- Mis à jour le 12/02/2018 LE SCAN POLITIQUE – Dans un entretien consacré à Regards, l’ancienne ministre de la Justice de François Hollande s’en est sévèrement prise à la politique migratoire d’Emmanuel Macron. Elle a également défendu son bilan de garde des Sceaux.
Les sorties médiatiques de Christiane Taubira sont rares depuis son départ du gouvernement, en 2016. «Je suis en retrait du bruit et du brouhaha politique», explique-t-elle dans un entretien vidéo accordé à la revue Regards , mis en ligne lundi. Une fois n’est pas coutume, l’ancienne ministre de la Justice de François Hollande est sortie de son silence pour distribuer des critiques à Emmanuel Macron. Dans sa ligne de mire: le projet de loi asile et immigration porté par le gouvernement. S’alignant sur une politique de dissuasion migratoire, le texte est souvent résumé en deux mots au sein de la majorité: «fermeté» et «humanité».
«[Ce] sont des mots marketing. (…) C’est insensé. La juxtaposition des mots “fermeté et humanité” n’a pas de sens», raille l’ancienne garde des Sceaux. «Nous sommes dans une période de circulation humaine, il est donc absurde de vouloir endiguer cette circulation humaine juste pour satisfaire une partie de l’opinion publique», estime Christiane Taubira. «Effrayer l’opinion publique européenne parce qu’un peu moins d’un milion de personnes arrivent aux portes de l’Europe, de 500 millions d’habitants, il y a un moment où il faut peut-être opposer les choses», raille l’ancienne garde des Sceaux.
Taubira défend sa politique pénale
«Je viens torse bombé rendre des comptes»
Christiane Taubira sur son bilan de ministre de la Justice
Egalement interrogée sur la colère des gardiens de prison qui dénoncent notamment la surpopulation carcérale, l’ancienne garde des Sceaux estime qu’elle n’a, quant à elle, pas à rougir de son bilan en matière pénale. «On peut toujours me reprocher de ne pas être allée au bout. C’est quoi être allé jusqu’au bout? La loi pénale existe, a été adoptée par le Parlement, elle est appliquée. La contrainte pénale existe, la modification du régime des peines existe, la libération sous contrainte existe», déroule-t-elle.
«Je suis d’accord pour rendre des comptes, mais je rends des comptes sur ce que j’ai décidé (…). On peut me taper dessus, on peut vouloir m’écrabouiller mais si c’est moi qui l’ai décidé, oui je viens torse bombé, rendre des comptes», affirme Christiane Taubira.