- Par Romain Schneider
Vainqueur de Robin Haase ce vendredi en quart de finale à Rotterdam, Roger Federer est assuré de récupérer son trône lundi prochain. L’incroyable retour vers le futur du Suisse continue.
Réécrire l’histoire. Encore et toujours. Professionnel depuis 1998, Roger Federer se bâtit un palmarès en or. Collectionneur de records, il n’en finit plus d’entretenir sa propre légende et l’histoire du tennis. En janvier 2017, la place de numéro un mondial s’apparentait à un doux rêve pour le Suisse. Pas certain qu’il imaginait la récupérer un jour. Absent depuis plus de six mois pour soigner un genou gauche meurtri, l’Helvète, retombé à la 17e place mondiale, avait à la surprise générale remporté l’Open d’Australie, son 18e titre en Grand Chelem. Cinq ans après le dernier (Wimbledon 2012)… En dominant au passage Rafael Nadal pour la première fois depuis dix ans en Grand Chelem. Le début d’une résurrection qui n’en finit plus de durer. Au grand bonheur des amoureux du tennis. Un an plus tard, le Maître a raflé huit titres, dont trois Majeurs. Sans fausse note. Sacré une nouvelle fois à Melbourne fin janvier, Federer s’est irrésistiblement rapproché du trône. La première place mondiale sonnant de nouveau comme une évidence. Il l’a pourtant martelé ces derniers mois : Redevenir le patron du circuit ne constituait plus un objectif prioritaire. Oui mais l’occasion était trop belle.
Une demie à Rotterdam lui suffit
Avant le tournoi de Rotterdam, 155 points ATP seulement, le séparaient de la première place détenue par son éternel rival Rafael Nadal. Le Bâlois a ainsi modifié son programme initial et décidé de disputer ce tournoi néerlandais, via une invitation. Tournoi de la catégorie des ATP 500, Rotterdam distribue 500 points à son vainqueur. Une demi-finale rapporte 180 points. Suffisant pour doubler Nadal. La route de la reconquête du trône a été (presque) un long fleuve tranquille cette semaine. Le Belge Ruben Bemelmans (116e) avait été croqué mercredi soir. L’Allemand Philipp Kohlschreiber (36e), avait résisté jeudi n 8e (7-6, 7-5). Et ce vendredi en quart de finale, Robin Haase (42e), malgré un bon début de match, a logiquement subi la loi de l’homme aux 20 titres du Grand Chelem (4-6, 6-1, 6-1).
Après l’avoir abandonnée en novembre 2012, Roger Federer regagne sa couronne et devient le plus vieux numéro un mondial de l’histoire à 36 ans et 6 mois. Il augmente également son record de 302 semaines passées au sommet du tennis mondial, soit quasiment six ans, dont 286 semaines consécutives (entre 2004 et 2008). L’une de ses nombreuses statistiques hallucinantes témoignant de son incroyable longévité au plus haut niveau. Son 20e titre en Grand Chelem à l’Open d’Australie l’a placé loin devant les autres grands noms du tennis masculin (Nadal 16, Sampras 14, Djokovic 12, Borg 11). Lauréat de 96 tournois, «RF» a disputé 30 finales de Grand Chelem et remporté 10% des épreuves majeurs depuis le début de l’ère open 1968. Affolant et fascinant.
Federer défie le temps
Jouer moins pour jouer encore mieux, voilà donc une des pistes qui explique le retour au sommet du Suisse. A l’heure où les blessures se multiplient chez les cadors – Djokovic et Murray n’ont presque plus joué au tennis depuis huit mois et Nadal a été blessé en fin de saison 2017 et à l’Open d’Australie où il a dû abandonner en quart de finale – Federer épargne son corps alors que le degré d’exigence physique requis est de plus en plus élevé au plus haut niveau. Le Suisse choisit minutieusement le nombre de tournois à disputer en n’hésitant pas à faire l’impasse en 2017 sur la saison de terre battue. Ce qu’il pourrait bien refaire en 2018. Peu blessé durant sa carrière, accompagné par le fameux préparateur physique Pierre Paganini, Federer ne fait pas du tout son âge, à l’heure où les autres trentenaires du Big Four sont souvent trahis pas leurs corps. Et sa qualité de vitesse, de frappe de balle et de coordination hors norme font encore et toujours la différence. De quoi encore écrire et réécrire sa propre légende.