M6info2 avril 2018
L’ancienne épouse de Nelson Mandela est morte à l’âge de 81 ans, a annoncé lundi son entourage.
Winnie Mandela, ancienne épouse de Nelson Mandela, est décédée à 81 ans à l’hôpital Milkpark de Johannesburg, annonce son entourage. Militante de la lutte anti-apartheid, surnommée “mère de la nation”, elle avait épousé Nelson Mandela en 1958, soit 6 ans avant son emprisonnement.
Durant les 27 années d’emprisonnement de Nelson Mandela, Winnie Mandela poursuit le combat anti-apartheid face au régime de la minorité blanche, et se retrouve emprisonnée, astreinte à domicile.
Séparés deux ans après sa sortie de prison
Winnie ne s’était guère émue de cette séparation. “J’étais mariée à l’ANC. C’est le meilleur mariage que j’ai jamais fait”, disait-elle souvent en évoquant ses décennies de lutte contre le pouvoir blanc au sein du Congrès national africain (ANC).
Dans les dernières années de sa vie, l’image de Winnie dans l’opinion publique sud-africaine était de plus en plus éloignée de celle de la militante qui avait accueilli, point levé, Nelson Mandela à sa sortie de la prison de Robben Island en 1990 après 27 ans de lutte sans compromission contre le pouvoir blanc.
Dure avec son mari
Considérée à la libération de “Madiba” comme la “mère” de la nouvelle Afrique du Sud, elle avait rapidement vu son aura décliner en raison de son caractère intransigeant et de ses méthodes brutales.
Rejetant la politique de réconciliation adoptée par Nelson Mandela pour construire un pays stable et multiculturel, la fameuse “nation arc-en-ciel”, elle n’avait pas de mots assez durs pour son ex-mari dont elle disait en 2010: “Lorsqu’il est entré en prison, c’était un bouillant jeune révolutionnaire, regardez ce qui en est sorti…”
Un mode de vie extravagant
A l’inverse de son mari, Winnie Mandela n’a pas su prendre le virage de la fin de l’apartheid. Empêtrée dans les affaires judiciaires et politiques, critiquée pour son mode de vie jugé extravagant, elle n’a dès lors plus fait la “Une” des journaux que pour de mauvaises raisons.
La page de l’oppression par la minorité blanche refermée, les dérives du mouvement de libération noire ont aussi refait surface, en particulier la brutalité des hommes de main du “Mandela United Football Club” (MUFC) dans la cité noire de Soweto pendant les dernières années de l’apartheid.
De graves accusations
Accusée d’avoir fait assassiner le militant anti-apartheid Stompie Seipei, retrouvé la gorge tranchée près de sa maison de Soweto, la “mère de la nation” déchue avait été condamnée à six ans de prison en 1991 pour avoir enlevé et agressé un adolescent de 14 ans qu’elle soupçonnait d’être un informateur. Sa peine avait finalement été réduite en appel à une simple amende.
Lors de sa comparution devant la Commission de la vérité et de la réconciliation (CVR) mise en place pour tourner la page de l’apartheid, Winnie Madikizela-Mandela n’avait pas exprimé de remords pour les enlèvements et les meurtres commis en son nom. Pressée par le président de la CVR, l’archevêque Desmond Tutu, elle avait seulement concédé que “les choses avaient très mal tourné”. Elle avait plus tard qualifié le lauréat du prix Nobel de la paix en 1984 de “crétin”. La CVR l’avait finalement jugée “politiquement et moralement responsable des graves violations des droits de l’homme commises par le MUFC”.
Des soupçons de corruption
En 1995, trois ans après leur séparation et un an après son élection à la présidence de la République, Nelson Mandela avait dévoilé un autre aspect de la personnalité de son ex-épouse en l’écartant de son gouvernement pour des soupçons de corruption.
Huit ans plus tard, elle avait été condamnée à cinq ans de prison pour vol et fraude aux prêts bancaires, avant de voir sa peine une nouvelle fois annulée en appel. “On dirait que quelque chose a mal tourné”, avait déploré le juge en lisant son verdict. “Vous devriez être un exemple pour nous tous.”
Dans un entretien accordé en 2010 à un journal britannique, Winnie Madikizela-Mandela avait donné sa réponse: “Je ne regrette rien. Je ne regretterai jamais rien. Si c’était à refaire, je referais tout exactement de la même manière. Tout.”