11/04/2018
François Hollande et Martine Aubry à Lille, le 22 novembre 2014. – Philippe Huguen – AFP
Martine Aubry a fait tomber son jugement sur le livre Les leçons du pouvoir publié ce mercredi par François Hollande, dans les colonnes de La Voix du Nord. Si la maire de Lille n’a pas lu le livre de l’ex-chef de l’Etat en intégralité, elle a parcouru les bonnes feuilles de l’ouvrage et s’est arrêtée sur les passages la concernant.
La relation entre François Hollande et Martine Aubry a toujours été franche et ce n’est pas maintenant qu’ils prendront des pincettes l’un envers l’autre. Ce mercredi, Les leçons du pouvoir, le livre où François Hollande revient sur son quinquennat, est sorti en librairie.
Des souvenirs qui ne cadrent pas
Martine Aubry a fait savoir qu’elle ne le lirait pas mais a pris connaissance des bonnes feuilles du récit, parues dans L’Obs. Ce mercredi, la maire de Lille a livré ses réactions aux lignes la concernant auprès de La Voix du Nord. Ses propos se concentrent sur les souvenirs de l’ex-président de la République au sujet d’une rencontre avec elle en juin 2016. François Hollande a ainsi couché ses regrets sur papier: « Elle a le regard tourné vers la présidentielle. Elle m’assure de son soutien, si je me déclare, considérant que dans ma position je suis le candidat légitime. Je lui conseille d’en convaincre ses propres amis et de le déclarer le moment venu. J’attends toujours ».
Martine Aubry a une tout autre représentation de la scène:
« Vous ne connaissez pas le sujet », quand Jean-Jacques Bourdin reprend …
« Ce jour-là, nous ne nous sommes pas entretenus sur le fait de savoir s’il devait se représenter. C’est entre septembre et novembre 2016, qu’il m’a demandé mon avis à deux reprises. Je lui ai dit: ‘tu sais ce que je pense du quinquennat, mon opposition à beaucoup d’éléments de la politique que tu as menée, et les choses que je juge positives en matière de sécurité, d’éducation et de santé…' »
Aucune influence
En revanche, pour Martine Aubry, celui qui l’a précédée à la tête du Parti socialiste ne devait pas reculer au moment d’entrer en piste pour essayer d’aller chercher un second mandat. Elle explique lui avoir alors dit la chose suivante: « Quand on a été président pendant cinq ans, on se représente et on défend son bilan. C’est une question de courage et de morale. Et si tu ne le fais pas, Valls et Macron vont démolir tout ce que tu as fait. » Mais elle ajoute à présent: « Pour autant, jamais je n’ai dit que j’allais le soutenir. Il ne me l’a d’ailleurs jamais demandé ».
Martine Aubry avance avoir toujours été directe avec François Hollande, mais assure que ses conseils sont restés vains: « Il en faisait ce qu’il voulait et il en a fait ce qu’il en a voulu: il ne m’a jamais écoutée. Mon influence a été nulle! »
« Un livre d’autojustification » pour Aubry
François Hollande estime que les « frondeurs » ont été au moins en partie la cause de son échec. Martine Aubry réplique en déclarant qu’elle ne s’est opposée publiquement à sa politique qu’au moment de la controverse sur la déchéance de nationalité « parce que cela allait à l’encontre de nos valeurs et de nos convictions ». De plus, elle rappelle que les députés proches d’elle n’ont pas voté la motion de censure proposée en mai 2016.
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Enfin, elle donne le fond de sa pensée sur la démarche livresque de François Hollande:
« Tout ce qu’il écrit est totalement ridicule et contradictoire. À la fois il dit qu’il a perdu à cause des frondeurs censés être proches de moi et qu’il attendait mon soutien. On ne peut pas rejeter la faute sur quelques individus de son parti. Je pense que c’est un livre d’autojustification dans lequel s’exprime, à l’évidence, une certaine aigreur. C’est attristant. »