La justice américaine a inculpé 13 ressortissants russes vendredi. Dans son acte d’accusation, elle fait la liste de tous les procédés utilisés pour influer sur la campagne américaine.
C’est une véritable entreprise de déstabilisation de grande ampleur, passant par les réseaux sociaux, et financée à coups de millions de dollars. Treize ressortissants russes ont été inculpés, ce vendredi, par le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l’enquête sur une possible collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Motif ? Complot en vue de tromper les Etats-Unis.
Pour le procureur spécial, rien cependant ne pourrait soutenir une collusion entre l’équipe de l’actuel Président des Etats-Unis et la Russie. L’acte d’accusation évoque simplement un volontaire de la campagne à New York contacté « à son insu » par les opérateurs russes et qui aurait fourni gratuitement du matériel de campagne. Le ministère de la justice a lui affirmé qu’il n’existait pas d’indication que le résultat final de l’élection avait été faussé.
Une campagne de déstabilisation téléguidée en Russie
Cette campagne, selon la justice américaine, aurait débuté 2014. Aux manettes ? La société « Agence de recherche sur Internet », basée à Saint-Pétersbourg, en Russie. Elle est financée par Evguéni Prigojine, un proche du président russe Vladimir Poutine, et serait liée aux services de renseignement russe. En septembre 2016, elle bénéficiait d’un budget mensuel de plus de 1,2 million de dollars. Rien que ça.
Faux comptes sur les réseaux
L’Agence aurait créé des pages, parfois rivales, sur Facebook et Instagram consacrées aux relations raciales (« Blacktivistes »), à l’immigration (« Frontières sécurisées ») et à la religion (« Musulmans unis d’Amérique » et « L’armée de Jésus ») à des fins de désinformation.
Elle aurait aussi contrôlé « de nombreux » faux comptes sur Twitter et Facebook favorables à Donald Trump. L’un d’eux, un compte du parti républicain du Tennessee, a ainsi diffusé une fausse information sur une enquête pour fraude électorale lors des primaires démocrates en Caroline du Nord.
A partir de 2016, elle aurait largement diffusé certains mots-dièse pour influencer les tendances sur Twitter (#Trump2016 ou #Hillary4Prison).
Quelques jours avant le scrutin, « Blacktivistes » avait enfin appelé à voter pour la candidate écologiste Jill Stein et « Musulmans unis d’Amérique » avait posté un message affirmant que « la plupart des musulmans refusent de voter pour Hillary Clinton ».
Achats de publicité
L’Agence aurait « produit, acheté et posté » des espaces publicitaires sur la Toile « soutenant expressément le candidat Trump et s’opposant expressément à Clinton », notamment par la promotion de manifestations ou de rassemblements.
Pour payer, elle aurait frauduleusement ouvert des comptes bancaires aux Etats-Unis en utilisant des faux papiers d’identité, ou réglé par le système PayPal ou par des crypto-monnaies. L’achat de publicité politique par un ressortissant étranger est interdit aux Etats-Unis.
Organisation de manifestations
En utilisant de fausses identités et des faux comptes sur les réseaux sociaux, les opérateurs de l’Agence ont contacté des groupes de soutien locaux à Donald Trump pour organiser des rassemblements et recruter des militants, notamment en Floride, un Etat « charnière » finalement remporté par le républicain.
L’Agence aurait payé un sosie d’Hillary Clinton portant un uniforme de prisonnier lors d’une manifestation à West Palm Beach. Ils lui auraient ensuite payé le voyage pour qu’elle participe, en costume de prisonnière, à une manifestation à New York.
L’Agence aurait fait la publicité et financé d’autres rassemblements après l’élection, notamment deux manifestations rivales organisées le même jour à New York et une marche anti-Trump à Charlotte.