A droite, plusieurs cadres des Républicains sont persuadés que la politique de droite de Macron n’affaiblira pas leur parti.
La formule d’un ancien président de l’UMP en dit long sur l’état d’esprit du moment : « Emmanuel Macron est le président de droite qu’on n’attendait pas », répète Jean-François Copé. Entre lucidité et fatalisme, le chantre de la « droite décomplexée » met les pieds dans le plat. Quitte à saper le travail du patron de LR, Laurent Wauquiez, dont les assauts contre la politique du chef de l’Etat n’ont pour l’heure aucun écho dans l’opinion.
LIRE AUSSI >Un an à l’Elysée : Emmanuel Macron droit sur son cap
« Les sondages ? Quels sondages ? », évacue, sourire gêné, un permanent de la rue de Vaugirard (XVe), tandis que Wauquiez lui-même préfère faire la sourde oreille quand il découvre les mauvais chiffres : 8 % d’intentions de vote si la présidentielle avait lieu aujourd’hui (Ifop), et seulement 20 % des sympathisants LR pensant qu’il ferait mieux s’il était au pouvoir (Ipsos-Steria). « J’ai été élu pour redresser un parti qui en a bien besoin, je tiens mon cap. Le reste ne m’intéresse pas », tranche-t-il, persuadé que son discours très droitier finira par payer.
Beaucoup misent sur un possible effet de déception
Mais quand ? A un an des élections européennes, où le match pourrait se focaliser entre Macron d’un côté et les extrêmes de l’autre, et à deux ans des municipales où la droite remet en jeu un nombre considérable de villes, les Républicains savent que le danger est grand. « Si les Européennes sont une claque, alors l’hémorragie va s’accélérer. Un paquet de maires va prendre peur et chercher des alliances avec En Marche ! pour les municipales », redoute un ténor du parti.
D’autres sont persuadés que rien n’est joué. « La droite a toujours existé, elle reviendra, c’est mécanique », se rassure-t-on, en rappelant qu’en 2014, en pleine guerre Copé-Fillon, « tout le monde pariait sur l’implosion du parti. Résultat à l’arrivée ? Une vague bleue aux municipales ! ».
Surtout, beaucoup misent sur un possible effet de déception à l’égard du pouvoir en place. « Moi, quand je suis en réunion publique et que je demande en quoi Macron a changé le quotidien des gens, personne n’est capable de m’apporter la moindre réponse », jure la députée de Savoie Virginie Duby-Muller.
Les totems revendiqués par LR
« On dit que Macron ferait une politique de droite. Mais une politique de droite, ce n’est pas une politique qui continue d’augmenter la dépense publique, comme il le fait », tranche la porte-parole de LR, Lydia Guirous, tout en pointant « les failles du chef de l’État sur l’immigration, le communautarisme, la défense de la laïcité et celle des classes moyennes », autant de totems revendiqués par LR.
Pas question, donc, de laisser penser que les Républicains seraient déjà morts. « On peut comparer la folie Macron à la folie Obama, raconte un cadre : au début, Obama marchait sur l’eau, il a même eu le prix Nobel de la paix ! Mais au final, c’est Trump, et une droite encore plus dure, qui lui a succédé… ».