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Le 26 décembre, 2017 Le dernier dirigeant de l’URSS, passé à la postérité pour avoir lancé la perestroïka (ouverture) dans les années 1980, continue de diviser la société russe. Certains le considèrent comme un traître, et comme le fossoyeur de l’Union soviétique. D’autres plus rares, le voient comme l’homme qui a fait souffler un vent de liberté sur la Russie. Notre correspondant à Moscou a pu rencontrer l’ancien chef soviétique à l’occasion d’une séance de dédicaces.
Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
C’est d’un pas hésitant qu’il s’avance vers ses lecteurs. Son élocution est lente, parfois laborieuse, mais son regard reste vif, souvent malicieux. Mikhaïl Gorbatchev a 86 ans, mais il trouve encore la force de justifier son action en tant qu’ultime dirigeant de l’URSS : « La perestroïka, dit-il, n’est pas née parce que je voulais laisser une trace dans l’Histoire, mais parce que les gens voulaient de la clarté, de la transparence, à une époque très difficile. C’est un grand malheur que certains en aient profité pour s’enrichir sur le dos des autres. »
Mikhaïl Gorbatchev reconnaît que la période qui a suivi l’effondrement de l’URSS a été douloureuse pour la Russie. Mais il rejette les critiques qui font de lui le fossoyeur de l’Union soviétique, l’homme qui serait à l’origine du chaos des années 90. « J’entends certains qui me disent : « pourquoi nous a-t-il donné cette liberté, Gorbatchov ? » C’est vrai, je n’ai pas tout réussi. Mais c’est de la liberté dont l’homme a besoin pour garder les yeux ouverts, pour réfléchir à ce qui se passe autour de lui, et pour tracer de nouvelles voies. »
Interrogé sur la Russie de Vladimir Poutine, Mikhaïl Gorbatchev reste évasif, bien moins critique qu’il y a quelques années. « Je suis resté un optimiste », se contente-t-il de répondre, reprenant avec malice, le titre de son dernier ouvrage.
Auteur: RFI