par Mark Hosenball
Reuters28 octobre 2017
Le président américain, Donald Trump. Un grand jury fédéral a approuvé vendredi à Washington les premières mises en accusation dans l’enquête indépendante sur l’ingérence présumée de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016. /Photo prise le 25 octobre 2017/REUTERS/Kevin Lamarque
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par Mark Hosenball
WASHINGTON (Reuters) – Un grand jury fédéral a approuvé vendredi à Washington les premières mises en accusation dans l’enquête indépendante sur l’ingérence présumée de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016, a-t-on appris de source proche du dossier.
Les accusations ont été placées sous scellé par un juge fédéral, aussi leur nature exacte reste inconnue, a-t-on précisé de même source. Elles pourraient toutefois être rendues publiques dès lundi, a-t-on ajouté.
Selon CNN, qui a révélé l’information, tout a été préparé pour que toute personne mise en accusation vendredi puisse être placée en détention dès lundi.
Les agences de renseignement américaines ont conclu en janvier à l’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle en vue de favoriser la victoire de Donald Trump face à la candidate démocrate Hillary Clinton, notamment par le biais d’une campagne de piratage, la publication d’emails démocrates embarrassants et des actions de propagande sur les réseaux sociaux.
Le procureur spécial Robert Mueller, ancien directeur du Bureau fédéral d’enquête (FBI), a été chargé d’enquêter sur des soupçons de collusion avec la Russie touchant les équipes de campagne de Trump.
Le Kremlin, tout comme Donald Trump, a démenti en bloc les accusations.
« Si le procureur spécial le juge nécessaire et approprié, le procureur spécial est autorisé à engager des poursuites à l’égard des crimes fédéraux résultant de l’enquête sur ces sujets », déclarait le 17 mai dernier l’adjoint au ministre de la Justice, Rod Rosenstein, en nommant Mueller au poste.
Peter Carr, porte-parole du procureur spécial, Peter Carr, s’est refusé vendredi soir à tout commentaire sur les informations de CNN.
ENQUÊTE SUR MICHAEL FLYNN
Dans l’entourage du procureur, on précise que Mueller a enquêté sur les liens financiers entre certains conseillers de Trump et des gouvernements étrangers, dont la Russie et la Turquie, ainsi que des soupçons de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale et d’autres crimes financiers.
Les équipes du procureur ont longuement interrogé l’ancien secrétaire général de la Maison blanche Reince Priebus, l’ex-porte-parole Sean Spicer et d’autres responsables de l’administration Trump.
En juillet, le domicile de l’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a fait l’objet d’une perquisition du FBI en vertu d’un mandat émis à la demande de Robert Mueller.
L’enquête tente également de déterminer si Donald Trump s’est rendu coupable d’entrave à la justice, en lien notamment avec le renvoi du directeur du FBI James Comey le 9 mai dernier.
James Comey dirigeait alors une enquête fédérale sur des soupçons de collusion avec Moscou et le tollé suscité par son limogeage a entraîné la nomination de Robert Mueller une semaine plus tard.
Donald Trump a d’abord expliqué avoir renvoyé James Comey en raison de sa mauvaise gestion à la tête du FBI mais il a reconnu par la suite, dans une interview à NBC, l’avoir limogé à cause de « cette chose russe ».
L’équipe du procureur Mueller enquête également sur Michael Flynn, conseiller de Donald Trump pendant la campagne présidentielle puis éphémère conseiller à la sécurité nationale, avant son renvoi en février dernier.
Michael Flynn a dû renoncer à ce poste après avoir trompé le vice-président Mike Pence sur l’étendue de ses conservations avec l’ambassadeur de Russie à Washington Sergueï Kislyak en 2016.
Lorsqu’il faisait partie de l’équipe de campagne de Trump, Michael Flynn a également passé un contrat de 600.000 dollars avec un homme d’affaires turc pour tenter de discréditer le prédicateur turc installé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan devenu son ennemi juré.
L’ancien directeur de la CIA James Woolsey, lui aussi conseiller de Donald Trump pendant la campagne, a accusé Michael Flynn d’avoir évoqué avec cet homme d’affaires et deux ministres du gouvernement turc la possibilité d’exfiltrer Fethullah Gülen pour le présenter devant la justice turque. Michael Flynn a démenti l’existence d’un tel projet.
Jonathan Franks, porte-parole de Woosley, a précisé vendredi que ce dernier, ainsi que son épouse, avaient été en contact avec le FBI et le procureur Mueller à propos de ces allégations.
(Mohammad Zargham et Eric Beech, Julie Carriat et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)