15 mars 2018
Séoul (AFP) – L’ancien chef de l’Etat sud-coréen Lee Myung-bak a reconnu avoir reçu pendant son mandat 100.000 dollars de fonds secrets des services de renseignements lors d’une audition marathon sur des accusations de corruption, a rapporté jeudi l’agence Yonhap.
- Lee, 76 ans, est rentré chez lui jeudi après avoir été entendu plus de 21 heures durant par le parquet. Il est le dernier ex-président du pays encore en vie à avoir maille à partir avec la justice.
Le parquet le soupçonne d’avoir accepté des millions de dollars de pots-de-vin.
Il a démenti la plupart des accusations de corruption mais a reconnu avoir perçu des fonds secrets en dollars américains du Service national du renseignement (NIS) par l’intermédiaire d’un collaborateur, a rapporté Yonhap, citant une source au parquet.
« Le président Lee dément la majorité des accusations », a déclaré cette source à Yonhap. Mais « il reconnaît avoir reçu 100.000 dollars ».
Au total, il est soupçonné d’avoir perçu de la part du NIS 1,7 milliard de wons (1,6 million de dollars).
Interrogé par l’AFP, le parquet s’est refusé à tout commentaire.
Il est probable que le parquet va demander à un tribunal d’émettre un mandat d’arrêt contre l’ancien président dans les jours qui viennent.
- Lee, qui a présidé aux destinées de la Corée du Sud entre 2008 et 2013, avait fait savoir par avance qu’il considérait cette enquête comme une « vengeance politique ».
L’enquête porte entre autres sur le groupe Samsung, qui est soupçonné d’avoir acheté le pardon présidentiel dont avait bénéficié en 2009 son président Lee Kun-hee, alors condamné pour évasion fiscale.
Le premier conglomérat sud-coréen comme l’ex-président rejettent ces accusations.
- Lee est aussi accusé d’avoir accepté 2,2 milliards de wons de la part de l’ex-directeur général du groupe Woori Financial Lee Pal-sung pour l’aider à obtenir le poste.
Il est soupçonné également d’avoir détourné des millions de de dollars dans les caisses de DAS, entreprise de pièces automobiles enregistrée aux noms de membres de sa famille mais qu’il posséderait en sous-main.
En Corée du Sud, les présidents ont tendance à se retrouver en prison une fois partis du pouvoir, bien souvent à la suite d’une alternance politique.
L’ex-présidente conservatrice Park Geun-Hye, qui avait succédé à M. Lee, attend actuellement derrière les barreaux le verdict de son procès dans un retentissant scandale de corruption. Trente ans de réclusion ont été requis contre elle.
Le prédécesseur de M. Lee, Roh Moo-hyun, de centre-gauche, s’était suicidé après avoir été entendu sur des accusations de corruption en 2009.
Lorsque le pays s’est démocratisé dans les années 1990, l’ancien dictateur Chun Doo-hwan et son ami et successeur Roh Tae-woo avaient été condamnés respectivement à la peine de mort et à la perpétuité pour leur rôle dans un coup d’Etat militaire en 1979 et pour avoir reçu des centaines de millions de dollars de pots-de-vin.
Leurs sentences avaient été allégées par la suite avant qu’ils ne soient graciés.