Lors du Printemps arabe, les réseaux sociaux, en tant que mode de communication privilégié dans un contexte de relative dictature, ont produit un miracle en Egypte, pays africain qui compte le plus le grand nombre d’utilisateurs Facebook (autour de 35 millions). Cela a fait tache d’huile à travers le continent où 146 millions de personnes ont accès à ce réseau social.
Au Sénégal, des néophytes surfent sur la vague bleue pour profiter de la perte de crédibilité qui semble frapper l’establishment et espérer opérer une révolution.
Toutefois, les résultats des législatives indiquent que ceux qui sont appelés les politiciens traditionnels ont toujours le vent en poupe. Contrairement à l’Egypte, le Sénégal a une tradition démocratique plus que centenaire et n’a jamais connu d’alternance qui ne soit l’œuvre d’hommes du sérail.
Là où en France, Emmanuel Macron doit, en partie, son succès au vote des primo-inscrits qui représentait, en 2017, 7,4 %, sous nos cieux, l’impressionnant nombre d’électeurs qui s’est ajouté au fichier entre 2016 et 2018 (sous réserve du taux de retrait, à ce jour, de 92%) ne se traduit pas en termes de rupture dans les habitudes électorales.
Ainsi, malgré le nationalisme robespierrien autour de la découverte d’importantes ressources naturelles qui est de l’huile au coude des leaders émergents, Benno Bokk Yakaar, Manko Taxawu Senegaal et Wattu Senegaal, coalitions composées, pour l’essentiel, d’acteurs ayant blanchi sous le harnais, ont obtenu un pourcentage cumulé de 83% à l’occasion des dernières élections. On peut y ajouter les voix obtenues par des listes comme celles conduites par Me Aïssata Tall Sall, Aïda Mbodj, Modou Diagne Fada, Cheikh Tidiane Gadio et certains membres de la mouvance présidentielle qui avaient fait défection.
La seule surprise est venue du PUR, qui doit son rang de quatrième au fait d’être porté par le mouvement Moustarchidines Wal Moustarchidates. Chez Ousmane Sonko, qui était pressenti capable de séduire les primo-inscrits, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. En outre d’avoir obtenu ses meilleurs résultats en Casamance, le patron de PASTEF doit une fière chandelle à son alliance avec l’imam Mame Mbaye Niang, qui avait pourtant obtenu 2 députés en 2012, en compétissant sur les mêmes listes que Oustaz Aliou Sall de Sud Fm.
Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, voire Boubacar Camara, et tant d’autres, ont la particularité d’avoir investi les réseaux sociaux pour se faire une base « virtuelle » loin des pestilences du clientélisme.
Pourquoi le miracle tarde-t-il à se réaliser alors que des statistiques de Internetworldstats, datant de juin 2016, montrent que le pays de la Teranga compte plus de 2.300.000 utilisateurs Facebook soit, 16 % de la population, estimée à 15 millions de personnes ?
Certes le rapport trimestriel, publié en octobre 2017 par l’Observatoire du marché des télécommunications, indique que le taux de pénétration d’Internet au Sénégal s’établit à 60,58%, toutefois, le taux d’analphabétisme estimé à 54, 6 % en 2017, si on en croit la directrice de l’Alphabétisation et des Langues nationales, Ndèye Nam Diouf, ne rend pas assez audible le discours des personnalités précitées. Pire, 67,3% des analphabètes sont des femmes et ces dernières constituent un précieux vivier électoral pour les partis traditionnels qui ont fondé leur ascension politique sur le clientélisme et le vote affectif.
En définitive, il faudrait rechercher les causes de la débâcle des néophytes dans leur division. Puisqu’il y a plusieurs VOIX qui se réclament de la Troisième VOIE. C’est en expérimentant le modèle de la « candidature unique » que ces leaders émergents pourront faire la différence en 2019.