01/05/2018
De l’Allemagne à Notre-Dame-des-Landes en passant par les sommets internationaux, ils se font remarquer par la violence.
ANARCHIE – Le préfet de police et même Edouard Philippe les ont pointé du doigt après les débordements (voir la vidéo ci-dessus) survenus ce mardi 1er mai à Paris en marge du défilé des syndicats. Un peu plus d’un millier de black-blocs, dont 200 ont été interpellés, ont été reconnus coupable des dégradations.
Alors que Jean-Luc Mélenchon a dénoncé l’action « sans doute de bandes d’extrême droite » et que Marine Le Pen ou Eric Ciotti ont appelé à la dissolution de ces « milices d’extrême gauche » ou « groupuscules d’ultra gauche », il semble que la réalité soit plus proche des explications données par les derniers. Car ce n’est pas la première fois que les autorités sont confrontées aux agissements de ces personnes; bien qu’il soit difficile de dire avec précision qui sont les black blocs, on commence à avoir un peu de recul.
Lors du précédent quinquennat, Manuel Valls avait notamment dénoncé leur violence lors de manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en 2014 avant qu’ils ne resurgissent lors des manifestations contre la loi El Khomri. « Cette violence venant de cette ultra-gauche, de ces ‘black blocs’, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers, est inadmissible et elle continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’Etat », avait tonné le ministre de l’Intérieur sans qu’il puisse dissoudre ces groupes comme le réclament aujourd’hui la droite et l’extrême droite.
« Anticapitalistes, anarchistes… »
« Les black blocs forment, dans les manifestations, des groupes éphémères, dont l’objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable, expliquait alors Pierre-Henry Brandet, qui était le porte-parole du ministère de l’Intérieur. C’est la raison pour laquelle ces individus portent des vêtements noirs ou très sombres, ce qui rend difficile le travail d’identification et d’interpellation. Ils s’habillent ainsi au dernier moment et changent immédiatement de tenue une fois les exactions terminées. »
En France, « autour d’un millier» de personnes feraient partie de la mouvance plus large des « autonomes » -dont sont issus les black blocs- estimait encore à l’époque Rémy Piperaud, auteur d’un mémoire sur le sujet à l’université Versailles-Saint-Quentin. « Le refus du principe de représentation est l’un des rares éléments idéologiques fédérateurs » du mouvement « constitué essentiellement de squatteurs et d’étudiants », analyse-t-il.
« Ils sont anticapitalistes, écologistes radicaux, anarchistes, généralement anti-Etat, ce qui les place à l’extrême gauche de l’échiquier politique, abonde dans Les Inrocks Francis Dupuis-Déri, auteur du livre Les black blocs, la liberté et l’égalité se manifestent. Cependant selon les pays ils n’aiment pas ces étiquettes, car elles peuvent faire référence à des forces politiques dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas. » Pour preuve, à l’automne dernier, ils s’en étaient pris à un meeting que Jean-Luc Mélenchon organisait place de la République. A cette occasion, l’un d’entre eux avait échangé avec un militant insoumis pour expliquer son mode d’action.
Made in Allemagne
Pierre-Henry Brandet rappelait qu’ils participent plus largement à « tous les combats alter-mondialistes violents ». C’est pour cela qu’on les retrouvait encore récemment à Notre-Dame-des-Landes. Mais ils sont présent en Europe et dans le monde.
Il faut remonter aux années 90 pour remonter leur trace. Les black blocs avaient notamment causé des incendies et des dégradations en marge du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999, lors du G8 à Gênes en 2001 ou du sommet de l’Otan en 2009 à Strasbourg et à Kehl (Allemagne).
C’est outre-Rhin qu’il faut aller pour trouver leurs origines. Leur tactique est en effet issue du mouvement autonome allemand des années 1980. Ces groupuscules opèrent alors sous le nom collectif de « Schwarzer Block » (« Bloc noir ») : vêtus de noir, ils portent masques et capuches pour éviter d’être identifiés par la police. Par extension, les groupes les plus virulents de militants anarchistes ou autonomes au sein des manifestations en marge de sommets internationaux ont été baptisés black blocs par les policiers.