cinq cent cinquante à six cents, seront dans leur majorité de la même couleur politique que le président. Ce dernier sera en effet le chef du parti, alors qu’il devait jusqu’à présent abandonner toute charge au sein de son mouvement. Pour limiter le risque de cohabitation, le président, en décidant une éventuelle dissolution des chambres, remet son propre mandat en jeu. Les élections législatives et présidentielles seront simultanées et se dérouleront tous les cinq ans — contre quatre actuellement.

Le Monde le 16 avril à 18h23

 

La photographe Nicole Tung est allée à la rencontre des habitants d’Istanbul pour savoir ce qu’ils en pensaient de ce référendum :

 

 

Turquie : « Nous ne savons pas dans quel monde nous vivrons après le référendum »

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Le Monde le 16 avril à 18h21

 

Combien de turcs sont estimés à voter aujourd’hui? Et savez-vous comment cela ce passe dans les pays étrangers pour les turcs pour le vote. De plus, est ce que l’Allemagne ayant déjà refusé certains meetings , a refusé l’accès au référendum des votants allemands turcs ?

-Bernard

 

Bonjour Bernard,

55 millions de Turcs sont inscrits sur les listes électorales, sur une population totale de 79 millions d’habitants. Par ailleurs, près de 2 millions de Turcs sont inscrits à l’étranger (Allemagne, France, Pays-Bas surtout), et 1,3 million ont déjà voté. Ni l’Allemagne ni les autres Etats n’ont refusé l’accès des électeurs turcs aux consulats de Turquie, où ils votent.

Le Monde le 16 avril à 18h15

 

 

Le symbole est lourd pour Recep Tayyip Erdogan : Istanbul, la ville dont il fut le maire, semble finalement donner la victoire au non d’une très courte tête avec 50,6 % sur 95 % des bulletins dépouillés et la tendance semble se confirmer, nous dit notre envoyé spécial Marc Semo.

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Le Monde le 16 avril à 18h12

 

La campagne des partisans du non a été laborieuse et faite de bouts de ficelle, certains opposants critiquant notamment une inégalité du temps de parole télévisé.

 

 

Référendum en Turquie : les partisans du non ont du mal à se faire entendre

Le Monde.frLes opposants à l’élargissement des pouvoirs présidentiels n’ont pas pu mener campagne et faire entendre leur voix avant le vote du dimanche 16 avril.

Le Monde le 16 avril à 18h11

 

 

Notre journaliste Allan Kaval décrit l’ambiance à la sortie des urnes à Diyarbakir : 

Dans un établissement scolaire servant de bureau de vote à Baglar, un quartier populaire de Diyarbakir, où le mouvement kurde est historiquement dominant, le scrutin a été clos dans une atmosphère très tendue. Des blindés des forces spéciales de la police étaient positionnés devant les entrées du bâtiment. Ce corps d’élite a joué un rôle central dans la répression des insurrections armées menées par le PKK dans plusieurs villes kurdes de Turquie entre l’été 2015 et le printemps 2016. Il reste très présent dans tout le Sud-Est. Deux de ses membres, armés de fusils d’assaut et arborant sur leurs uniformes des emblèmes associés à l’’extrême droite turque, patrouillaient dans les couloirs, n’hésitant pas à interpeller sur un mode agressif les assesseurs assurant le décompte des voix. « Nous avons voté à l’ombre des fusils… Ce scrutin n’a rien de démocratique », déplorait l’un d’entre eux.

Le Monde le 16 avril à 18h07

 

La victoire du  » non  » au référendum peut – elle affaiblir la légitimité du président Erdogan ?

-Orsay

 

Incontestablement, il sera plus faible, car il ne cesse de répéter que le peuple seul est souverain, justifiant par là même toutes les dérives de son pouvoir, car jusqu’ici, il a toujours remporté les élections et les référendums, sauf en juin 2015, où l’AKP est arrivé en tête mais sans majorité aux législatives. Il ne va pas démissionner et il l’a déjà dit. Mais incontestablement ce serait un très humiliant revers.

Mais sa force est qu’il n’y a pas d’autre véritable politicien à même de se poser en rival. Un Turc sur deux est contre Erdogan, mais cette opposition est très fragmentée entre les kémalistes républicains, qui veulent maintenir la république jacobine, les Kurdes qui veulent une large autonomie, une partie des ultranationalistes… Et en juin 2015, quand l’AKP avait perdu la majorité, ils n’avaient pas été capables de s’unir pour un gouvernement de salut public au nom de la lutte contre la corruption et contre Erdogan qui avait pu reconvoquer en novembre des élections, que l’AKP a gagnées en faisant une campagne centrée sur la peur et la polarisation sur fond de reprise du conflit avec la guérilla kurde du PKK.

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Le Monde le 16 avril à 18h02

 

Bonjour,Quelle est l’intitulé exact de la question posée ?

-Max

 

Bonjour Max,

Aucune et c’est l’un des paradoxes de la consultation: on ne donne aux votants qu’un bulletin avec à gauche le oui sur fond blanc et le non sur fond marron. Le blanc est nettement plus incitatitf. En fait il s’agit d’approuver 18 articles de la réforme

 

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