La dépouille de Salvador Dali exhumée, 28 ans après sa mort

 

 

SALVADOR-DALI © Malick MBOW
SALVADOR-DALI © Malick MBOW

Benjamin BOULY RAMES, Mario MAGARO

AFP20 juillet 2017

« A 22h20 (20h20 GMT), le cercueil où se trouve Salvador Dali a été ouvert et (les experts) ont commencé à travailler avec les restes mortels afin d’extraire des prélèvements biologiques », a annoncé la Cour d’appel de Catalogne, dans un communiqué.

L’opération se déroulait dans le plus grand secret et à l’abri des regards, dans le Théâtre-Musée Dali de Figueras, où le peintre a été enterré, à quelque 140 km au nord de Barcelone.

Pour éviter que toute image soit prise, des teintures noires ont été dressées autour de la crypte et les nombreux journalistes dépêchés pour couvrir l?événement tenus à l’écart.

Auparavant, des habitants du village s’étaient massés sur la toute petite place devant le musée observant avec curiosité le ballet des experts judiciaires, avocats et autres autorités qui arrivaient pour assister à l’exhumation du peintre fantasque à la fine moustache noire, a constaté un journaliste de l’AFPTV.

Chacun y allait de son commentaire, pour ou contre.

« Je vis cette journée avec émotion, cela me rappelle le jour de sa mort (…) aujourd’hui Dali est ravi, c’est une journée à la mesure de sa personne », déclarait avec excitation à l’AFP Marià Lorca, qui était le maire de cette localité quand Dali est mort.

Fin juin, la justice a ordonné l’exhumation du peintre ultramédiatique, mort à l’âge de 84 ans, à la demande de Pilar Abel, 61 ans, qui assure que sa mère, une employée de maison, avait rencontré Dali chez des amis du peintre, à Cadaquès, au lieu-dit de Portlligat.

De leur brève liaison serait née Pilar, tenue au courant de ce secret dès son enfance et qui veut en avoir le coeur net.

– ‘Délicatesse’ –

Le prélèvement se fera sur « des restes osseux et/ou des pièces dentaires », selon le document judiciaire ordonnant l’exhumation.

L’extraction de cet ADN « va se faire avec beaucoup de délicatesse », a déclaré à l’AFP l’avocat Miguel Domenech, membre de la direction de la fondation.

Le cadavre embaumé de Dali reposait dans un cercueil sous une lourde dalle de plus d’une tonne qu’il a fallu soulever.

L’échantillon prélevé devra être transmis à l’Institut de toxicologie de Madrid pour être comparé à celui de Pilar Abel, une femme brune aux grands yeux noirs.

Ce qui est bien, « c’est que la science permet désormais d’être sûr à 99% », a encore expliqué l’avocat.

La réponse prendra quelques semaines et les preuves seront présentées lors du procès prévu le 18 septembre, selon Enrique Blanquez, l’avocat commis d’office de la plaignante.

Les détails de l’exhumation seront dévoilés vendredi à 08H00 (06H00 GMT) par la Fondation lors d’une conférence de presse.

– Dix ans de lutte –

« Je veux juste connaître la vérité, et c’est tout », avait confié mercredi soir Pilar Abel, qui est née et a grandi à Figueras, la ville où Dali est né en 1904 et mort en 1989, à des journalistes à Madrid.

Elle a assuré lutter depuis dix ans pour obtenir cette reconnaissance et avoir déjà réalisé trois tests ADN, dont les résultats ne lui sont pas parvenus. Des faits que l’AFP n’a pu vérifier.

Si les tests prouvaient sa filiation, elle pourrait réclamer selon son avocat 25% de l’héritage de Dali entièrement cédé à l’Etat espagnol: au moment de sa mort, on évoquait des centaines d’oeuvres d’art, dont 250 signées par le peintre des horloges molles, mais aussi des propriétés en Catalogne.

Son avocat à l’époque avait estimé sa valeur à 136 millions de dollars. Sans compter les revenus issus de l’exploitation de produits dérivés, la vente d’entrées au musée…

Dali a vécu ses dernières années retiré dans son château de Pubol avec sa compagne Gala, morte en 1982, avec laquelle il n’a pas eu d’enfant.

« Dali aimait sa femme, mais il l’aimait sans avoir de rapports, c’était un voyeur, je dirais. C’est pour cela que nous, les gens de Figueras, nous pensons que c?est très difficile qu?il ait pu avoir un enfant », a déclaré à l’AFPTV une habitante de Figueras, Lidia, qui assure avoir connu Dali à l’âge de 13 ans.

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