- Par Jean Talabot
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En une semaine, plus de 72.000 visiteurs se sont déjà pressés à la National Portrait Gallery de Washington pour apprécier les toiles de Kehinde Wiley et Amy Sherald. Il fallait attendre une heure et demie pour espérer un «selfie» devant le portrait fleuri de l’ancien président américain.
Critiqués par la presse anglo-saxonne, dubitative et parfois déçue, les portraits officiels du couple Obama connaissent en revanche un franc succès public. À la National Portrait Gallery de Washington, où ils sont exposés depuis le 13 février, les deux tableaux, plus grands que nature, voient défiler une foule compacte de curieux et souvent d’admirateurs. Selon le Washington Post, plus de 72.000 visiteurs se sont pressés devant les portes du musée depuis une semaine pour admirer Barack et Michelle Obama peints de manière «néo-pop» par les peintres noirs américains Kehinde Wiley et Amy Sherald.
Décryptage: les Obama célébrés par deux grands portraitistes noirs
72.100 exactement, dont 50.000 juste au cours du long «week-end du President’s Day» (célébré cette année le 19 février). Soit près de trois fois les chiffres enregistrés l’année précédente pour ce même week-end, qui avait rassemblé un peu plus de 16.000 visiteurs. «Il y avait une grande fascination, et les portraits suscitaient beaucoup d’interrogations dans le public», explique Kim Sajet, directrice de la National Portrait Gallery au grand quotidien institutionnel américain. «Les débats étaient vifs. Et c’est ce qui m’a enthousiasmé: que les gens veuillent en parler», continue-t-elle».
Un enthousiasme exceptionnel, que la conservatrice n’avait pas vu pendant les quatre années de mandat de la présidence Obama. Motifs? Sans doute le format et le style si peu académiques de ces portraits. Réalisés par deux artistes afro-américains – le californien Kehinde Wiley, star du marché, qui s’inspire des maîtres de la peinture classique, Amy Sherald, peintre de Baltimore en pleine reconnaissance officielle – ces portraits détonnent avec leurs illustres prédécesseurs, gris, sévères et figés. Barack Obama est représenté sur un fond de mille-fleurs éclatant, quand l’ancienne Première dame pose de manière impériale et mystérieuse dans une longue robe de princesse aux motifs décoratifs qui rappellent à certains Gustav Klimt.
Elisabeth Kilday, qui dirige le service visiteurs de la National Portrait Gallery, constate: «Ces gens voulaient les voir tout de suite et étaient vraiment excités de les juger par eux-mêmes!» Devant une telle affluence, le musée a dû créer deux files d’attente: une pour les visiteurs lambda, et une autre pour ceux, très nombreux, qui souhaitent prendre un selfie avec le couple Obama.Dimanche, le temps d’attente pour prendre une photo devant le «Barack en fleurs» était d’une heure et demie. L’année prochaine, ce sera sans doute une autre histoire.