Paris Match| Publié le 30/11/2017
La Rédaction avec AFP
Nicolas Hulot.Fabrice COFFRINI / AFP
Le ministre de la Transition écologique et solidaire s’est exprimé jeudi à Genève après avoir participé au Conseil de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le changement climatique fait deux fois plus de déplacés que les conflits et est peut-être le principal facteur des migrations, a déclaré jeudi à Genève le ministre français de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. « Il y a une relation avérée » entre changement climatique et déplacement de populations, a-t-il dit aux journalistes après avoir participé au Conseil de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) consacré à ce thème. « Cela occasionne deux fois plus de déplacements que les conflits (…) et est peut-être même le facteur principal des déplacements », a-t-il ajouté. Selon le ministre, une des solutions passe par la lutte contre la désertification grâce à « l’agro-écologie ».
« Il faut essayer de réhabiliter les millions d’hectares de terres agricoles qui ont été désertifiées au fil du temps, ce qui aura une triple vertu : fixer des populations ou les faire revenir, préparer des terres agricoles pour nourrir le milliard et demi d’individus qui vont nous rejoindre d’ici 2050 et lutter contre le changement climatique en redonnant la capacité au sol de stocker du CO2 », a-t-il expliqué.
S’attaquer aux dépenses inutiles
- Hulot s’est également entretenu avec le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Le sujet santé et environnement est un sujet de société fondamental », a-t-il dit. « Aujourd’hui nous sommes entrés dans un siècle de pollution chimique, beaucoup plus complexe à étudier. » Evoquant sans les nommer les polémiques sur la nocivité de certains produits, le ministre a déclaré qu’il préférait « l’excès de prudence à l’excès de confiance ». « Je m’aperçois qu’à l’exercice, le doute profite plutôt davantage à l’excès qu’à la précaution ». « Que ce soit sur les sujets de pollution de l’air, de pollution alimentaire, on a un problème de méthodologie, parce que les protocoles qui sont généralement utilisés pour vérifier la nocivité d’une substance ne sont pas adaptés », a-t-il déploré. « Il faut qu’on puisse crédibiliser, fiabiliser, sécuriser la parole de la science », a-t-il martelé. Le ministre a par ailleurs déclaré qu’il voulait s’attaquer à ce qu’il appelle « les dépenses inutiles ».
« Quand vous voyez que d’un côté, le monde continue à allouer 250 milliards de dollars en subventions aux énergies fossiles et que l’utilisation de ces énergies fossiles par ailleurs coûte probablement – et je vais demander à l’OMS de m’aider à affiner cela – quelques milliers de milliards de dollars, on peut peut-être trouver des solutions à bon nombre de nos équations avec cette analyse », a-t-il dit.
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Interrogé enfin sur la capacité des pays signataires de l’Accord de Paris à tenir les objectifs, M. Hulot a averti que « de jour en jour la fenêtre d’opportunités est en train de se réduire ». « Nous sommes au seuil de l’irréversibilité », a-t-il souligné. « Mais nous n’avons pas encore perdu la guerre, nous avons encore les cartes en mains pour un temps très court. C’est un problème de volonté politique. »