Baba Maal fête les 37 ans de son groupe, le Daande Leñol, le 7 octobre prochain. Au programme : une soirée VIP au Grand Théâtre et le lendemain, dimanche 8 octobre, un concert pour les jeunes au stade Amadou Barry de Guédiawaye. De grands noms de la musique sénégalaise et africaine sont annoncés. Fatou Guéwel est l’invitée d’honneur de l’événement que ne se veut pas que musicale.
« Chaque fois que j’ai un événement majeur, je fais de telle sorte que, au-delà de la prestation artistique, il y ait un message envers les mélomanes », avertit Baba Maal dans cet entretien avec Seneweb. Cette année, le leader du Daande Leñol veut parler de cohésion sociale. Actualité oblige.
Comment se déroulent les préparatifs du 37e anniversaire du Daande Leñol ?
Les préparatifs vont bon train. Je voudrais que cet événement du Daande Leñol (la voix du peuple) porte sur la cohésion sociale au niveau du Sénégal. Je suis un artiste et à chaque fois que j’ai un événement majeur, je fais de telle sorte que, au-delà de la prestation artistique, il y ait un message envers les mélomanes. Qu’ils puissent déceler un message fort venant de moi.
Parmi vos fans qui sont attendus à cet anniversaire, beaucoup sont issus de la Diaspora. Pourquoi centrez-vous le thème de l’événement sur l’actualité sénégalo-sénégalaise ?
Pour cette fois-ci, il est vraiment nécessaire qu’on parle de cohésion sociale. C’est vrai que beaucoup de gens viendront de la Diaspora, de la Mauritanie, de l’Europe des États-Unis, mais c’est surtout le contexte social sénégalais qui m’interpelle pour cet anniversaire. Je suis un artiste et je suis un leader d’opinion. Je suis un Sénégalais. Et quand le Sénégal m’interpelle, je prends ce qu’il y a de plus cher en moi, ce que je crois être le message le plus pertinent et je l’utilise pour dire mon opinion.
Quelle est-elle ?
Mon opinion, c’est de dire que nous voulons ce Sénégal de cohésion sociale. Un Sénégal où il y a un brassage culturel. Parce qu’en regardant le Daande Leñol, le nom c’est du pulaar mais, les musiciens qui constituent ce groupe sont des wolofs, des sérères, des bambaras, des mandingues. C’est le Sénégal que je veux. Et pour cet anniversaire, au lieu de me mettre à critiquer ou à dénoncer, je prends cette arme culturelle pour dire que nous, c’est ce Sénégal qui est le nôtre. C’est ce Sénégal que nous voulons léguer aux générations futures.
Ce Sénégal-là n’est-il pas derrière nous avec, notamment, les récents écarts relayés dans la presse qui sentaient bon l’ethnicisme ?
En voyageant dans le monde entier, les gens admirent ce pays. Que nous souffrons ou pas dans ce pays, à l’extérieur, les gens nous admirent pour notre stabilité et notre cohésion sociale. Les gens nous admirent par notre hospitalité, notre ouverture sur les plans culturel et sportif. Et ça c’est un acquis qu’il ne faut pas perdre. Même s’il y a des problèmes au Sénégal, l’être humain doit toujours être au-dessus de ces problèmes. Et ça on l’a toujours réussi. C’est le moment plus que jamais de le réussir.
« J’ai envie de faire quelque chose avec Fatou Guéwel. Plusieurs de mes morceaux vont bien avec sa voix. »
Parlons du spectacle au programme. Pourquoi avez-vous choisi Fatou Guéwel comme invitée d’honneur ?
À travers Fatou Guéwel, c’est toutes les divas de la musique sénégalaise qui sont invitées. Elles m’ont bercé et continuent de me bercer ainsi que tous les mélomanes de la musique sénégalaise. Elles avaient écrit une chanson en mon honneur quand je faisais le premier Zénith du Daande Leñol. C’était leur vision par rapport à Baba Maal et à mon œuvre sur le plan social. Et depuis lors, je n’ai pas eu l’occasion de leur dire merci, de les associer à un événement majeur. J’aurais bien aimé qu’elles viennent me retrouver aux blues du fleuve à Podor. Je pense que ce sera possible pour la prochaine fois. Mais pour un événement majeur comme cet anniversaire, ce serait vraiment important pour allier l’utile à agréable.
Qui sont ces dames qui vous avaient dédié une chanson ?
Il y avait Ndèye Fatou Ndiaye, Athia Welle, Kiné Lam, Soda Mame Fall, Daro Mbaye. Mais au-delà de ces dames, il y avait d’autres dames, comme Khar Mbaye Madiaga, Ndèye Mbaye Djinema Djinema, Khady Diouf et plein d’artistes comme Marie Ngoné, qui étaient dans la chanson. Donc, c’est une façon de partager la scène avec ces grandes dames, ces grandes voix.
Ce sera aussi une occasion de leur donner le micro pour qu’elles puissent s’exprimer en wolof, une langue qui n’est pas ma langue paternelle- Marie Ngoné en sérère, Athia Welle en pulaar…-, et de parler de ce contexte socioculturel du Sénégal, de ce qui nous interpelle.
Avez-vous des projets artistiques avec Fatou Guéwel ?
J’ai envie de faire quelque chose avec Fatou Guéwel depuis longtemps. Parce que je l’ai entendue fredonner très souvent mes morceaux comme Hayo Laré et Polel Dieri et plein d’autres morceaux. Et ça va bien avec sa voix. Ce serait vraiment une bonne occasion de faire avec elle le projet. On est aussi en train de préparer un album. Il y aura 4 titres qui vont sortir avant l’anniversaire dans un mini album. Ça va continuer avec un album complet et peut-être on va le faire avec d’autres divas de la musique sénégalaise.
« J’aimerais bien que Thione Seck me retrouve sur scène. Ce serait formidable. »
Quels sont les autres invités ?
Il y a des jeunes comme Baba Tandian, qui va représenter la communauté soninké et qui est basé en France. Il y aura aussi Oumou Sangharé qui a donné son accord de principe. Il y a peut-être d’autres artistes qui vont venir avec nous. Ce sont des surprises.
Et parmi les ténors de la musique sénégalaise ?
Il y a plein de surprises. Et j’aimerais bien que quelqu’un comme Thione Seck puisse venir me retrouver. La dernière fois, j’avais émis le souhait de le voir avec nous sur la scène. Car, il y avait Oumar Péne, Kiné Lam et tant d’autres. Ce n’était pas possible mais cette fois-ci, ce serait formidable de l’avoir sur scène.
Quel est le programme complet ?
Deux grandes soirées. Une soirée Vip. Une autre, pour les jeunes. Au Grand Théâtre, il y aura beaucoup de musique traditionnelle, et aussi musique d’écoute avec un très grand spectacle sur scène. Parce que le Daande leñol est un groupe de scène. C’est la scène qui nous a fait voyager dans le monde entier.
Le lendemain ce sera au stade Amadou Barry, pour les jeunes, avec des groupes comme Takeïfa, Baty Yane de la Casamance. Parce que c’est la cohésion sociale. J’ai un tout nouveau concept que j’avais présenté à Londres qu’est « Baba Maal and Friends » et que je vais présenter ce jour-là.
« En Mauritanie, mon mouvement, Nanka, a été accrédité comme Ong. Nous initions des projets sur le plan agricole. »
Justement, quels sont vos projets pour le futur ?
Mes projets sont purement culturels avec une sauce de développement. Tout le monde sait que j’ai mis sur pied un mouvement qui s’appelle Nanka. C’est un mouvement apolitique qui œuvre dans le développement de l’agriculture, l’élevage et la pêche avec un soubassement culturel et une accentuation sur la technologie dans toutes ses formes. Donc, c’est une première sortie qui nous a emmené de Dakar jusqu’au département de Podor. On va faire tout le Sénégal.
Déjà au niveau de la Mauritanie, le mouvement a été accrédité comme Organisation non gouvernementale (Ong) avec des locaux et un bureau qui travaille, qui initie des projets sur le plan agricole. J’ai été aussi en France au mois de mai pour lancer ce mouvement au Zénith. Tout récemment, je suis retourné pour rencontrer 40 associations de développement qui sont des alliés potentiels pour le mouvement Nanka.
En revenant à la culture et à la musique, il y a aussi l’anniversaire et les blues du Fleuve. Je voudrais que ce festival soit une porte pour que les invités puissent rencontrer les jeunes artistes qui ont un bel avenir. Donc, mes projets vont être accentués sur le développement culturel et musical sur tous les plans.
Auteur: Mamadou Salif Dieng – Seneweb.com