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Le 16 mars, 2018
- Le parquet général d’Afrique du Sud a annoncé vendredi la relance attendue des poursuites contre l’ancien président du pays Jacob Zuma dans une vieille affaire de corruption, un mois après sa démission sous la pression du parti au pouvoir.
«Après examen de l’affaire, il y a des chances raisonnables de poursuivre avec succès M. Zuma», a déclaré le procureur général du pays Shaun Abrahams devant la presse.
«Un procès me semble la voie la plus adéquate pour régler cette affaire», a-t-il ajouté.
- Zuma, qui est accusé de corruption et de fraude, est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin notamment de la société française d’armement et d’électronique Thales, en marge d’un contrat de plus de 4 milliards d’euros signé en 1999.
- Abrahams a précisé avoir notifié ces charges à l’intéressé qui a «nié toutes les accusations portées contre lui». Cette affaire menace M. Zuma et tient en haleine l’Afrique du Sud depuis de nombreuses années.
Ce dernier rebondissement intervient presqu’un mois jour pour jour après la démission de Jacob Zuma de la présidence du pays le 14 février, à l’issue d’une longue opposition avec le nouveau chef du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, Cyril Ramaphosa.
- Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités, a succédé à M. Zuma à la tête du pays.
Dans l’affaire Thales, l’ancien chef de l’État est soupçonné d’avoir perçu des commissions de la part de deux filiales sud-africaines du groupe français, versées sur compte par son conseiller financier de l’époque, Schabir Shaik.
- Shaik a été condamné à quinze ans de prison en 2005.
Ce dossier prend alors un tour très politique. Dès 2005, le président Thabo Mbeki s’en saisit pour limoger son rival Jacob Zuma, à l’époque son vice-président, inculpé de corruption.
Saga judiciaire
Ces poursuites sont annulées une première fois par la justice, faute de preuves.
- Zuma prend alors sa revanche politique fin 2007 en raflant la présidence de l’ANC à M. Mbeki. Mais il est à nouveau inculpé dans cette affaire dix jours plus tard.
Beaucoup enterrent alors ses ambitions présidentielles. Jusqu’à ce que, nouveau coup de théâtre, un juge décide en 2008 d’invalider, pour vice de forme, son inculpation.
Quelques mois plus tard, Jacob Zuma est élu chef de l’État. L’affaire semble alors définitivement enterrée.
C’est sans compter sur la hargne du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), qui réussit, avec des enregistrements téléphoniques, à prouver la réalité de pressions politiques sur les magistrats en charge de l’affaire.
En avril 2016, coup de théâtre, un tribunal de Pretoria ordonne le rétablissement des charges retenues contre M. Zuma. La Cour suprême d’appel confirme en octobre dernier son jugement et renvoie la balle dans le camp du procureur Abrahams.
«La justice doit non seulement être rendue mais aussi être considérée comme avoir été rendue. J’ai conscience que tout le monde est égal devant la loi», a commenté vendredi le magistrat en annonçant sa décision.
«C’est une victoire pour tous ceux qui ont combattu pendant des années pour que Jacob Zuma rende des comptes», s’est félicité le chef de la DA, Mmusi Maimane.
Mis en cause depuis des années dans de multiples scandales de corruption, M. Zuma a jusque-là toujours réussi à passer au travers des mailles des multiples filets judiciaires que ses adversaires ont tendus sur son chemin.
À une exception près. En 2016, il a été contraint de rembourser une partie des travaux de «sécurité» financés par l’argent du contribuable dans sa résidence privée de Nkandla (est). Environ 500 000 euros sur les 20 millions engagés au total.
Depuis son arrivée à la tête de l’ANC en décembre puis du pays le mois dernier, le nouveau président Ramaphosa a promis de tourner la page de la corruption des années Zuma.
Auteur: journaldemontreal.com